Article par Jeremy Marie
Saucony Xodus 11 (160€)
Introduction
Après un hiatus de quelques années dans ma relation avec les chaussures de trail de Saucony, ma chère Peregrine ne collant plus tout à fait avec ce que j’en attendais, me voici à pouvoir essayer coup sur coup deux de leurs modèles récents, avec la petite (pas si ”petite”) nouvelle Endorphin Trail, et cette Xodus 11 qui continue d’affiner ce qui était jusqu'à maintenant LA chaussure à tout faire, orientée longues distances et terrain difficiles, chez Saucony. Ce sera ma première rencontre avec un modèle de cette série, et c’est avec curiosité que je les chausse.
Pour: L’accroche, la protection, l’amorti confortable et dynamique, la légère flexibilité qui permet de toujours garder un contact avec le terrain. Le confort du chaussant.
Contre: Un peu lourde. Un petit manque de tenue du talon.
Profil du testeur
Jeremy: 40 ans, coureur depuis 2013, avec pas mal de trails de tous formats, de 30kms à 160kms.
Peu intéressé par les chronos, ma seule vraie référence sur route est 36´25 sur 10kms.
Adepte de la borne (70-120kms par semaine, et une dizaine d’heure de vélo), je suis passé progressivement vers le triathlon depuis 2 ans pour varier un peu les plaisirs.
Statistiques
Poids officiel: homme: 341g (US9/EU42.5) / femme 299g/ (US8/EU39)
Exemplaire testé: 364g (44.5 / US10.5)
Drop: 4mm (31.5mm talon/ 27.5mm avant)
Disponibilité en juin 2021.160€
Test du modèle précédent (anglais): ICI
Avis Mulit Tester (anglais) de la Xodus 11: (C)
Premières impressions
Jeremy: Une fois sorties de leur boîte, les Xodus 11 affirment leur caractère de “chaussure d’ultra”. Elle est robuste, avec une semelle intermédiaire épaisse, et la semelle externe laisse présager d’une accroche sans faille et polyvalente.
La chaussure est très “présente” en main, et pèse son poids. Elle conserve malgré cela une ligne plutôt fine, avec une empeigne épurée, classique qui ne choquerait pas si on la retrouvait sur une routière.
Le pare-pierre, de la même teinte jaune fluo que l’empeigne, se fond dans cette dernière, à l’instar du renfort latéral qui augure d’une résistance accrue à cet endroit souvent malmené où nombre de mesh se déchirent avant même de voir la chaussure usée par ailleurs - j’en avais fait l’amère expérience chez Saucony avec une paire de Peregrine, trouées ici en moins de 200kms.
Une chose est sure, ce coloris jaune fluo ne passera pas inaperçu sur les sentiers, et tranche franchement avec les teintes foncées de sa soeur dopée eux endorphines (l’Endorphin trail, testée sur RTR, il faut suivre!).
D’apparence pointu, l’avant de la chaussure laisse en réalité une place suffisante aux orteils, que ce soit en largeur ou en hauteur. Un bon point pour une chaussure que l’on utilisera sur les sorties les plus longues. Mon habituel 44.5 taille parfaitement, avec ce qu’il faut de longueur à l’avant, de largeur, sans sacrifier le maintien solide du coup de pied.
La promesse d’une chaussure à tout faire, robuste, est bien là. Reste à voir comment cela se concrétise.
L’empeigne
Entièrement composée d’un mesh tissé, la tige de la Xodus 11 combine 2 qualités qui semblent plutôt opposées, alliant une apparente finesse à une certaine robustesse.
On note plusieurs inserts sur le mesh afin d’apporter un peu de structure et de tenue au pied dans ce modèle dédié aux course engagées.
En dehors du gros logo Saucony, noir, bien visible, les inserts se font discrets sur ce coloris jaune fluo, reprenant la teinte de la tige dans différentes nuances.
Le mesh en mailles est assez respirant, j’ai pu tester la chaussures sous les premières grosses chaleurs ici et n’ai jamais été gêné, là où l’Endorphin Trail m’avait laissé une sensation de chaleur assez marquées, alors même que la température extérieure était plus basse.
De même, l’évacuation de l'humidité est plutôt efficace, chose constatée lors d’un run matinal dans les herbes couvertes de rosée. Mes pieds étaient évidemment humides -la tige n'est pas imperméable-, mais après quelques foulées au sec, toute l’humidité s’était évacuée, laissant les pieds au sec. De très bon augure pour une chaussure d’ultra, quand on a des chances de passer une nuit en extérieur à courir, et où l’humidité, surtout en altitude, est souvent de la partie. On pourra aussi sereinement mettre les pieds dans un cours d’eau ou une flaque en sachant qu’ils sècheront rapidement derrière.
La toe-box est relativement large et offre une belle place aux orteils, laissant ceux-ci respirer, s’étaler, et donc travailler au mieux au cours de la foulée.
C’est d’autant plus appréciable que le maintien du pied est excellent, malgré la conception d’apparence simple de l’empeigne.
En montée, en descente, sur des terrains accidentés, bref, quelles que soient les conditions et le rythme, je n’ai pas pu prendre les Xodus en défaut de ce côté-là. Pas de constriction excessive, simplement un chaussant parfaitement ajusté, une languette en partie accrochée, qui remplissent parfaitement leur office.
Le laçage qui utilise des petites boucles au lieu des classiques œillets est efficace. Je pense que ces boucles permettent de donner un peu de jeu, un peu de marge aux lacets permettant un meilleur ajustement ainsi qu’une très légère liberté quand le pied gonfle un peu au fil des heures.
Une boucle en plastique est présente en bas des lacets pour accrocher des guêtres. N’utilisant jamais de guêtres, je me garderai de donner un avis sur son efficacité ou utilité. Cela semble toutefois être le même genre de boucle que l’on retrouve sur de nombreuses chaussures, j’imagine donc que le système est éprouvé.
On note aussi la présence d’un élastique noir au niveau du coup de pied...je ne lui ai pas trouvé un rôle majeur. L’ajustement de l’empeigne et l’efficacité du laçage le rendent inutile pour le maintien du pied, et il est trop enfoncé pour y coincer facilement les lacets (un élément existant sur les On Cloudultra, par exemple, où il était un peu mieux mis en oeuvre).
Au niveau talon, on note un contrefort rigide qui monte presque jusqu’en haut de la chaussure, et qui s’étend sur les côtés de la chaussure afin d’assurer un peu de stabilité.
SI le maintien est bon, il est vraiment à la limite d’être insuffisant pour mon pied dans le sens vertical. Je n’ai pas eu de souci à proprement parler, mais c’est un point de vigilance qui dépendra forcément de la forme de votre talon lors des montées/descentes. Le maintien latéral est quant à lui excellent.
Une boucle à l’arrière permet de faciliter l’enfilage des chaussures...le genre de petit détail qui ne paie pas de mine, mais que l’on apprécie sur les courses longues lorsque la lucidité se fait moindre, et que l’on doit retirer un caillou d'une chaussure.
Enfin, le pare-pierre avant, qui pourrait sembler discret, est bien costaud et son efficacité ne souffre d’aucun reproche. On pourra donc sereinement se cogner les pieds dans des cailloux et donc tomber en s’étalant de tout notre long - mais sans craindre pour nos orteils!
En conclusion, l’empeigne de la Xodus 11 “fait le job”. Le chaussant est confortable, assure un excellent maintien du coup de pied, de la place à l’avant, est costaud et plutôt respirant.
Semelle intermédiaire
Entièrement composée de PWRRUN+ - et en quantité généreuse - , la semelle intermédiaire de la Xodus est loin d’avoir le comportement d’éponge instable que l’on pourrait craindre avec une mousse à base de TPU (comme le Boost chez Adidas, ou l’Everun chez Saucony). Ce n'est pas pour rien que ces marques ont souvent combiné ce type de mousse avec une couche plus classique d’EVA destiné à stabiliser l’ensemble.
Saucony l’a déjà montré sur le Triumph pour la version route, elle maîtrise parfaitement la mise en œuvre du PWRRUN+ et parvient à proposer un parfait mix de confort et de dynamisme. Sur la Xodus, le drop limité de 4mm, la plateforme relativement large et l’épaisse semelle externe en PWRTRAC apportent ce qu’il faut d'éléments permettant d’assurer un comportement très homogène et stable à la chaussure, idéal pour le trail.
Malgré l’épaisseur de la semelle, la chaussure reste relativement flexible, ce que je trouve appréciable en montée...et même de façon générale pour ne pas trop contraindre la foulée. Cela va un peu à contre-courant des chaussures de trail épaisses, rigide, avec un rocker prononcé...et cette recette classique fonctionne très bien! On sent vraiment le dynamisme du PWRRUN+ lors des parties roulantes, et le confort apporté par cette mousse est plus qu’appréciable lors des longues descentes. Une fin intercalaire est inséré dans la semelle intermédiaire pour apporter un surcroît de protection contre les roches.
Semelle externe
La semelle externe ne semble pas avoir beaucoup changé par rapport aux versions précédentes de la Xodus. Des crampons en chevrons de 5mm d’épaisseur, en sens opposé entre l’avant-pied et le talon, assurent une accroche sans faille dans une multitude de conditions. J’ai principalement couru sur des terrains secs, que ce soit des chemins ou des cailloux, et la semelle en PWRTRAC passe partout avec brio. Les rares flaques de boues ayant résisté au soleil m’ont permis de voir que la forme des crampons se montrent aussi plutôt efficace en terrain meuble, en dévers.
Une sortie matinale m’a permi de voir que la semelle reste efficace sur les cailloux humides, dans la limite du raisonnable bien sûr.
Je ne note aucune usure anormale des crampons pour le moment, avec environ 80 kms de course sur des terrains variés, et les retours des précédentes versions laissent présager d’une excellente durabilité pour cette semelle.
Une mince couche de protection contre les cailloux est visible à l’avant du pied, et cela ne compromet en rien la flexibilité de la chaussure.
Chose étonnante vu l’aspect massif de la semelle, elle passe étonnamment bien sur le bitume. On n'est pas scotché, collé au goudron comme cela peut parfois être le cas avec des chaussures d’ultra. La qualité de la semelle intermédiaire n’y pas non plus étrangère, mais la taille des crampons pouvait laisser présager d’un comportement moins agréable sur l’asphalte.
Les deux parties jaunes de la semelle externe semblent être plus rigides que le reste, apportant surmeent un surplus de rigidité et de stabilité. On y remarque aussi la présence, comme pour la grande sœur, d’emplacements pour installer des pointes pour la course sur glace. L’usage sera surement anecdotique pour la plupart des coureurs, mais..qui peut le plus peut le moins. Saucony a aussi conservé les emplacements destinés à être percés pour créer des trous d’évacuation de l’eau. Je ne suis pas forcément friand de ce genre de choses sur une chaussure de trail, sachant qu’une fois percées...ce qui passe dans un sens...passera aussi dans l’autre. C’est selon moi une bonne façon de se retrouver avec de l’eau en excès dans la chaussure.
En course
Vu le gabarit de la Xodus, je m’attendais à avoir une chaussure pataude, certes confortable, mais plutôt rigide, en souffrance dès que l’on voudra hausser le rythme.
En réalité, à l’instar de la Triumph sur route, la Xodus s’avère particulièrement polyvalente.
La foulée est très fluide, souple, réactive tout en restant confortable. Sans excès de fermeté, ni de mollesse.
J’apprécie particulièrement ce caractère légèrement ferme de la semelle, qui permet de ne pas s’endormir sur le chemin, et de ressentir un peu le terrain malgré la confortable couche d’amorti.
Je ne parle pas de ressentir les cailloux venir pointer contre la plante du pied, mais bien de ressentir le relief, les micro-déclivités liées aux cailloux, aux trous.
Malgré son poids relativement élevé, j’ai trouvé que la chaussure était relativement agile,aidée en cela par l’excellente flexibilité de la semelle intermédiaire, tout juste rigidifiée par la semelle externe.
Sur les chemins roulants, j’ai presque l’impression de courir avec une chaussure de route - le poids en plus. La foulée est fluide, souple, et l’épaisse couche de PWRRUN+ renvoie une bonne dose d’énergie, récompensant une foulée “engagée”. La flexion à l’avant du pied permet une bonne poussée et l’on sentira vraiment la chaussure travailler de concert avec le pied.
En côte, la flexibilité et l’excellente accroche permet de gérer son effort sans peine, que l’on veuille monter tranquille, au train, ou à bloc. Bien sûr, l’efficacité sera moindre qu’avec une chaussure plus légère, mais on ne peut tout avoir.
En descente, la chaussure devient presque agile, et là encore la flexibilité et le comportement de la mousse permet de s’adapter rapidement au ressenti du pied, toutes ces informations sensorielles que l’on reçoit en descente et qui permettent d'adapter sa pose de pied, foulée après foulée.
Sur les passages routiers, la chaussure ne sera pas pénalisante non plus, si ce n’est son poids.
Conclusion
La Xodus s’avère être une excellente surprise, en me laissant le même sentiment que sa soeur routière, la Triumph 19. Si ce n'est pas une chaussure “de course”, en dehors des ultra (mais sont-ce réellement des courses pour nous autres, pauvres coureurs aux capacités...humaines?), elle sera une excellente partenaire d'entraînement, assurant dans à peu près tous les domaines.
De la sortie longue cool à la séance de côte, en passant par la rando-course, je ne vois pas beaucoup de cas où ce modèle pourrait décevoir. Le chaussant est confortable, ajusté, l’amorti est vivant, dynamique, sans excès de fermeté, le tout sur une plateforme relativement stable, et flexible.
Le poids affiché ne doit pas être un frein non plus, tant j’ai trouvé qu'il se faisait oublier dans la plupart des cas. Elle passe sur tous les terrains avec brio, y compris sur les portions de route que nous rencontrons presque tous avant d’arriver sur nos chemins favoris.
Bref, une chaussure particulièrement efficace, sans strass ni paillettes, qui assure, simplement.
D’un point de vue plus personnel, je suis heureux de voir des modèles de conception “classique” (pas de semelle énorme ultra rigide, de rocker ultra-prononcé) continuer de sortir, et d’être aussi aboutis.
Score: 9.5/10
Course: 9.5, Chaussant: 9.6, Rapport Q/P: 8.5, Style: 8.5, Traction: 9.5, Protection: 10, Poids: 8.5
Comparaisons:
Salomon Slab Ultra 1 (RTR Review)
Toujours une de mes chaussures d’ultra favorite, proposant le mix parfait de maintien, d’amorti, de dynamisme...La Xodus est une version ++ par certains aspects: plus amortie, plus cramponnée, plus lourde, avec plus de maintien.
Le chaussant des Saucony conviendra je pense à plus de monde, et bien que mon pied se sente parfaitement à l’aise dans la Salomon, cela ne semble pas être le cas pour tous.
Ma préférence personnelle est pour la Salomon, mais je pense que la Xodus conviendra à plus de monde.
On Running CloudUltra (Test RTR français, anglais)
Surement une de mes plus grande déception de l’année, la Cloud Ultra pourrait être une chaussure parfaite pour le long avec simplement un amorti un peu moins ferme. A mi-chemin entre les chaussures modernes très haute à la courbure très prononcées, et les plus traditionnelles comme la Xodus, je placerai la On Cloud Ultra au dessus de la Xodus dans quasiment tous les domaines: meilleur tige, meilleur maintien, semelle externe aussi efficace...mais courir sur une planche en bois n’a jamais été mon truc...La Xodus sera préférable dans tous les casuniqueent à cause de cela...
Asics Trabuco Max (test RTR français, anglais)
Voici un exemple parfait de chaussure avec laquelle j’ai du mal à me sentir à l’aise, sans que rien ne soit foncièrement mauvais dedans. La combinaison du profil ultra recourbé, de la rigidité de la semelle et de la mousse ultra-rebondissante de la Trabuco Max la rende, pour moi, difficile à appréhender ailleurs qu’en terrain très facile où la foulée sera contrôlée - et la chaussure contrôlable.
Le chaussant de la Trabuco m’a donné un peu de mal aussi, ne parvenant que difficilement à trouver le bon réglage.
La Xodus est plus lourde, mais cela ne se ressent pas à la course. Je préfère la flexibilité de la Saucony, et le comportement de la couche de PWRRUN+ me convient bien mieux que la FFoam de l’Asics. Sans conteste la Xodus sera un meilleur choix dans tous les cas, et en particulier en terrain technique.
Saucony Endorphin Trail (test RTR)
Ah...voici une chaussure qui m’a donné du fil à retordre...et la conclusion est nette: je préfère, de loin, la traditionnelle Xodus à la moderne Endorphin Trail. Tout comme la Trabuco Max, l'extrême rigidité de la semelle me gêne pour courir ailleurs qu’en terrain très facile...et encore...même là je préfère la flexion à l’avant de la Xodus.
Le chaussant de l’Endorphin est trop serré, malgré sa conception moderne “toute intégrée”, trop chaud et peu respirant en comparaison de la tige en maille de la Xodus. Je m’y sens bien trop haut perché pour être à l’aise, me donnant une impression d’instabilité. L’accroche pourtant efficace de l’Endorphin Trail est dépassée par celle de la Xodus, et la flexibilité de cette dernière accroît encore ce sentiment.
En dehors d’une course très longue sur un terrain très facile et roulant, où le Speedroll de l’Endo Trail pourra se montrer efficace en économisant pas mal le coureur, je ne vois pas une situation où je préfèrerai celle -ci à la Xodus.
Les exemplaires essayés ont été fournis gratuitement pour le test. Aucune compensation n'a été reçue par RTR ni ses auteurs, en dehors d'une commission éventuelle via les liens affiliés de cet article. Les opinions publiés sont ceux des auteurs.
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