Article par Jérémy Marie et Alexandre Filitti
Introduction
Jérémy:
Trailer à l’origine, avec un fort penchant sur les trails longs, je n’ai pourtant jamais trop cédé à la mode des chaussures ultra amorties, préférant toujours une hauteur de semelle classique et un amorti un peu plus dense, gage, je trouve, de stabilité et de sécurité quand les kilomètres s'enchaînent. Je ne m’étais même pas arrêté sur la Trabuco Max lors de son annonce, dont le nom l’éloigne de facto de mes préférences habituelles, de même que son profil.
Pourtant, étant curieux, j’ai pris le temps d’en apprendre un peu plus dessus, et les premiers retours ont éveillés ma curiosité. L’occasion de pouvoir la tester était trop belle, et c’est bien décidé à rompre avec mes habitudes et préférences que je me suis lancé dans l’essai de la Trabuco Max, LE modèle longue distance proposé par Asics pour cette année.
Alex:
En toute franchise, le trail n’est pas ma spécialité, même loin de là mais je prends quand même du plaisir à courir dans la nature à des allures plutôt douces dans mes séances de récupération ou de footing. Et ce plaisir est décuplé lorsqu’il s’agit de tester une nouvelle paire. L’idée de tester la Trabuco Max d’Asics m’a paru intéressante surtout après la description alléchante faite par Sam. Je crois que l’appellation MAX a joué encore plus dans mon enthousiasme, car les ultra distances sont encore moins ma tasse de thé et j’étais excité à l’idée de sortir des sentiers battus pour ce test (dans tous les sens du terme).
Pour:
Jérémy:
Amorti qui allie confort et dynamisme, ni trop moelleux, ni trop dense
Excellente accroche pour une chaussure polyvalente, chemin, graviers, boue, roche mouillée: la semelle est très efficace.
Le chaussant très...chausson, molletonné, confortable
Le poids contenu.
Une bonne propulsion vers l’avant….
Alex:
Un bel équilibre entre amorti et dynamisme, surtout pour ce poids
Les jambes assez légères et préservées après les sorties
L’idée de faire des longs trails ne me déplaît pas avec cette chaussure à l’esprit
Blasphème: super chaussure de marche/randonnée
Polyvalence de l’accroche qui sera suffisante dans bon nombre de situations et donc prête à affronter des longs trails avec des terrains variés
Un déroulé du pied vraiment agréable (qui compense le point négatif associé, voir ci-dessous)
Contre:
Jérémy:
….à condition d’attaquer vers le talon. La foulée médio-pied ne fonctionne pas bien avec le profil GuideSole sur ce modèle, malgré le drop réduit (5mm).
Conception très traditionnelle de la tige, certes confortable, mais au maintien moins efficace que dans les modèles récents avec une tige plus travaillée.
Cette languette! Énorme, ne tenant pas en place, exagérément épaisse sur la partie haute sans que cela ne soit utile, limite “flap-flap” en courant.
Le quicklace est une bonne intention, mais mal mise en oeuvre. Le laçage est délicat à ajuster, et est mal réparti sur la longueur du pied.
Un léger manque de stabilité lié au fort rebond de la semelle.
Alex:
Le système de laçage est largement perfectible, quasi impossible de trouver le bon dosage lors de mes tests
La languette ne tient pas en place, n’enveloppe pas le dessus pied et le rembourrage qu’elle présente est largement sous-exploité
Une légère dénaturation de foulée pour les attaques medio/avant qui auront tendance à taper plus à l’arrière
Statistiques
Drop de 5mm - hauteur de semelle de 28mm au talon et 23mm à l’avant
Poids: 294g en 42.5/US9
Poids constatés: 312g/321g en EU44.5 US10.5, 326g en EU45/US11
Tester Profiles
Jérémy est un coureur à pied, trailer à la base, se tournant de plus en plus vers le triathlon.Adepte des trails de tous formats (30k-160k), peu intéressé par les chronos, sa seule réelle référence sur route est de 36’25 sur 10km. Il a terminé 6ème et 5ème à la SaintExpress 2017 et Ecotrail 45 2018. Son volume hebdomadaire en course oscille entre 50 et 120kms selon les semaines. Il mesure 1m78 et pèse 70kgs.
Alex est un duathlète (AG 25-29) qui s’entraîne principalement sur route et piste. Il s’aventure parfois sur trail, principalement lorsqu’il est en période de coupure. Ses RP sont de 16:25 (5K), 34:00 (10K) et 2h50 (42K, Berlin 2019), et son volume hebdomadaire moyen oscille entre 50 kilomètres en coupure jusqu’à 80 kilomètres en phases de préparation avant des compétitions majeures (30 à 60 miles). Il mesure 183cm et pèse 67kgs.
Premières impressions
Jérémy:
Colorée! Voici la première impression qui se dégage à l’ouverture de la boîte. L’alliance du bleu et du orange ressort vivement sur la tige noire, dynamisant sa ligne de la chaussure. Ce n’est pas la plus belle chaussure de trail que j’ai pu voir récemment...On est clairement sur une chaussure de course à pied, au rendu très classique, qu’il sera plus difficile de porter en dehors de cette activité, mais peu importe - ce n'est pas quelque chose que je fais d’ordinaire.
En y regardant de plus près, on remarque de nombreux détails démontrant un bonne réflexion sur ce modèle: à l’instar des modèles Altra, un système de fixation de guêtres est prévu (une boucle à l’avant du pied, et un velcro au talon); un système quicklace, accompagné de son mode d'emploi dans la boîte, avec un emplacement dans la languette pour ranger le mécanisme; une boucle à l’arrière pour faciliter le chaussage, un pare-pierre efficace et très bien intégré, disposant de petites découpes visant à la fois à lui donner un peu de flexibilité, mais aussi à l’alléger visuellement.
La chaussure posée au sol, on remarque aussi une géométrie particulière de la semelle, plutôt plate jusqu’à l’avant du medio-pied (un léger rocker est visible), et qui décolle franchement à partir de l’avant pied jusqu’aux orteils.Cela promet une fin de transition très accompagnée, d’autant que la semelle est relativement rigide.
En main, la chaussure semble plutôt légère, ce que confirme la balance, avec 312g pour une chaussure et 321g pour l’autre en 44.5EU / 10.5US...Alex n’a pas autant de différence entre ses deux exemplaires…
Une fois la chaussures aux pieds, je la trouve à la fois confortable grâce à la tige plutôt rembourrée, mais un peu étroite aussi, très ajustée. Avec des chaussettes fines à classiques, cela passe, mais des chaussettes plus épaisses me laissent vraiment peu de place et je m’y sens un peu à l’étroit. L’avant pied s’élargit un peu, mais je ne rechignerai pas à une forme un peu différente laissant plus de place en largeur à l’avant.
Alex:
Le déballage laisse la place à un coloris bleu/orange que Asics a su savamment déployer sur sa gamme Trabuco. Le coloris est vraiment sympathique, discret tout en ayant un peu de peps. La chaussure présente vraiment beaucoup de technicité, et l’oeil est immédiatement attiré par tous les éléments hors du commun (encore plus pour l’oeil d’un non-traileur comme moi): le pare pierre “rainuré et progressif”, le système de fixation pour guêtres, ou encore le nouveau système de laçage pour lequel Asics fournit même une fiche d’instructions!
La géométrie incurvée de la semelle est frappante tant l’avant décolle du sol. En chaussant la paire, la première réaction est d’avoir quelque chose d’ajusté au pied, confortable mais vraiment massif. Dans ma taille je suis bien, mais des pieds plus larges pourraient se sentir à l’étroit.
L’empeigne
Jérémy:
La fiche produit fait mention de l'utilisation de 20% de matériaux recyclés, une très bonne initiative de la part d’Asics et qui est de plus en plus répandue chez les fabricants.
La tige à l 'avant du pied est relativement fine, en mesh doux au toucher, mais n’est pas la plus respirable que j’ai pu tester. La hauteur est assez importante, mais je trouve qu’il manque un peu de largeur, ou d’élasticité à cet endroit pour mes pieds. J’ai des doutes sur la résistance à l’abrasion de cette partie là, le tissu s’accrochant facilement dans les petites branches j’aurai peur d’y voir apparaître des trous rapidement.
Le pare-pierre est parfaitement intégré, discret à l'œil, très effilé avec des rainures qui l’allègent visuellement et lui donnent un peu de flexibilité. Il est efficace, et ne se sent pas en course.
En continuant vers l’arrière de la chaussure, la tige bénéficie de renforts au logo de la marque sur le côté du pied pour structurer un peu cette partie là et assurer un meilleur maintien, et se poursuit jusqu’à la substantielle coque au talon, rigide, mais protégée par une bonne épaisseur de mousse pour le confort.
Cela permet aussi de se conformer plus facilement à différentes formes de talon, la mousse venant épouser le tendon d’achille pour le maintenir.
Sur le dessus du pied, la languette à soufflet restera bien alignée en course, mais on retrouve encore une fois une épaisseur très importante de matière sur celle-ci, pour protéger le pied du serrage des lacets sans doute.
Le haut de languette est simplement énorme, encore plus épais, et n'est pas raccordé au soufflet: du coup entre sa forme, son poids, et le fait d’y ranger le haut du quicklace, on se retrouve avec une sorte de gros coussin qui ballotte pendant la course en étant presque gênant sur le haut du pied.
C’est dommage, et en phase avec la conception globale de l’empeigne que je trouve très...traditionnelle, pour ne pas dire “à l’ancienne”: de grosses épaisseurs de mousse un peu partout pour le maintien, au risque d’un peu oppresser les pieds plus forts, plutôt que de chercher un fit naturellement plus proche du pied, et qui s’adapte mieux aux différentes formes. Cela n’enlève rien au confort d’accueil de la Trabuco, qui donne une impression de chaussant.
Enfin, le quicklace ici ressemble à une bonne idée mal mise en œuvre. Le système coulisse bien, le lacet semble solide, mais il m’a été très difficile de trouver le bon ajustement, soit trop serré devant et pas assez au dessus, soit l’inverse, avec une sensation d’écrasement du coup de pied par l’épaisse languette...j’ai dû plusieurs fois m’arrêter en course pour l’ajuster sans réussir à trouver le bon réglage. Finalement le moins pire était un laçage assez peu serré, au détriment du maintien du coup de pied.
Malgré cela, je n’ai pas eu de souci de frottements dans des séances de up&down, et le talon est très bien maintenu.
Alex:
La première chose à noter ici est la composition de la tige, faite à 20% de matériaux recyclés. Cela s’inscrit dans la démarche d’Asics qui consiste à utiliser de plus en plus de matériaux recyclés pour la fabrication de leurs paires. 20% reste un chiffre raisonnable, mais bien en deçà des 100% présentés sur d’autres paires récentes de la marque japonaise. Bien entendu cette qualité est imperceptible au toucher et une fois la paire sur le pied, mais je trouve la démarche excellente et je tenais à la saluer (surtout qu’on peut difficilement accuser Asics de greenwashing tant l’information est peu relayée).
La tige est assez fine sur l’avant et jusqu’au médio pied, sans pour autant être un modèle de respirabilité. A l’extrémité avant on retrouve le pare-pierre, mi en superficie / mi-incrusté dans la tige. Il est rainuré et progressif: plus dur et rigide sur le dessus et l’avant, et progressivement moins sur les côtés. Je n’ai pas eu l’occasion de le tester mais je pense qu’il fait bien son travail sur tracés moyennement caillouteux, car dès que les pierres seront plus massives et/aiguisées j’ai du mal à l’imaginer offrir une protection sans faille. La languette est reliée à la tige par un soufflet intégral et c’est également à ce niveau que l’empeigne devient plus épais et rembourré. La languette elle-même est généreusement molletonnée, bien que la matière ne soit pas particulièrement dense. L’épaisseur et la densité de la languette sont plus prononcées sur le haut de celle-ci, à l’endroit prévu pour le logement de la boucle en plastique du système de laçage.
Venons-y justement à ce système de laçage: dessiné à la façon Salomon, avec un lacet très fin (moins de 2mm de diamètre), rond, et totalement lisse malgré le dessin dessus, mais surtout un système de serrage coulissant avec blocage. Asics fait bien d’envoyer une fiche d’instructions avec la paire mais cela ne suffit pas à comprendre comment trouver le bon dosage de serrage.
C’est le gros point faible de la chaussure, les lacets sont soit trop serrés, soit pas assez, et ont tendance à se desserrer pendant la course. De plus le logement destiné la boucle en plastique (l’espère du U à l'extrémité que l’on tient pendant que l’on serre) est probablement trop petit ce qui empêche la languette de bien tenir en place et retire donc du confort et du maintien autour de la cheville. Deux gros points négatifs pour moi. Le collier et le contrefort sont eux aussi généreusement rembourrés, et plutôt souple sur la partie supérieure. Le confort est vraiment au rendez-vous mais il faut noter que l’on est sur une sensation vraiment “enveloppée” et les amateurs de colliers et contreforts plus minimaux trouveront cela probablement oppressant. Le talon vient se loger parfaitement dans une coque vraiment rigide et qui contribue fortement à mon sens à l’excellent maintien et stabilité de la paire à ce niveau là.
Semelle intermédiaire
Jérémy:
Ma première rencontre avec la mousse FlyteFoam d’Asics...et pour le coup, je suis servi, j’en ai une bonne quantité à me mettre sous le pied!
Malgré la couche supérieure bleue pouvant laisser croire à un deuxième matériau, il n’en est rien, la Trabuco Max est constituée d’une unique couche de FlyteFoam, mousse déjà utilisée dans d’autres modèles Asics mais avec des “réglages”, y’ inclu mais pas seulement une densité différente.
Au toucher, la mousse semble ferme, le pouce s'enfonce assez peu. En soit cela ne me gène pas trop, je ne suis pas fan des chaussures de trail à l’amorti trop mou, que je trouve souvent instable et pas très agréable sur un terrain accidenté.
Cette impression se retrouve en course, et j’ai pu apprécier une semelle confortable, presque dynamique, mais avec surtout beaucoup de rebond et de retour d’énergie. On est loin d’un “sabot” pour ultra trail, misant tout sur un confort moelleux, et la chaussure se comporte plutôt bien sur une grande variété d’allures. L’avant du pied très relevé permet une fin de poussée très efficace sans devoir forcer.
J’ai néanmoins trouvé que ma foulée habituelle, un peu portée sur l’avant, ne collait pas bien avec le GuideSole et cette pointe relevée: quelque chose “coinçait”. En essayant de me laisser guider par la chaussure, et en attaquant un peu plus en arrière, presque pied à plat, j’ai pu bénéficier de la géométrie de la semelle et d’une propulsion bien marquée sur la fin de la poussée. Le rebond de la mousse semble bien diriger la foulée vers l’avant en suivant la courbure de la semelle. Il en résulte une course efficace, plutôt économique avec une once de dynamisme bienvenue. La chaussure ne rechigne pas lorsque l’on hausse un peu le rythme, et j’ai pu effectuer une séance de fartlek en balayant pas mal d’allures sans me sentir plomber. Que ce soit sur des portions plates, où la courbure de la chaussure permet un déroulé très facile et où l’on sent bien le rebond de la couche de FlyteFoam, ou bien en côte où la densité de la semelle ainsi que la flexibilité mesurée permettent une course efficace, j’ai trouvé la Trabuco Max vraiment à son aise.
Il n’y a bien que dans les passages très accidentés que j’ai essayé d’aborder en rythme où ce fort rebond m’a un peu gêné, me donnant l’impression de moins maîtriser la pose de pied et d’un manque de stabilité.
Sur ce dernier point, je pense que mon manque d’habitude avec les semelles de ce type sont plutôt à mettre en cause, car malgré cette impression, je n’ai eu aucun souci de stabilité. Le talon et l’avant pied sont suffisamment larges et la semelle suffisamment ferme pour stabiliser la foulée.
Notons enfin une excellente protection de la semelle, combinaison de son épaisseur, de sa densité ainsi que du pare-pierre présent sous la semelle externe et visible à travers les perforations de celle-ci.
Alex:
Asics fait ici usage de son “Flytefoam” ou du moins d’un dérivé de celui-ci. Bien que les couleurs différenciées bleues et oranges peuvent faire penser qu’il y a deux couches distinctes, formant une sorte de “système”, il n’y en réalité qu’une seule épaisseur à densité homogène.
Au premier regard, je m’attendais à quelque chose de ferme et loin du moelleux des dernières paires route que j’ai essayées. Loin de là, la semelle offre un amorti vraiment très bon, sans trop “s’enfoncer” non plus, et sans perdre en stabilité et ce peu importe les circonstances et les allures.
Sans parler de retour d’énergie ou de dynamisme, la semelle est vivante et donne une agréable sensation de flottement et d’efficacité. L’énergie employée par le coureur est bien transférée et se traduit en une propulsion en confiance et avec une once de vivacité. L’ajout de la géométrie de la semelle dans l’équation joue évidemment beaucoup. La courbure prononcée va inciter le coureur à atterrir un peu plus en arrière et à dérouler le pied au sol pour aller chercher une propulsion à l’avant.
C’est la première fois pour moi avec un dérivé de la technologie GuideSole d’Asics et je n’ai pas été déçu. La forme est vraiment bien travaillée et même si je sentais que ma foulée était un peu dénaturée, cela ne me gênait pas tant l’utilisation de cette bascule était agréable. Cela est aussi rendu possible par le bon amorti et l’épaisseur de semelle à l’arrière mais l’ensemble forme quelque chose de plutôt appréciable et qui fait presque oublier le poids et l’encombrement de la chaussure.
Semelle extérieure
Jérémy:
La semelle extérieure montre bien l’expérience d’Asics en matière de chaussure de trail. Elle reste de conception plutôt simple, sans différencier des tas de zones différentes, ni présenter des rainures de flexion. On est plutôt en présence d’une semelle pleine, avec simplement des trous pour gagner du poids. La zone périphérique est en seul tenant, constituant une sorte de ceinture avec des crampons spécifiques. Au milieu, on trouve des crampons en forme de chevrons, disposés tête bêche sur deux lignes. Enfin au niveau du talon, le dessin des crampons change pour assurer une meilleure accroche en descente.
L’efficacité est au rendez-vous. D’abord grâce à la forme des crampons, qui assurent une accroche sans faille en terrain sec, sableux, gravillonneux, et même boueux où la semelle se montre plutôt à son aise et évacue bien la boue. Ensuite grâce au matériau AsicsGrip qui constitue la semelle, et qui est aussi une réussite. J’ai fait une séance de descentes “à bloc” sur des cailloux humides, et pas une fois la chaussure ne s’est dérobée. La durabilité semble bonne car pour le moment, la semelle ne montre aucune marque d’usure.
Bref, on est en présence d’une semelle efficace, sécurisante, polyvalente et qui semble très durable, de très bons points pour une chaussure d’ultra.
Alex:
Le Asics Grip est aussi une première pour moi et j’ai été agréablement surpris. D’aspect ferme et peu accueillant, ce grip fonctionne en réalité en symbiose avec la semelle intermédiaire et bien compense l’amorti, rajouter un peu de rigidité et de réactivité au passage, sécuriser l’atterrissage et offrir de la confiance au coureur. Confiance qui découle de l’accroche difficile à surprendre, fiable sur toutes les surfaces testées et découlant aussi largement des crampons profonds et couvrant toute la surface de la chaussure. Difficile d’imaginer une surface (hors extrêmes type glace) où ce grip serait insuffisant. Je ne suis là encore pas assez traileur dans l’âme pour savoir comme se dégrade une semelle extérieure mais je suppose que cette paire aura une bonne durabilité
Expérience de course
Jérémy:
Pour un modèle loin d’être sur ma short-list, je dois dire que j’ai été agréablement surpris par cette Trabuco Max. Le poids relativement contenu compte tenu de la protection et de l’amorti proposé, le dynamisme présent pour une chaussure dédiée aux longues distances tout en conservant un amorti confortable sont des points que j’ai vraiment appréciés. La stabilité de la chaussure permet d’aborder des descentes de façon très appuyée sans craindre de voir une cheville partir, et une fois habitué à la réaction de la semelle intermédiaire, au rebond très marqué, on peut pas mal “envoyer” en restant bien protégé. C’est certes moins fun qu’avec une chaussure plus fine, légère, ajustée, mais ce n’est pas le but de ce modèle.
La course est agréable sur un large panel d’allures et d’intensités, et on peut dérouler en relative aisance sur les terrains faciles, gage d’économie sur les courses longues. C’est appréciable.
Par contre, j’ai été un peu déçu de la construction très “à l’ancienne” de l’empeigne, très rembourrée sans pour autant assurer un bon ajustement ainsi qu’un bon maintien du pied, peu aidée par un laçage capricieux. Et le GuideSole, couplé à une forte courbure de la semelle à l’avant est efficace, mais demande quand même d’adapter sa foulée quand on attaque un peu trop avant/médio-pied. Il faut vraiment se forcer à se laisser guider par cette géométrie pour en profiter . C’est une habitude à prendre, mais cela permet de tirer la quintessence de la conception de la Trabuco Max.
Comme Alex, j’ai trouvé un excellent comportement de la chaussure sur la route. Évidemment on ne choisira pas ce modèle pour courir sur du bitume, mais que l’on soit sur son terrain d'entraînement ou bien sur des trails longs, il est rare de ne pas avoir de passages plus ou moins longs sur la route. Et là, la Trabuco permet de passer ces portions sans encombre, avec un amorti très satisfaisant et qui ne flingue pas les jambes et où la “foulée guidée” permettra de pas trop s’épuiser.
Alex:
Tout ou presque a déjà été dit mais la course avec les Trabuco Max est vraiment appréciable, un savant mélange de confort, juste ce qu’il faut de rigidité et d’assurance, et un dynamisme presque surprenant pour une paire aussi lourde et encombrante. J’ai vraiment pris beaucoup de plaisir lors de mes sorties avec et cela est vraiment dû à l’expérience qu’elles procurent. Même pour un coureur avant/medio comme moi, la dénaturation de la foulée n’est pas un vrai inconvénient car la courbure de la semelle est bien réfléchie et propose quelque chose d’assez naturel. De plus, l'amorti est largement suffisant pour ne pas vraiment traumatiser/surprendre les jambes et atterrir plus en arrière, ce qui n’est pas ma foulée naturelle. A noter aussi que la paire se comporte à merveille sur la route ce qui augmente encore plus sa polyvalence et en fera une chaussure de premier choix pour des ultras qui intègrent plus de bitume.
Conclusion
Jérémy:
Cette Trabuco Max est une très bonne surprise. Bien qu’elle ne m'ait pas fait changer mes préférences sur les chaussures de trail, j’ai pu apprécier les avantages d’un amorti très généreux, d’autant plus qu’il conserve ici beaucoup de dynamisme et n’est en aucun cas mou. Le réglage de densité et de rebond de la semelle intermédiaire me semble vraiment très bon et permet à la chaussure de très bien se comporter que ce soit terrain très roulant, en descente appuyée, en montée.
J’ai un peu plus de mal à apprécier le fait qu’elle force un peu un certain type de foulée pour bien apprécier la géométrie de la semelle, mais les habitudes ont la vie dure :)
Malgré cela, cette chaussure permet à la fois beaucoup de confort pour les moins rapides d’entre nous sur les longues distances, sans pour autant brider le rythme dès lors que l’on a envie d’appuyer un peu, devenant aussi une excellente chaussure d'entraînement à l’accroche excellente en toute circonstance (excepté bien sur les grosses épaisseurs de boue automnale où une chaussure dédiée à ces conditions sera imbattable).
J'émettrai quelques bémols sur la partie supérieure de la chaussure. La tige mériterait une conception plus moderne, plus légère et épurée: je pense que l’on peut maintenant obtenir un excellent maintien, sans trop de contraintes, avec une empeigne bien moins épaisse, avec un gain de poids à l'arrivée. Aussi, le système de laçage est à revoir, j’ai encore du mal à trouver le bon réglage, celui qui combine un serrage suffisant pour le maintien, avec ce qu’il faut d’espace pour ne pas écraser le coup de pied. Peut-être en disposant mieux les oeillets, ou alors en affinant la languette qui est le gros point noir sur cette chaussure. Énorme, disproportionnée, inutilement épaisse...j’ai du mal à comprendre l’idée derrière sa conception. Enfin le prix me semble un peu haut, surtout compte tenu de la conception générale très traditionnelle. Cela ne ternit qu’à peine un tableau plutôt positif, la chaussure étant très polyvalente.
Course: (50%) Fit: (30%) Rapport Q/P: (15%) Style: (5%)
Course: 8/10: moelleux et dynamique, l’amorti est vraiment bien réglé et régalera les adeptes des chaussures à grosse semelle. Le GuideSole impose un peu trop un déroulé depuis le talon, et donne une sensation étrange en attaque médio-pied, comme l’impression de ne pas contrôler sa foulée.
Fit: 7/10: Une tige très traditionnelle qui offre un ajustement très...traditionnel, loin de ce que l’on peut trouver maintenant sur des chaussures de trail de cette gamme. L’avant-pied n’est pas particulièrement large, le coup de pied est bien maintenu mais cela passe par un bon serrage des lacets plutôt que par une tige qui se conforme au pied. Et la difficulté à trouver le bon réglage des lacets n’aide pas à trouver le bon ajustement du chaussant.
Rapport Q/P: 7/10: un peu chère pour une conception “à l’ancienne”.
Style: 7/10: Classique, un peu “gros”, et je suis assez peu fan des couleurs criardes sur la tige noire.
Total: 7.5/10
Alex:
Si ce n’est un système de laçage et une languette à revoir entièrement, la Asic Trabuco Max fait bien le job pour une chaussure taillée pour de l’ultra. Je me vois moi-même la prendre pour des trails pour longs car son combo moelleux/fermeté est vraiment bien dosé. Ma foulée est un peu changée et c’est peut-être ce qui m’empêchera d’aller vite en compétition par exemple (mais encore une fois je fais très peu de courses sur trails). Le grip de la semelle extérieure est sensationnel et permettra de tout faire ou presque. Le prix me paraît élevé mais la polyvalence de l’ensemble le justifie partiellement.
Course: (50%) Fit: (30%) Rapport Q/P: (15%) Style: (5%)
Course: 8.75/10: Un juste équilibre entre moelleux et fermeté, le grip qui est très bon mais une dénaturation prononcée de la foulée
Fit: 6.5/10: Le rembourrage n’a rien de mauvais en soi et l’épaisseur est presque “sécurisante” mais la languette et le système de laçage pénalisent fortement l’ensemble
Rapport Q/P: 7.5/10: Chère mais la polyvalence compense et la durabilité permettra d’amortir dans le temps et les bornes.
Style: 8/10: Pas mes couleurs ni mes dimensions préférées, mais visuellement c’est cohérent et s’intègre bien dans la gamme.
Total 7.85/10
Avis Trabuco Max Multi Tester en Anglais ICI
Comparaisons
Liste de tous les articles et avis parus sur RTR: ICI
Hoka Speedgoat 2
Alex: Très similaires sur le poids, l’emploi et la polyvalence, la Trabuco Max est plus rembourrée sur le dessus, et offre un grip largement supérieur à celui - pourtant pas mauvais - de la Speedgoat. Celle-ci a un comportement plus proche de ce que l’on attendrait d’un drop de 5mm et avec une semelle incurvée également, me permet de mieux garder ma foulée naturelle. Le volume dans la Speedgoat est un peu supérieur à celui de la Trabuco Max, notamment à l’avant. Difficile de les départager et j’aimerais picorer un peu des deux pour avoir quelque chose d’optimal.
On Running Cloudutra (Article anglais ici, version française prochainement)
Jérémy: En termes de conception, style, chaussant, qualité, il n ‘y a pas photo, la CloudUltra est incomparable à la Trabuco, pour un tarif encore un peu plus élevé - mais qui me semble plus justifié. Je trouve que la CloudUltra fonctionne mieux avec ma foulée, et elle me semble plus stable, plus précise, ce qui pourra être appréciable dans les terrains les plus techniques. Mais tout cela est gâché, éteint, par un amorti beaucoup trop ferme, si bien qu’il est difficile d’apprécier ses qualités. Sur un terrain très technique, où l’on courra assez peu, type Echappée Belle, la Cloud Ultra sera plus agréable. Idem en montée.Mais partout ailleurs, quand il faudra courir sur les chemins plats, encaisser de longues descentes, la Trabuc sera tellement plus agréable, confortable et dynamique qu’il est difficile de conseiller le modèle suisse.
Salomon S/Lab Ultra (article ici)
Jérémy: Un meilleur fit, une meilleure tenue du pied avec tige plus fine, mieux conçue, la Slab Ultra sera plus à l’aise dans pas mal de cas sur les trails un peu techniques. Je trouve son amorti suffisant même pour les longues distances, mais beaucoup préfèreront le surplus de moelleux et de rebond de la Trabuco, ainsi que sa facilité à dérouler sur les parties roulantes. Deux modèles efficaces mais de façon très différentes, qu’il faudra choisir en fonction de ses préférences: moins d’amorti, meilleur fit, meilleure précision pour la Salomon, contre plus d’amorti, plus de confort et une perte de stabilité et précision pour la Trabuco max. J’ai une nette préférence pour la première approche.
Avis Video en Anglais par Alex Filitti sur notre YT
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Les avis exprimés sont ceux des auteurs et n’engagent que eux.
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