Article par Alexandre Filitti
Nike ZoomX Invincible Run Fk (180€)
Introduction
Il suffisait pourtant d’y penser! Alors que l’ajout de plaques en carbone sur les chaussures de course n’est plus une nouveauté, on se surprend à redécouvrir certaines choses...sans plaque carbone. Comme le ZoomX par exemple; cette mousse de semelle intermédiaire développée par la firme de Beaverton pour ses chaussures les plus performantes, et dont aucune chaussure “du quotidien” n’avait été intégralement équipée (la - trop souvent regrettée - Pegasus Turbo avait bénéficié d’un mélange de ZoomX et de React). C’est chose faite, et avec panache.
Pros et Cons
Pour:
Une sensation de course exceptionnelle
Grand confort
Amorti démesuré et rebond vivant
Expérience “fun”
Contre:
Avec un tel amorti, la foulée perd de son efficacité (mais peu importe au fond, voir plus bas)
Le prix
Statistique
321g en taille 45 (US11),
Tester Profile
Alex est un duathlète (AG 25-29) qui s’entraîne principalement sur route et piste. Il s’aventure parfois sur trail, principalement lorsqu’il est en période de coupure. Ses RP sont de 16:25 (5K), 34:00 (10K) et 2h50 (42K, Berlin 2019), et son volume hebdomadaire moyen oscille entre 50 kilomètres en coupure jusqu’à 80 kilomètres en phases de préparation avant des compétitions majeures (30 à 60 miles). Il mesure 183cm et pèse 67kgs.
Premières impressions
Quand on prend cette chaussure en main, la première chose qui vient à l’esprit est le mot “excessif”. Tout est excessif dès le premier regard: la quantité de gomme sur la semelle extérieure, les dimensions titanesques de la plateforme, les rajouts de protections autour du contrefort (mais pas que à l’intérieur pour protéger le talon, à l’extérieur aussi pour...et bien pour le visuel généreux!), et bien évidemment l’épaisseur de cette semelle intermédiaire en ZoomX. Le coloris de lancement est plutôt sobre et reprend les couleurs de la récente React Infinity 2 en les associant à d’autres éléments (on retrouve le vert néon de la semelle extérieure de la Infinity 2 sur le swoosh de la Invincible par exemple).
L’empeigne
L’empeigne est faite de Flyknit. Je me suis surpris à aller vérifier, et c’est pourtant même écrit sur la chaussure. Pourtant cette matière aurait pu porter un autre nom et cela n’aurait probablement dérangé personne tant elle diffère des Flyknit que Nike a pu nous proposer par le passé. Rien à voir par exemple avec le Flyknit élastique mais aussi compressif des Vaporfly 4% FK de 2018. Mais plus surprenant encore, rien à voir non plus (ou alors vraiment très peu) avec le Flyknit de la React Infinity 2 annoncée le même jour et sortie quelques semaines avant cette paire. Le Flyknit de l’Infinity était très légèrement extensible, voire élastique, fait d’une seule épaisseur - plutôt fine d’ailleurs, et renforcé par endroits d’un deuxième niveau de couture (mais que je n'appellerais pas une deuxième couche pour autant).
Sur l’Invincible, on trouve un Flyknit pas du tout élastique, vraiment épais et qui plus est doublé de l’intérieur par un tissu connecté à la languette (vert néon sur la photo ci-dessous). Il en résulte une tige vraiment épaisse, très confortable à mon sens et qui malgré les différentes épaisseurs ne vient pas gêner l’espace disponible au niveau de la boîte à orteils.
Cette construction généreuse (ou excessive?) se retrouve aussi au niveau de l’arrière et plus précisément du contrefort moelleux à souhait et rembourré y compris de l’extérieur (pour un aspect visuel encore plus démesuré).
On retrouve également un moelleux enveloppant au niveau de la languette qui épouse très bien le dessus du pied.
Cet empeigne aura probablement le défaut de respirer moyennement et sera sans doute pénalisé sous de fortes chaleurs mais il d’agit là de pure spéculation étant donné que mes tests furent réalisés en plein mois de Février.
Semelle intermédiaire
C’est là que se situe le coup de maître de Nike, et c’est en grande partie ce qui distingue cette chaussure de toutes ses concurrentes. L’épaisseur de ZoomX est ahurissante visuellement et dès les premiers pas (même en marchant) on découvre un confort, un amorti et une sensation vraiment peu comparables et assez déconcertantes.
A y regarder de plus près, le talon est particulièrement intéressant. Déjà par le dessin apposé sur la semelle intermédiaire en ZoomX, qui rappellera sans doute la semelle extérieure de l’Infinity. Des reflets nacrés en superficie seront visibles en fonction des angles de vue. Je ne me souviens pas d’avoir vu ces mêmes reflets nacrés sur les autres ZoomX (Vaporfly et Alphafly).
React Infinity 2 Invincible Run
A noter également l’arceau rouge qui enveloppe le talon autour du contrefort. Bien loin de la rigidité de l’arceau homologue de l’Infinity, il est également moins haut et plus court mais dispose, a contrario, d’une composante horizontale ce qui lui donnerait une forme de L si l’on venait à en faire une coupe transverse.
Si Nike a introduit l’arceau sur l’Infinity 1 de 2020 comme élément de stabilité, et comme argument marketing anti-blessures genoux, on peut s’interroger sur cette nouvelle forme. Si c’est une version améliorée de l’arceau original, pourquoi ne pas avoir mis le même sur la nouvelle Infinity 2? De même les différences de texture entre les deux versions me font penser qu’il s’agit ici d’un simple élément visuel, plutôt réussi au demeurant.
Le drop est de 9mm et bien que ma mesure ne corresponde pas à la hauteur de semelle comme mesurée par le fabricant, cela donne une bonne idée de l’épaisseur (et de la quantité) de ZoomX.
A noter également les dimensions ahurissantes non seulement verticalement mais aussi horizontalement. La largeur de la plateforme est impressionnante tant à l’avant du pied qu’au niveau talon. Cette chaussure n’est pas vendue pour sa stabilité et pourtant avec ces dimensions c’est une fonction qu’elle remplira parfaitement.
On peut également se pencher sur le petit arceau situé au dessus de la semelle intermédiaire autour du contrefort à l’extérieur de la chaussure.
Rappelons nous que cette pièce avait été introduite sur la React Infinity avec l’argument de renforcer la stabilité de chaussure (voir plus haut dans la partie sur la semelle intermédiaire).
J’ai été surpris de retrouver cette pièce ici mais dans une matière complètement différente.
L’arceau de l’Infinity est en plastique dur alors qu’ici il s’agit plutôt d’un plastique tendre, voire une espèce de gomme. Et l’on ne ressent pas cet arceau en courant, contrairement à celui de l’Infinity - et tant mieux.
Semelle extérieure
Ici aussi Nike n’a pas fait dans la demi-mesure. La semelle extérieure est intégralement recouverte d’une gomme épaisse sur laquelle on retrouve une multitude de petits crampons (ou picots).
Certains diront que cette quantité de gomme sert à protéger le ZoomX que l’on sait effectivement fragile voire friable. Il est également possible que cette étendue de gomme sur l’extérieur permette d’envelopper le ZoomX, et en le compressant d’ajouter un peu de retour d’énergie au ressenti. Pour ma part, je pense plutôt qu’il s’agit d’une illustration de la volonté de Nike d’offrir une expérience d’accroche similaire à tout type de foulées. Personne n’est pénalisé et tout le monde sera content d’accrocher parfaitement. Durant mes tests je suis même allé sur des trails et la chaussure ne manque vraiment pas de grip.
La durée de vie de la chaussure - sous réserve d’un comportement homogène dans le temps du ZoomX - ne sera que renforcée par cette semelle extérieure et je pense qu’on verra cette chaussure dépasser facilement les 700-800kms sans montrer trop de signes d’usure au niveau de la semelle extérieure.
Expérience de course
Une Vaporfly sans plaque carbone? Peut-être mais dans tous les cas l’expérience de course est unique. Dès mes premières foulées j’ai été agréablement surpris et l’étonnement - très positif - se poursuit encore sur mes sorties les plus récentes.
La sensation est particulièrement difficile à décrire tant elle se distingue de tout ce à quoi nous sommes habitués. L’amorti est phénoménal, on s’enfonce vraiment dans tout ce ZoomX, mais le rebond qui s'ensuit est à son tour hors du commun. Difficile de parler de retour d’énergie mais il s’agit bien d’un rebond vif, dosé et à la fois absolument pas dérangeant ou trop contraignant pour les muscles.
Cependant avec un tel amorti, l’efficacité et l’économie de course sont pénalisées. En effet beaucoup d’énergie est absorbée dans l’atterrissage et le contact avec le sol. Cela cantonnera la paire à des allures modérées (ou alors à des allures plus soutenues mais avec une perte de performance qu’il faudra prendre en compte - lors de mes tests la chaussures ne s’est pas complètement éteinte à des allures tempo, ou sur des accélerations, mais la demande musculaire est plus importante).
Conclusion
Nike ajoute à sa gamme de chaussures de course “du quotidien” une paire hors du commun et dont le succès risque de faire de l’ombre à la React Infinity. On peut retenir le confort, le rebond, le côté inédit et fun de l’expérience de course mais surtout ce plaisir de retrouver la paire footing après footing. Tous les coureurs - gabarits et foulées confondus - seront servis car elle se comportera à merveille quelles que soient les allures footing de chacun. Son poids n’est à mon sens pas un défaut au regard de son utilisation et ses dimensions généreuses bénéficieront aux coureurs à la recherche d’une dose supplémentaire de stabilité. Maintenant est-ce raisonnable de payer 180€ pour ce modèle? En comparaison avec les 160€ de la React Infinity certainement. Et à mon avis le fun et le bonheur procurés par cette chaussure valent la différence de prix avec d’autres modèles concurrents beaucoup plus abordables sur le marché.
Score 9.3/10
Comparaisons
Liste de tous les articles et avis parus sur RTR: HERE
Nike React Infinity 2 (RTR Review Francais) (RTR Review-English)
Prix et poids comparables. Le confort est supérieur dans la Invincible avec la quantité de rembourrage et de matière de la tige. Mais l’empeigne (soi-disant en Flyknit pour les deux...mais alors vraiment deux Flyknit très différents) est plus élastique du côté de l’Infinity. J’aurais eu tendance à dire que la boîte à orteils est plus volumineuse côté Invincible mais cela est contradictoire avec l’élasticité que j’attribue de la tige de l’Infinity. Dans tous les cas sur tous les autres aspects, c’est sans appel pour moi. L’Invincible donne une leçon de confort, d’amorti, de rebond, et de plaisir à l’Infinity.
New Balance Fresh Foam Beacon 1 (RTR Review English)
La Beacon 1 était sensiblement plus légère et son amorti était également très bon. La boîte à orteil ne posait pas de soucis mais la tige était fragile, ce qui ne sera probablement pas le cas ici. La semelle extérieure est également beaucoup mieux finie sur la Invincible. Enfin, le rebond de la Invincible est sans appel par rapport à celui de la Beacon 1.
Nike Pegasus Turbo 1 (RTR Review English)
En enfilant la Invincible pour la première fois, j’ai songé au confort et à la sensation de la Turbo 1. Deux expériences vraiment similaires et un confort comparable. La Turbo 1 était également généreusement rembourrée sur la languette et les contreforts. Ma chaussure idéale? La Turbo avec le rebond de la Invincible ou l’Invincible avec la versatilité de la Turbo (qui pouvait vraiment tout faire).
Nike Pegasus Turbo 2 (RTR Review-English)
Le confort de la Turbo 2 était plus rudimentaire et la comparaison faite avec la Turbo 1 ne tient plus vraiment ici. Invincible pour le confort, le fun et le rebond. Turbo 2 pour les allures pour poussées.
Brooks Hyperion Tempo (RTR Review-English)
Moins d’amorti et moins de rebond mais un air en commun. Beaucoup plus légère et plus racée, la Hyperion Tempo est également beaucoup moins rembourrée et moins durable au niveau de la semelle extérieure. Le confort est très différent mais la Tempo ne démérite pas. Des chaussures complémentaires à mon avis dans une rotation.
Saucony Endorphin Shift (RTR Review-English)
Une comparaison juste en termes de poids et de générosité visuelle. L’expérience de course est cependant bien différente avec quelque chose de plus ferme et de moins rigolo du côté de l’Endorphin Shift. Un confort supérieur sur la Invincible. Invincible pour moi (qui d’ailleurs remplace une paire de Endorphin Shift pour les footings et les récups).
Le produit testé est un achat personnel.
Les avis exprimés sont ceux de l’auteur et n’engagent que lui.
ALEX'S INVINCIBLE FIRST RUN IMPRESSIONS VIDEO ON HIS CHANNEL (14:23)
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2 comments:
Quand meme surpris par la durée de vie du zoomX !? On nous rabache partout que cette mousse perd ses caracteristiques apres 150-200 km sur les alphafly
Bonjour,
Le ZoomX tient bien dans le temps, même en termes de caractéristiques. Sur les Alphafly et Vaporfly c'est notamment la plaque carbone qui perd de son efficacité.
Quant aux 150-200kms, c'est la durée de vie qu'on donnait au Vaporfly 4% Flyknit dont la semelle n'était absolument pas recouverte de gomme. Les évolutions (Next% et Alphafly) ont des renforts sur le talons, et une large surface de gomme à l'avant du pied.
La Invincible dispose d'une gomme encore plus épaisse et ce sur toute la surface du pied, de surcroît recouverte de ces petits picots - et la gomme protège le ZoomX donc assure une bonne durée de vie.
Merci de votre commentaire et à bientôt,
Alex
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