Article par Alexandre Filitti et Jérémy Marie
Craft CTM Ultra (160€)
Introduction
Alexandre
Mes expériences passées avec les équipements Craft étaient dans le cyclisme où leurs cuissards à bretelles sont parmi les meilleurs (et les plus protecteurs). J'étais donc enthousiasmé par l'idée de tester leur gamme de chaussures et de vêtements CTM également. J'espérais les mêmes produits axés sur la qualité avec ce que j'appellerais l'attention suédoise aux détails que j'avais découverts dans leurs produits de cyclisme. Et je n'ai pas été déçu ! Plus d'informations sur la chaussure ci-dessous, mais même la boîte à chaussures est plus belle et plus solide que la plupart des boîtes à chaussures sur le marché. Les détails de la marque CTM dans une police argentée sont des incitations supplémentaires à ouvrir la boîte et à sortir directement pour courir.
Jeremy
Tout comme Alex, Craft était pour moi plutôt synonyme de “vêtement” que de “chaussure”. Une de mes première couche favorite en hiver est d’ailleurs une Craft (Active Extreme) que j’utilise énormément chaque hiver, depuis 6 ans maintenant, que ce soit en course, en vélo, ou en ski. “Droit au but”, sans fioriture, j’aime l’approche de la marque scandinave qui ne noie pas ses produits sous des tonnes de termes marketing. Le design est simple (pas simpliste!) , efficace, et...ça marche! Le tout à des prix contenus. C’est une approche que j’aime, de design par la fonction, et qui colle bien avec le proverbe (suédois je crois bien): “Parle moins, dis plus”.
J’ai appris par hasard que Craft élaborait une paire orientée performance pour les longues distances en suivant Tommy Rivs sur les réseaux sociaux. Tommy est un coureur élite américain, ambassadeur de Craft, qui a contracté une grave maladie i ly a maintenant...un an je crois, stoppant net sa carrière. Et en dépit de cela, Craft est restée associée à cette athlète, sortant une série de vêtements dédiés afin d’apporter de l’aide à sa famille. Je trouve que cela en dit long sur la philosophie de Craft et la considération apportée à leur athlètes.
La publication des spécifications de la chaussure a rapidement attisé ma curiosité: faisant partie de la série CTM (Craft Tailored Motion) qui représente ce que Craft fait de mieux, les chaussures ont clairement assumé leur statut avant même l’ouverture de la boite, celle-ci étant d'une qualité rarement vue, tout en conservant une sobriété très scandinave.
Pros et Cons
Pour:
Alex/Jeremy Empeigne légère et très respirante offrant beaucoup de place aux orteils
Alex/Jeremy Géométrie “rocker” agréable et pas trop prononcée avec une expérience globale étonnamment stable et protectrice
Jeremy: Les petites crampons efficaces sur les chemins secs
Jeremy: semelle de propreté excellente, apportant beaucoup au confort
Jeremy: Une foulée fluide, souple, sans contrainte.
Contre:
Alex/Jeremy Incohérences de pointures entre les guides UE et US : optez pour votre pointure US ou la demi pointure EU en moins
Alex: Talon très souple et flexible, le maintien n'est pas mauvais mais pourrait certainement être amélioré
Jeremy: La semelle externe est une savonnette sur sol mouillé, c’est limite dangereux!
Statistiques
293g en taille 45 (US11), 286 en 44.5 (US10.5), 40mm d’épaisseur de semelle au talon, 30mm à l’avant soit un drop de 10mm
Disponible dès à présent en Europe
Tester Profile
Alex est un duathlète (AG 25-29) qui s’entraîne principalement sur route et piste. Il s’aventure parfois sur trail, principalement lorsqu’il est en période de coupure. Ses RP sont de 16:25 (5K), 34:00 (10K) et 2h50 (42K, Berlin 2019), et son volume hebdomadaire moyen oscille entre 50 kilomètres en coupure jusqu’à 80 kilomètres en phases de préparation avant des compétitions majeures (30 à 60 miles). Il mesure 183cm et pèse 67kgs.
Jeremy est un trailer/coureur/triathlète. Il a débuté la course depuis 2013 en passant rapidement sur les trails, principalement des ultras depuis 2015 : TDS, Maxi-Race, “100 miles du Sud”, 90kms du Mt Blanc, GRP 120kms, Quelques courses plus courtes et rapides, (Saintelyon 45kms, Ecotrail Paris 45kms…) en mixant toujours course sur route et sentiers ou montagne, sans mettre beaucoup de dossard sur route. Allure pour les sorties cools ~4’45/km - 4’30/km . Depuis 2018, il se met (ou essaie!) au triathlon, en visant plutôt les longues distances.
Premières impressions
Alex: Comme souvent avec une paire neuve, la première chose que j'ai faite a été d'enlever la semelle de protection, une œuvre d'art en soi. Elle est très épaisse et a une texture "bullée" sur le dessous.
Elle est super molle et agréable mais aussi lourde (43g la semelle de protection !). Cette semelle d’hygiène a en soi un impact sur l’expérience de course, en ajoutant une couche supplémentaire d’amorti entre le pied et la semelle intermédiaire.
Les tableaux de pointures Craft ne sont pas nécessairement similaires à ceux d’autres marques et ma paire de test était une demi-pointure trop grande. Les premières impressions furent donc celles d’une chaussure très longue, avec une boîte à orteils super spacieuse et un mauvais maintien du médio-pied et du talon. Après avoir essayé quelques combinaisons, j'ai opté pour mes semelles podologiques en EVA et des chaussettes plus épaisses qui ont réduit la sensation de flottement dans la chaussure. A part ça, la chaussure est conforme à mes attentes en termes de qualité et de soin apporté aux détails.
Jeremy:
Ma première réaction à la vue des chaussures a été: “Wow elles sont énormes!” L’épaisseur de la semelle, le chanfrein au talon, l’appendice de semelle au talon, la largeur de l’avant-pied...je me demandais vraiment quelle était l’idée directrice derrière ce design. Une fois en main, elles se sont avérées plus légères que ce que à quoi je m’attendais. Pesant autour de 290g en 44.5, elles restent plutôt légères pour une telle épaisseur d’amorti et une semelle externe plutôt fournie.
Comme les photos le montrent, la tige particulièrement fine et aérée n’est pas pour rien dans le maintien d’un poids contenu.
Attention aux différences de pointures US/EU sur les modèles de Craft. Je porte habituellement un 10.5 US, qui généralement correspond à un 44.5 EU...pointure que Craft m’a envoyée...mais qui correspond à un 11US...et donc 29cm de longueur. La chaussure est du coup un peu trop longue, compromettant légèrement le maintien. Problème arrangé en utilisant des chaussettes d’épaisseur moyenne (merci la tige ultra-aérée pour éviter de cuire!) et en utilisant le dernier passant de lacets. Fiez-vous donc aux pointures US et leur correspondance en centimètres pour éviter les surprises.
La semelle de propreté est l’une des plus travaillées et épaisses que j’ai pu voir jusque maintenant. Pesant un peu plus de 40g, elle apporte indéniablement un surplus d’amorti et de confort, et surtout un “confort d’accueil” très plaisant au contact du pied. La couche d’amorti plus ferme de la semelle intermédiaire est donc “estompée”, sans que cela ne change sa réactivité. Cette semelle doit même pouvoir apporter un surcroît de confort à des chaussures que l’on trouverait trop fermes.
Tout comme pour leur ligne de vêtement testée ici , l’étiquette est située à un endroit inhabituel...et comme pour ces derniers, je ne saurai que trop conseiller de la couper pour éviter toute gêne.
Adeptes des chaussures larges, bienvenue! La Craft CTM Ultra offre un généreux volume depuis le coup de pied jusqu'à l’avant pied. Je suis pourtant fan des chaussants spacieux, qui ne contraignent pas trop le pied, je suis quand même à la limite là, probablement pas aidé par la demi-pointure de trop. J’ai donc dû passer un peu de temps au départ à bien ajuster le laçage de bas en haut, et utiliser le dernier œillet, afin d’assurer un maintien satisfaisant sans occasionner de point de pression.
J’imagine que les personnes préférant un chaussant très proche du pied et un maintien plus marqué, ou ceux ayant les pieds plus fins, pourraient avoir des difficultés à se sentir bien dans cette CTM Ultra.
Quoiqu’il en soit, après cela, je n’ai eu aucun souci à ajuster le chaussant à mon gout sans devoir trop serrer les lacets. Ne reste clairement sur un maintien plutôt "relâché" que “performance”, mais cela me convient bien, j’avais déjà apprécié cette approche sur la Salomon S/Lab Phantasm.
L’empeigne
Alex: L'empeigne en monomesh est extrêmement légère, respirante mais aussi souple et peu “structurée” (comprendre: très flexible). Les couches supplémentaires placées à l’intérieur à l’avant s'ajoutent à la boîte à orteils déjà large et spacieuse car elles empêchent la tige de s'effondrer à l'avant de la chaussure. On trouve aussi des superpositions similaires de matière plastique autour des œillets pour un laçage plus sûr et plus précis. Autour du talon de l'intérieur, il y a du feutre (ou simili) qui aide certainement à maintenir le talon en place sans glisser. Le contrefort et le col du talon sont extrêmement doux et flexibles malgré les deux traversins latéraux.
Avec ma petite combine de changement de semelles et des chaussettes épaisses, j'ai réussi à obtenir un maintien plus que correct. La boîte à orteils spacieuse est agréable mais elle le serait certainement tout autant dans la bonne pointure. La tige s'enroule bien autour du pied, pas parfaitement, mais c'est probablement dû au matériau supplémentaire sur ma ½ pointure en trop. La plus grande surprise en termes de maintien est au niveau du talon et bien que certainement pas parfait, le maintien était très correct. Un peu plus de structure et deux plus gros traversins aideraient à avoir quelque chose de mieux. Le rajout de feutre à l'intérieur du talon a permis d'éviter des glissements et frottements.
Jeremy: Alex a bien décrit la tige de la chaussure, principalement faite d’un tissage monomesh très fin, souple, et particulièrement aéré. Il n’y a guère que le talon qui est doublé avec une sorte de feutre, qui a un peu plus de structure, mais qui permet aussi de retenir le talon en étant moins glissant que le reste du tissu. de l’empeigne.
Il n’y a pas d’inserts ni de doublures pour apporter plus de structure à ce tissage, ce qui risque de renforcer la sensation de manque de maintien pour les personnes aux pieds les plus fins.
La seule couture visible est celle qui permet de joindre la partie en feutrine du talon avec le reste de la tige. Aucun souci de frottement ici.
Comme je l’ai dit, cette matière permet d’apporter un maintien du talon presque inattendu tant il est flexible, et sans coque de renfort.
On a simplement une forme étroite, la matière qui a du “grip”, et deux petits coussinets qui viennent se positionner de part et d’autre du tendon d’achille pour assurer le maintien. J’avais déjà rencontré, et apprécié, ce type de construction sur la S/Lab Phantasm, en un peu plus efficace (le chaussant était un peu mieux ajusté). En dépit de la ½ pointure de trop, je n’ai pas rencontré de souci de tenue du pied, ni de glissement dans les pentes.
La languette est construite en soufflet “partiel” et est plutôt élastique. Elle tient parfaitement en place, et a une épaisseur suffisante pour protéger le coup de pied de la pression des lacets. Elle reste de plus très aérée grâce à une combinaison de perforations de tailles différentes.
Malgré une tige très...minimale, sans renforts de structure, et un volume plutôt conséquent (comprendre: un fit pas ajusté près du pied), je n’ai pas eu de souci de maintien du pied, que ce soit au niveau du coup de pied sur les séances plus rapides ou dans les virages, ni du talon dans les séances avec des côtes.
L’avant-pied est très généreux, on s’y sent bien, les orteils ont de la place, même après de nombreux kilomètres.
Cette souplesse et l’absence de maintien très marqué pourront être clivants, mais personnellement je trouve cela tellement agréable que je troque volontiers un soupçon de maintien contre cette liberté.
Bien que la CTM Ultra soit présentée comme une hybride route/trail, je ne m’aventurerai pas sur des chemins trop techniques avec, la combinaison de la tige minimale et de la hauteur de semelle n’étant pas idéale pour ce type de terrain.
Semelle intermédiaire
Alex: Avec un drop de 10 mm et une hauteur de semelle de 40 mm dans le talon, la CTM Ultra a des caractéristiques assez rares sur le marché. Le matériau EVA de la semelle intermédiaire est ferme et dense et ressemble à la semelle intermédiaire DNA Flash de la gamme Hyperion de Brooks, bien qu'un peu plus souple (bien sûr, la forme du talon contribue également à faire le lien avec la Hyperion Elite). Les dimensions de la semelle intermédiaire ne sont pas seulement intéressantes en termes de hauteur mais aussi en termes de largeur. L'avant-pied est très large mais le médio pied et le talon sont beaucoup plus étroits (ce que d'ailleurs je n'ai pas remarqué niveau confort et expérience de course).
Après avoir terminé cet article, j'étais encore un peu curieux de savoir comment Craft avait réussi à inclure cette expérience de course assez douce et amortie avec sa semelle en EVA. Un rapide coup d'œil sur leur site Web américain m'a fait comprendre que celui de l'UE était exactement le même sauf pour une ligne des caractéristiques: “matériau de l'insert dans la semelle intermédiaire en mousse de voûte : PEBA”. Car oui, il y a un insert et le site européen de Craft dit qu'il est également fait de mousse Vault EVA. Alors oui, j'ai trouvé qu'il y avait un insert PEBA dans cette chaussure, sous la doublure en TPU et au-dessus de la mousse Vault elle-même (dans ce renfoncement où la version avec plaque carbone, la CTM Carbon Ultra, abrite à la fois un insert PEBA et la plaque de carbone).
Image: La CTM Carbon Ultra avec la plaque carbone que la CTM Ultra n’a pas mais on voit ici l’insert en PEBA sous la semelle de protection.
Et cela explique tout : l’amorti plaisant, la sensation à la fois protectrice et énergique et une chaussure globalement stable. Bravo Craft!
Voir ci-dessus et ci-dessous les largeurs de talon par rapport à la Nike Invincible.
La semelle intermédiaire est également dotée d'une bascule (rocker) relativement prononcée et bien sûr de ce talon très biseauté.
Jeremy: Avec une stack de 40mm au talon et 30mm à l’avant-pied, c’est de loin la chaussure la plus haute dans laquelle j’ai pu courir. C’est une semelle vraiment très épaisse, large, impression que l’appendice au talon de près de 1cm amplifie encore. Avec une telle hauteur, une tige aussi souple et un talon qui semble étroit, je craignais vraiment me retrouver avec une chaussure très instable.
Alex a parfaitement décrit la composition de la semelle, qui n'est pas qu’une simple couche de mousse très épaisse, mais une habile combinaison de Vault Foam et d’un insert. Cette partie est plutôt un peu ferme, mais l’excellente semelle de propreté en TPU apporte ce qu’il faut de douceur et de moelleux au pied pour estomper cette sensation.
Je partage totalement le ressenti d’Alex: la course est dynamique, amortie, plutôt ferme mais jamais dure. L’absence de plaque carbone dans cette version permet de conserver un tantinet de flexibilité malgré l’épaisseur de semelle. Combiné à la bascule très marquée, il en résulte une foulée très fluide, un déroulé plutôt naturel.
Plutôt habitué aux drops plus faibles (0-8mm) je n’ai pas du tout été gêné par celui de la CTM Ultra, ni par l’épaisseur de la semelle qui ne se fait pas trop ressentir à la course.
Le caractère un peu ferme de la Vault Foam, et la largeur importante de l’avant pied participent pour beaucoup à la stabilité de la chaussure. Même en cherchant un peu plus à talonner dans des descentes rapides, j’ai trouvé le comportement toujours très sain, en dépit de l’apparente étroitesse du talon.
Semelle extérieure
Alex: La semelle extérieure est remarquable dans le sens où peu de chaussures de la catégorie ont des crampons aussi profonds (probablement 2/3 mm, sinon plus). La quantité de caoutchouc est peut-être excessive pour une chaussure de route, mais j'ai entendu de bonnes choses de la part des co-reviewers qui ont couru avec la paire sur des trails.
Jeremy: La semelle extérieure marque clairement l’orientation hybride route/chemins de cette chaussure, avec un dessin de crampons assez élaboré.
On retrouve trois formes différentes, avec des flèches en directions opposées, des petits points qui ne dénoterait pas sur une “racing flat” destinées aux 5-10km, et une sorte de “v” et de mini coupelles sur toute la partie avant:
Ces crampons font tous entre 2 et 3mm de hauteur, ce qui est plutôt costaud pour une chaussure de route. Toute la partie médiane est exempte de semelle externe, gagnant un peu de poids au passage.
Je ne les ai essayées qu’une fois sur des chemins secs (merci la météo!) et il n’y a pas grand chose à dire: c’est efficace!
Sur route sèche, cette substantielle semelle externe ne pose pas de problème. Elle ne “claque” pas, ni n’interfère avec la foulée.
Par ailleurs sa durabilité me semble excellente puisque je ne remarque aucune trace d’usure particulière sur ma paire.
Par contre, et c’est vraiment là le gros point noir de cette CTM Ultra: la semelle est une véritable savonnette sur asphalte mouillée. Et pas de chance, la météo exécrable en ce moment en France m’a permis de le vérifier à plusieurs reprises. Même sur une route plate, mais mouillée, je sentais la chaussure glisser sur la fin de la poussée...en ligne droite! Désagréable, et peu rassurant. Autant dire qu’au moment d’attaquer la descente sur le même revêtement, j’ai bien calmé l’allure et j’avais l’impression de courir sur des œufs.
Expérience de course
Alex: J'avais clairement prévu quelque chose de plus ferme et de moins agréable. L’expérience de course est en fait très agréable car la semelle intermédiaire est plus douce, plus protectrice et plus accommodante que ce que l'on pourrait imaginer en appuyant dessus grâce à l'insert en PEBA. La sensation de bascule est présente et bien qu'agréable, elle modifie un peu la foulée, ce qui conduit à une attaque un peu plus médio pour moi au lieu de mon attaque “naturelle” à l'avant-pied (c'est probablement pour tirer pleinement parti de cette bascule, et peut-être aussi à cause - ou grâce - au drop de 10 mm). Le talon ne semble pas du tout étroit ou instable et j'ai été surpris de voir à quel point il est étroit lorsque je l'ai mesuré.
La foulée est globalement très stable (confirmée par de faibles angles de pronation mesurés, quelques degrés en dessous de ma moyenne et parmi les valeurs les plus basses que j'ai testées) avec la semelle intermédiaire conçue de manière à ce que la pronation pour moi soit contenue dans cette chaussure. De plus, la tige non structurée n'a pas eu trop d'impact, et même si j'apprécierais un meilleur enveloppement autour du talon, cela ne rendrait probablement pas la chaussure plus sûre pour autant.
Jeremy: La CTM Ultra est ma première chaussure de course sur route “maximaliste”, avec un rocker prononcé couplé à une épaisse semelle intermédiaire. Et je dois avouer que malgré une certaine méfiance tant elle est éloignée de mes préférences habituelles, j’ai particulièrement apprécié ce modèle.
Le couple formé par la mousse Vault Foam plutôt ferme et réactive et l’insert en PEBA un peu plus moelleux fonctionne particulièrement bien. On ne s’enfonce pas dans cette couche massive de mousse, l’orientation est clairement celle d’une chaussure “pêchue”, active.
Le profil en bascule est assez prononcé, surtout au niveau du talon. N’attaquant que rarement autant en arrière, je dois dire que...je ne peux pas en dire grand chose. Par contre, la pointe légèrement relevée et le drop de 10mm font qu’une attaque medio-pied comme la mienne est superbement accompagnée au long du déroulé du pied, le tout sur un panel d’allures très large. J’ai pu l’utiliser depuis une allure d’endurance jusqu’à un rythme de 5k sans déceler de véritable faiblesse dans l’efficacité de la CTM.
La foulée est fluide, souple, bien accompagnée avec juste ce qu’il faut de flexibilité pour éviter de se sentir dans un carcan rigide.
Elle s’exprime le mieux sur les allures “tempo”, ces rythmes “faciles mais pas trop”, ou confortablement durs, entre les allures semi ou 15k et marathon en somme.
Sur ces intensités, on est réellement porté par la chaussure, j’ai pu dérouler sans peine sur une séance de 32kms à ce qui doit être une allure marathon pour moi ou pas loin. Sur ce genre de sortie, la protection énorme du pied permet de retarder la faitgue musculaire, les chocs étant filtrés à la fois par la couche de mousse, et par le déroulé naturel de la chaussure.
Cette alliance de réactivité et de protection, légèrement ferme, m’ont procuré une expérience de course vraiment très agréable, avec une stabilité hors norme sans pour autant se sentir contraint. L’empeigne particulièrement respirante n’est pas pour rien dans cette sensation, libérant réellement la partie haute du pied, la laissant respirer.
Tout cela ne me fait qu’encore plus regretter cette satanée semelle externe, bien trop glissante en conditions humides, au point de détériorer les appuis et la poussée.
Conclusion
Alex: Craft n'a pas déçu pour ma première expérience dans leurs chaussures de course! Ils avaient placé la barre haute pour moi avec leur équipement de cyclisme et la chaussure de course CTM Ultra n'est pas trop loin non plus de ces standard.
La qualité, l'attention portée aux détails et le design axé autour de l’expérience de l’utilisateur sont au rendez-vous et la CTM Ultra est un produit unique dans cette catégorie des super-chaussures (ou du moins des paires d’entraînement qui les accompagnent). La stabilité fut vraiment une bonne surprise (inattendue) et j'ai hâte de voir comment Craft développe les produits CTM au fil du temps, car ils commencent fort avec cette paire.
Note : 8,4/10
(Expérience de course : 9, comfort: 7.5, prix: 8, style : 9)
Jeremy: La CTM Ultra est une excellente surprise. Je ne savais pas trop à quoi m’attendre avec une chaussure si haute perchée, et j’ai au final beaucoup apprécié ce modèle que je choisis volontiers pour toutes les sorties longues avec des blocs d’allure dedans.
La tige minimaliste, aérée et ne proposant qu’un support minime est clairement un des bons points pour moi, bien que l'on soit vraiment à la limite d’un chaussant trop large.
Je pense qu’en ajustant un peu le chaussant pour proposer quelque chose de moins large au niveau du coup de pied, la Craft devrait convenir à plus de coureurs.
Mon gros coup de cœur vient de la semelle intermédiaire. Je ne pensais pas m’éclater autant avec une chaussure si haute, si protectrice...et pourtant! La course est fluide, souple, réactive, avec une fermeté adéquate pour cette épaisseur, protectrice pour encaisser des kilomètres. Je prends vraiment un plaisir monstre à dérouler sur des allures intermédiaires où j’ai vraiment l’impression d’avancer sans effort.
Reste ce souci de semelle externe bien trop glissante...il faudra regarder la météo avant de choisir de chausser la CTM!
Score: 8.4 /10
course: 9/10 confort: 7.5 (fonctionne bien pour moi, mais c’est très volumineux et avec un maintien très léger) prix: 7.5 style: 9
Comparaisons
Liste de tous les articles et avis parus sur RTR: HERE
Nike Zoom X Invincible Run (RTR Avis Français) (RTR Review - English)
Alex: Chaussures très différentes. La tige de l'Invincible est beaucoup plus structurée et rembourrée et la chaussure est plus maladroite (moins agile et précise). L'Invincible est cela dit plus amusante mais aussi plus risquée et je choisirais la CTM pour tout ce qui dépasse 6 mi/10 km indépendamment du rythme.
Hoka Mach 4 (RTR Avis Français) (RTR Review - English)
Alex: Je penche plus vers la Mach 4. Probablement parce que sa géométrie à bascule (rocker) fonctionne mieux pour ma foulée et aussi comme elle est un peu plus ferme, la Mach 4 me donne un peu plus de sensation de ressort. Les tiges sont presque à égalité et les deux languettes sont parmi les meilleures de 2021 : légères mais rembourrées et offrant un bel enveloppement. En termes de stabilité, les deux chaussures sont des choix solides pour les coureurs neutres à la recherche de talons stables.
Brooks Hyperion Elite 2 (RTR Review - English)
Alex: Cette comparaison est si évidente, principalement à cause de ce talon biseauté et de la forme générale de la semelle intermédiaire qui est vraiment similaire sur les deux chaussures. La tige est un peu (mais juste un peu) plus structurée sur la HE2 (surtout au niveau du talon) mais la différence est mineure. Bien sûr, la HE2 a une plaque en carbone et donc un rendu plus énergique. La Craft est un peu plus amortie mais peut-être aussi plus “naturelle” et pour la différence de prix, c'est un concurrent phénoménal contre la HE2 (ou un superbe compagnon d'entraînement pour les personnes qui courent dans la HE2 en compétition). Taille US normale pour les deux!
Saucony Triumph 19 (test RTR français, anglais)
Jeremy: Deux coups de cœur de ce début d’année me concernant. La Triumph est bien plus classique dans son approche, avec une épaisseur de semelle plus conservatrice, l’absence de rocker, et un chaussant qui conviendra à plus de monde: plus ajusté, avec un peu plus de maintien. La Triumph fonctionnera mieux sur les allures plus tranquilles, et les deux s’exprimeront à merveille sur les allures intermédiaires: la Triumph d’une façon plus souple, un peu plus tranquille et moelleuse, et la CTM avec plus de dynamisme, de fermeté. Ces dernières seront aussi plus efficaces sur les allures plus élevées.
J’ai véritablement un faible pour les Craft, mais c’est très personnel. Je pense que les T19 conviendront à plus de coureurs, en gagnant en moelleux et confort ce qu’elles perdent en dynamisme.
Puma Velocity Nitro (Test RTR français, anglais)
Jeremy: La Puma apporte plus de stabilité, plus de maintien avec son chaussant, et surtout un grip incomparable quelque soit les conditions. Elle n'est pas vendue comme telle, mais elle passera aussi bien que la Craft CTM sur les trails légers.
Mais la CTM est beaucoup plus engageante à courir: sa mousse est ferme mais jamais trop dure, là où la Puma commence à se faire sentir à cause de la couche d’EVA vers le talon qui éteint la Nitro Foam, comme on l’avait mentionné dans leur test. La tige de la Puma est plus enveloppante, plus proche du pied, mais elle pèse beaucoup dans la balance (sans compter en conditions humides où elle se comporte comme une éponge) et manque d’aération.
En dehors d’une sortie sur route mouillée, je trouve la Craft bien meilleure dans le domaine des chaussures “rapides et amorties”. Le déroulé du pied est plus plaisant, la course est plus fluide, moins “claquante”, elle est plus vivante...bref, beaucoup plus sympa à courir!
Les produits testé fourni gratuitement par Craft
Les avis exprimés sont ceux des auteurs et n’engagent que eux.
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