Article par Jeremy Marie
Saucony Endorphin Trail (160€)
Editor's Note: Saucony has paused the Endorphin Trail.
Our team has identified an inconsistency in the midsole component of a very small percentage of our Endorphin Trail shoes. While we thoroughly investigate the issue, we are pausing all marketing of the shoes."
Our test team has not as of yet noticed any issues. The affected version is the "Reverie" color way. The Endorphin Trail is expected to re emerge Spring 2022.
Introduction
Pendant longtemps, le seul modèle trail de Saucony qui me plaisait était la Peregrine...que j’ai connue dès sa 2eme itération. Une chaussure simple, légère, souple, efficace, terriblement plaisante à courir. Mais avec les années, elle s'est progressivement transformée, prenant du poids, de l’épaisseur, perdant en souplesse (comme moi!)...et l'idylle des premiers temps a vite laissé sa place au désintérêt pour un modèle qui n'apporte plus ce que je cherchais dans une trail. Je désespérais un peu de voir Saucony proposer à nouveau une chaussure de trail d’inspiration minimaliste, en profitant des apports récents sur les mousses d’amorti, la conception des empeignes, le profil de la semelle…
En dépit de tests dithyrambiques, et malgré de très bonnes expériences avec les modèles route classiques de Saucony, je n’ai jamais craqué pour un des modèles de la série des Endorphin l’an dernier. Le poids plume, l’amorti, la réactivité, et un chaussant qui sied tellement à mon pied étaient pourtant autant d'arguments pour me faire franchir le cap.
Forcément, en combinant “Endorphin” et “trail”, et avant de voir les spéciications de la chaussure, j’étais comme un gamin qui retrouve un jouet de sa jeunesse. Peut-être le retour d’une chaussure comme je l’attendais? Une version trail des Endorphin Speed? Légère, amortie, dynamique, avec une semelle externe proche de celle des Switchback, qui passe bien sur les chemins “tranquilles”?
Les premières images m’ont bien montrées que j’étais complètement à côté de la plaque! L’Endorphin Trail est un véritable monstre haut perché sur son épaisse couche de PWRUN PB (la mousse utilisée dans la série Endorphin de route ) et munie d’une semelle externe agressive, qui ressemble à celle d’une Speedcross.
Tous les attributs propres à sa série sont présents: un amorti énorme grâce à une généreuse épaisseur de PWRUN PB, une semelle peu flexible, le profil Speedroll (la courbure de la semelle qui facilite le déroulé du pied, utile quand la semelle est aussi peu flexible).
Toutefois, si le poids annoncé semblait raisonnable juste sous les 300g, mon 44.5EU/10.5US affiche un costaud 350g sur la balance, bien au-delà de ce que j'aurais imaginé pour une Endorphin.
On est clairement en présence d’une chaussure pour le long, avec la promesse d’un amorti durable, d’une grosse accroche….voyons voir comment cela se concrétise une fois les chaussures aux pieds.
Pour:
Une protection hors du commun
Un amorti énergique
Plutôt stable pour une chaussure si haute
Cramponnage efficace dans les sols meubles, n’accumule pas trop la boue.
Le Speedroll efficace sur route et chemins faciles
La languette intégrée très agréable et bien réalisée
Chaussant très ajusté, assurant un bon maintien.
Contre:
C’est lourd!
L’empeigne est chaude - à voir en plein été.
L’accroche est polyvalente mais trouve très vite ses limites sur roches humides.
Les crampons vont mieux sur les sols meubles. Plus petits et plus nombreux, ils seraient plus polyvalents
La tige est un peu trop serrée au niveau du coup de pied
Un point de frottement/échauffement sur l’extérieur du pied, sur toutes les sorties.
Trop d’épaisseur, de rigidité, de déconnexion du sol pour moi, me donnant parfois l’impression de courir avec des (très efficaces) sabots
Statistiques
Poids officiel: homme 315g/ 11.11 oz US9 /42
Exemplaire: US10.5 /EU44.5: 356g/345g (gauche/droite)
Hauteur de semelle:avant: 32.5mm, talon: 36.5mm, Drop = 4mm
160€
Jeremy: 40 ans, coureur depuis 2013, avec pas mal de trails de tous formats, de 30kms à 160kms. Peu intéressé par les chronos, ma seule vraie référence sur route est 36´25 sur 10kms.
Adepte de la borne (70-120kms par semaine, et une dizaine d’heure de vélo), je suis passé progressivement vers le triathlon depuis 2 ans pour varier un peu les plaisirs.
Premières impressions
Jeremy: Ce sont des monstres! Même la boîte à carreaux dans laquelle elles sont livrées est bien plus grosse que les autres boîtes. Un bon point pour Saucony qui pousse leur motif 2021 façon drapeau à damier jusque sur les boîtes. Ça en jette,et personnellement, je suis fan! Ça se démarque clairement des autres chaussures de trail (ou de route!), alors que ce n’est, au final, que du noir et du blanc. Quelques touches de couleurs viennent égayer l’ensemble, que ce soit au niveau de la languette, des passants de lacets, ou bien de ‘impressionnante semelle jaune poussin qu’ lon devine à la ‘vant ou à travers les crampons, et qui semble implorer qu’on l’emmène sur les terrain difficile afin de montrer ce qu’elle a dans le ventre.
Une fois en main, il ne fait aucun doute que c’est une chaussure taillée pour l’ultra. Elle est robuste, de la tige à l’épaisse semelle, et pèse son poids, la bougresse. Ne vous y trompez pas, toute Endorphin qu’elles sont, les Trails sont de véritables mastodontes.
L’expression bien connue dit “une main de fer dans un gant de velours”, mais les Endorphin Trail seraient plutôt l’inverse: une main de velours dans un écrin de fer.
Le chaussant est vraiment ajusté - presque un peu trop pour moi, au niveau du coup de pied en particulier, mais sans point de pression particulier.
La languette intégrée, façon mini-chaussette, est très extensible et parfaitement intégrée avec la tige et assure une excellente tenue du pied, très proche de celui-ci. Ce type de chaussant est de plus en plus répandu dans les chaussures de trail grâce à l’évolution des technique de tissage (On CloudUltra, S/Lab Ultra 3, ou la Pulsar qui pousse ce concept à son paroxysme) et je trouve que c’est une excellente chose: le maintien du pied est assuré par l’empeigne en elle-même, avec un recours minimum aux inserts et doublures. On a à la fois un meilleur maintien, plus proche du pied, qui se conforme mieux aux mouvements de celui-ci, le tout avec un moins de matière. Cela demande évidemment un gros travail de conception sur la forme et l'élasticité à apporter à la tige, mais Saucony a fait un bon boulot de ce côté-là, malgré je le répète un ajustement chouïa trop serré à mon goût.
La chaussure taille comme toutes les autres Saucony que j’ai pu avoir, et je suis bien à l’aise en longueur dans un 44.5/10.5US: j’ai à la fois un bon maintien du pied et du talon (la seule exception fut une paire de Peregrine qui m’a cisaillé le talon avec un insert rigide…), un peu de place en longueur à l’avant du pied (généralement 0.5cm pour moi) et une place suffisante en largeur pour mes orteils, tout en restant moin d’une Altra évidemment.
Malgré un volume conséquent, l’empeigne me donne vraiment l’impression d’une chaussette - épaisse et lourde, et haute perchée- mais vous avez saisi l’idée de la tige "malléable".
L’empeigne
La tige justement, parlons-en. Il y a eu pas mal de boulot dessus, pour assurer un maintien très efficace du pied en dépit de la hauteur de la chaussure. Saucony a vraiment assuré en proposant une combinaison de matériaux extensibles et fins à certains endroits, et des plus rembourrés et rigides ailleurs.
La partie arrière est la plus classique et je n’ai pas vraiment de point négatif à reporter.
Le collier est épais, mais pas trop, et permet un maintien confortable du talon, que ce soit en montée ou descente.
Le contrefort externe visible en noir s’étend un peu sur les côté pour assurer un peu de stabilité. La partie haute est plus flexible, et une boucle est présente pour faciliter le (dé)chaussage. Un détail appréciable en général, et qui devient très pertinent sur les constructions “en chaussette”
La partie médiane est probablement celle qui marque le plus la réflexion apportée sur la conception de l’empeigne. Combinant des matériaux élastiques et d’autres plus rigides, elle est à la fois très proche du pied (on enfile vraiment la chaussure comme une chaussette) mais aussi très "adaptable". Le pied n'est pas coincé dans un carcan rigide, mais plutôt pris dans ce qui pourrait ressembler à une chevillère souple, qui permet un soupçon de mouvement et à-même d’accompagner le gonflement du pied lors des longues sorties. Et si ce n'est mon coup de pied assez fort, auquel il manquerait un tout petit peu de volume à cet endroit, ce type de construction s'adapte aussi à de nombreuses formes de pied sans avoir à recourir à un laçage très serré, et qui serait donc moins confortable.
Pour mon pied, je trouve que la partie médiane de la Cloud Ultra ou de la Slab Ultra marche mieux...peut-être parce que les matériaux y sont moins épais? Pourtant en statique, le confort du chaussant de l’Endorphin Trail est sans conteste l’un des plus confortables que j’ai pu tester.
En conséquence, en course, je ne serre quasiment pas les lacets, comme avec la S/Lab Pulsar en fait, et comme avec cette dernière, cela ne compromet en rien le maintien, et j’y trouve le petit plus de volume qui me va bien.
L’élasticité de la languette, combinée aux 2 boucles (au talon et sur la languette elle-même) permet de facilement chausser et déchausser. Plus aisément que sur la S/Lab Pulsar par exemple. Ce genre de chose peut sembler un détail quand on enfile la chaussure chez soi tranquillement avant un run, mais dans le contexte d’un ultra, avec quelques heures de course derrière soi (et d’autres devant!), pouvoir facilement chausser/déchausser quand la lucidité commence à se faire...discrète est très appréciable. Cette conception en “chaussette” permet aussi de minimiser les débris pénétrant dans la chaussure, sachant que le reste du mesh est suffisamment dense pour constituer une barrière efficace à des désagréments.
Comme on peut le voir, il y a une sorte de “filet” interne au niveau du coup de pied afin d’apporter un peu plus de structure et de maintien latéral. Je me demande si ce n'est pas superflu, compte tenu de la densité du mesh et de sa solidité, du logo Saucony qui sert de renfort externe, ainsi que la véritable toile créée par les fins inserts semi-transparents sur toute la partie haute de la chaussure que l’on devine sur les photos. Pour moi, il y a un peu de poids à gagner de ce côté là sans compromettre le maintien.
A l’avant, la “boite à orteils” est plutôt ronde en dépit de son apparence pointue en photo. Cette fausse impression est due à l’énorme pare-pierre noir qui recouvre généreusement le dessus des orteils et s’étend assez loin sur les côtés.
Aimant bien les avant-pieds un peu larges - mais pas trop, je trouve que le compromis est ici plutôt bon. J’ai de la place pour les orteils, y compris sur les sorties plus longues, mais le maintien et la précision restent corrects, y compris sur des descentes pleines de cailloux.
Tout comme la languette à cet endroit là, les lacets sont légèrement extensibles - c’est une évidence pour ne pas “bosser” à l’encontre des matériaux de l’empeigne. L’ensemble fonctionne donc de concert pour apporter un “maintien adaptatif” au fil de la sortie, permettant de gagner un peu de place quand le pied gonfle sans devoir s'arrêter pour desserrer les lacets.
Cette excellente empeigne n’a pour moi qu’un réel défaut: elle est peu respirante et chaude. C’est peut-être une conséquence de sa construction un peu “too much”, mais très robuste. L’épaisseur du mesh, l’insert au niveau du coup de pied, s' ils assurent un très bon maintien, ne permettent pas d’évacuer au mieux la chaleur. Sur mes premières sorties, les températures autour de 10°C n’ont pas mis en évidence de défaut, mais dès que le printemps a enfin pointé le bout de son nez, dès les 15-20°C, j’ai rapidement senti que j’avais les pieds bien au chaud. Trop au chaud. Et je pense que c’est la cause de l’échauffement ressenti sur la partie externe du pied, à la base du petit orteil. Je n’y vois pas d’autre raison, il n’y a pas de couture ici, et l’excellent maintien évite tout mouvement intempestif.
Les Endorphin trail ont donc une tige très complexe, qui a manifestement demandé beaucoup de réflexion pour apporter beaucoup de maintien, nécessaire pour une chaussure haute perchée, mais sans contrainte excessive, et surtout fonctionnant avec une grande disparité de forme de pied, ce que mes confrères de RTR ont pu constater dans leurs essais respectifs.
Personnellement, je pense qu’il y a à gagner en simplifiant un peu cette partie, en retirant certains inserts par exemple, ou en diminuant la densité du mesh. On y perdrait sûrement un peu en durabilité (et encore), mais on y gagnerait en souplesse, en respirabilité et en poids. Tout est affaire de compromis.
Semelle intermédiaire
Jeremy:
C’est mon premier essai d’une chaussure munie de la mousse PWRUN PB de Saucony, et je dois dire que cela n’a fait qu’augmenter encore un peu mon intérêt pour les modèles route de la série des Endorphin. Proposant un bon compromis entre dynamisme et confort, j’ai trouvé que la densité de la semelle intermédiaire permettait une bonne connexion avec le sol.
Évidemment, évoquer une connexion avec le sol pour une chaussure avec une semelle si imposante peut sembler étrange, mais je parle plutôt de la réaction de l’amorti en fonction des aspérités du terrain, des rochers, de l’endroit où l’on pose le pied. J’ai trouvé, au contraire d’une trop rebondissante Trabuco Max, que la réaction de la chaussure était très homogène et conforme à ce que l’on a sous le pied, à la forme du sol, permettant de mieux sentir, comprendre où l’on pose le pied, et donc d’anticiper la foulée suivante.
Il en résulte une course à la fois sécurisante, de part la protection apportée par l’épaisse semelle, mais qui reste relativement consciente, sans effacer ce que l’on a sous le pied.
Ce sont deux atouts qui peuvent sembler antagonistes, mais qui se retrouvent pourtant bien dans l’Endorphin trail, grâce à la densité et réactivité du PWRRun PB. Ni trop dure, comme ce que j’ai retrouvé, à regret, sur la Cloud Ultra, ni trop molle, comme une sur une Hoka classique dont je n’apprécie pas cet effacement du sol, ni trop “rebondissante”, comme sur la Trabuco Max qui pour moi troublait la lecture du sol dans les parties plus techniques.
Cette capacité à sentir le sol (pas forcément les cailloux!) sous les pieds est l’une des raisons qui me tiennent éloigné, en général, des chaussures de trail ultra amorties. Endorphin trail permet de conserver cela, tout en apportant un confort sans commune mesure pour la longue distance, sans plaque de protection qui serait inutile vu l’épaisseur de la semelle et sa densité ,et le tout en assurant une foulée vraiment dynamique.
On remarque que la semelle intermédiaire est recouverte d’une sorte de toile, rappelant le motif à carreau de l’empeigne. Plus qu'un clin d’oeil, cet ajout est là pour apporter plus de structure à la couche de mousse, lui évitant de trop s’affaisser. Cela permet aussi un surcroit de stabilité à la la chaussure - une chaussure haute et un semelle trop molle font rarement un mariage heureux. La stabilité est aussi assurée par la large plateforme de la semelle. On note d’ailleurs un ligne de démarcation nette sur le milieu de la semelle intermédiaire à partir de laquelle cette dernière s’élargit: la base est bien plus large que le haut de la chaussure. Un compromis, toujours: ce que l’on perd en précision, on le gagne en stabilité. Pour une chaussure visant le long, rien de choquant.
Souvent, les “chaussures d'ultra proposent un amorti relativement moelleux, un peu façon canapé. Ici il n’en est rien, on est présence d’une semelle qui envoie et qui renvoie! La mousse est très réactive, et combinée au profil SpeedRoll éprouvé sur les versions route, avec sa courbure prononcée sur l’avant-pied, on a une chaussure très dynamique, avec une fin de poussée très efficace, qui permet à la fois d’être relativement économe sur les allures plus lentes, et de parfaitement bien répondre aux sollicitations plus vives.
De façon assez classique, ce profil très recourbé permet de contrebalancer l'extrême rigidité de la semelle qu’il est très difficile de plier. Le pied est donc complètement guidé au long du déroulé. Certains aiment bien cela, d’autres (j’en fait partie) préfèrent un peu de flexibilité pour laisser le pied travailler comme bon lui semble. C’est peut-être moins efficace (difficile à quantifier), très certainement moins dans l’ère du temps (facile à vérifier!) mais...c’est une question de préférences.
Malgré le poids de la chaussure, ce type de construction courbe+rigide permet de facilement allonger, en aisance, sur les parties roulantes à des allures plutôt flatteuses sans avoir l’impression de forcer. En montée, ce profil courbe et la rigidité fonctionnent aussi très bien, aidés par la grosse réponse de la semelle intermédiaire et l’accroche efficace.
Sur ma sortie la plus longue, d’environ 3h, je n’ai noté aucune fatigue de la mousse, qui a gardé ses caractéristiques du début à la fin, malgré une séance de up&down assez intensive sur les descentes. J’ai vraiment apprécié le surcroît d’amorti apporté par cette épaisse semelle.
Semelle externe
La semelle externe semble plutôt classique au regard du reste de la chaussure. Pas de découpe, de zone de flexion: juste une généreuse couche de PWRTRAC, le matériaux éprouvé chez Saucony, et un profil de crampon qui fait penser à celui des Speedcross, simplement un peu moins hauts: 4.5mm sur l’Endorphin Trail.
Mais souvent, et en particulier pour les semelles externes, les choses les plus simples sont les plus efficaces. Ici, la semelle fonctionne en effet très bien sur une multitude de terrains: secs, meubles, mous, boue légère, en montée, en descente: cette semelle assure dans la plupart des cas, en ayant le bon goût de ne pas se charger de boue et de très bien évacuer celle-ci. Heureusement, car vu le poids de base de la chaussure, me retrouver avec en plus un tas de boue accroché aux crampons est la dernière chose dont j’aurai envie! J’ai pu tester cela pendant les 60 premiers kilomètres avec ma paire, effectués dans des conditions disons...humides, très humides!
De plus, la dureté modérée de la gomme fait qu’elles passent plutôt bien sur le bitume. Les inévitables transitions sur route ne seront donc pas un calvaire, chose que l’on pouvait aisément craindre vu le gabarit de la chaussure. Ici, l’alliance de la semelle, du profil Speedroll et de la semelle externe permet de ne pas subir ces passages.
L’accroche de la partie avant est particulièrement efficace en côte, et je pense que le profil recourbé de la semelle n’y est pas pour rien, permettant de vraiment attaquer le sol avec un angle intéressant sans devoir trop forcer sa pose de pied, et donc économiser ses mollets.
Encore une fois, ce profil est presque une obligation compte tenu de la rigidité de la semelle. Si celle-ci avait été trop plate, il aurait été difficile de bénéficier des crampons à l’avant (et la course sur le plat aurait été désagréable). Là, “ça mord” le sol et on peut grimper sans peine, ou du moins sans craindre de déraper même dans les pentes les plus fortes...tant que l’on ne rencontre pas de roche humide.
Le composé PWRTRAC arrive ici à ses limites, et il faudra être très vigilant sur les sols durs humides type rochers mouillés. On est loin d’une savonnette comme les Craft CTM Ultra ou les Nike Terra Kiger qui m’avaient procuré quelques frayeurs, et cela reste plutôt conforme aux autres chaussures dites “polyvalentes”. Un compromis est toujours à faire entre la durabilité, l’accroche sur la roche mouillée et les crampons. Avec plus de crampons plus petits, l’accroche aurait été un peu meilleure dans ces conditions, mais moins bonne sur les sols meubles et un peu boueux...Le compromis et le choix, encore une fois.
Les crampons arrière, orientés dans l’autre sens, assurent autant que ceux à l’avant dans les descentes. Je n’ai pas eu une décrochage ou de glissade incontrôlée dans les descentes de chemins, même en attaquant gaiement pour éprouver l’amorti.
Bref, la semelle externe n’appelle que peu de critique, et se montrera très durable, à l’instar du reste de la chaussure. Pas une trace d’usure de crampons après plus de 100kms, dont près de la moitié sur des sols abrasifs.
Expérience de course
Vu la quantité de matière que l’on a autour du pied, la foulée penche clairement du côté stable et “écrase tout” de la balance.
Pour l’aspect positif, la foulée reste réactive et énergique, très pêchue, et ce en dépit du poids de la chaussure. Je le répète, la combinaison du PWRRUN PB et du profil Speedroll permet de dérouler sans peine et de façon très efficace sur un panel d’intensité très large, depuis le footing cool jusqu’au petit tempo si grisant sur les single trails. On se sent vraiment poussé vers l’avant, avec un effort minime, et donc une belle économie de course, sur tous les terrains un peu roulants, que ce soit sur le plat ou en bosse. J’aime vraiment la densité de la semelle, ni trop dure, ni trop molle, qui renvoie tout ce qu’on lui donne, et permet de sentir les inégalités du sol et de rester conscient, de ne pas tomber dans la paresse.
Evidemment, l’amorti est vraiment énorme, et c'est de loin la chaussure la plus protectrice que j’ai pu chausser, même sans plaque de protection.
C’est particulièrement sensible à la fin des sorties longues, où l’on termine avec les jambes peu fatiguées. Je pense en particulier à une sortie d’un peu plus de 30kms où j’ai pas mal “abusé” dans les descentes, que j’ai terminé sans heurts. Bluffant, tout simplement.
L’avantage de cela est que ça pardonne aussi l’inévitable dégradation de la foulée lorsque la fatigue s’installe sur les séances les plus longues ou les courses. Quand on deviendra moins “aérien”, moins léger dans sa pose de pied, on pourra sans souci se reposer sur l’amorti et la stabilité de la chaussure pour prendre le relais et nous préserver.
Cependant, et d’un point de vue strictement personnel, tout cela est “trop” pour moi, et un peu éloigné de mes préférences. Je ne remets pas en cause l’efficacité de la chaussure: elle remplit parfaitement sa fonction et ce pour quoi elle a été conçue: proposer amorti, dynamisme, protection, accroche, stabilité, le tout sur une épaisse couche d’amorti. C’est un monstre de chaussure d’ultra, qui assurera quasiment partout pour peu que l’on soit habitué à ce genre de gabarit. En terrain technique, je pense que sa rigidité sera un inconvénient, mais c’est un des seuls que je vois.
Mais pour moi, mes préférences et habitudes, je la trouve trop massive, presque malaisée à courir.Clairement le poids est l’un des responsables de ce sentiment, en dépit du boulot effectué de concert par la semelle et le profil pour le faire disparaître.
J’apprécie moyennement le manque de flexion de la chaussure, et je pense qu’une tige un peu plus fine et respirable serait une modification intéressante à apporter.
Je troquerai aussi volontiers un peu de la protection énorme de la semelle contre quelques millimètres d’épaisseur en moins, et cela n’entamerait que très peu ladite protection.
J’aime réussir à oublier la chaussure que j’ai au pied, et ce n’est pas un sentiment que j’ai pu avoir avec l’Endorphin Trail. La rigidité, la tige un rien trop contraignante pour mon pied malgré son élasticité sont aussi sûrement en cause. Enfin, quand on commence à fatiguer, j’ai trouvé que le combo rigidité/Speedroll était moins efficace en terrain escarpé. Sur les terrains faciles, on peut dérouler facilement, mais la hauteur et la rigidité de la semelle me demandent plus d’effort quand le terrain est accidenté, et fonctionnent moins.
Conclusion et recommandations
Mes attentes sur l’Endorphin Trail ont surement été mal orientées du fait du patronyme Endorphin. La chaussure propose une course très réactive, dynamique, pêchue, le tout avec une excellente stabilité malgré la hauteur, une protection sans commune mesure, avec une durabilité a priori intéressante. Mais je m’attendais à une chaussure de trail plus légère, là où l’Endorphin Trail est un vrai monstre taillé pour avaler les ultras et les cailloux comme d’un rien.
En mettant de côté mes préférences pour les chaussures plus flexibles et moins hautes, j’ai du mal à trouver de réels défauts à cette dernière née de chez Saucony. C’est un excellent exemple de chaussure de trail incorporant une mousse moderne, une tige novatrice dans un package taillé pour l’ultra avec du dynamisme à revendre. La qualité des matériaux ne souffre d’aucun reproche, tout comme leur mise en œuvre avec un niveau de finition excellent.
Mais cela reste pour moi un ensemble dans lequel je prends moins de plaisir à courir, et c’ets clairement “trop” pour moi, à tous les niveaux, même pour des ultras.
Score: 8.4/10
Course 7.5(30%) Fit 8.5(30%) Rapport Q/P 9(10%) Style: 8(5%) Traction:8.5(15%) Protection:10(10%)
Comparisons
Index tous Avis RTR: (C)
Saucony Endorphin Trail vs. Saucony Xodus 11 (Test RTR français , test anglais)
L’autre vision de la chaussure d’ultra par Saucony. Plus classique, avec une mousse déjà vue avant mais qui reste particulièrement efficace (PWRRUN +) avec aussi un excellent compromis entre le confort et le dynamisme. Un poids similaire, une traction que je trouve plus versatile sur les terrains durs ou la route, moins de hauteur sous semelle, plus flexible...j’ai préféré courir dans la Xodus 11 que l’ET, tout moderne que soit cette dernière!.
Saucony Endorphin Trail vs. ON Cloudultra (RTR Review)
La tige de la On Cloud Ultra fonctionne mieux pour moi. Elle est plus légère, moins proche du pied mais offrant le même maintien efficace dans une version plus aérée.
Malgré mon affection pour le motif à carreaux de la Saucony, le style de la On est imbattable.
La On est plus légère aussi, et semble surtout plus légère en courant. L’accroche dans la boue est bien meilleure sur l’Endorphin Trail, tout comme l’évacuation de celle-ci. La suissesse sera plus à l’aise sur les surfaces dures et la roche mouillée grâce à ses crampons plus mesurés.
Malheureusement, la fermeté de la On la rend particulièrement désagréable à courir, sans réactivité, là où l’Endorphin trail laisse s’exprimer tout le dynamisme de sa semelle intermédiaire.
Je me sens bien mieux dans la On….jusqu’à ce que je doive courir...et comme on parle de chaussure de course, il n’y a pas de match, la Saucony sera plus agréable sauf peut-être dans les terrains les plus accidentés et rocailleux (type Echappée Belle)..où l’on courra peu.
Saucony Endorphin Trail vs. Craft CTM Ultra (RTR Review)
J’ai beau avoir eu un petit coup de cœur pour la Craft sur la route, je ne l'emmènerai pas sur un trail un tant soit peu technique vu le peu de structure de la tige et la hauteur de la semelle. ET bien entendu, sa semelle savonnette sur le mouillé l’éloigne de toute course avec des conditions incertaines.
Sur des trails faciles type Ecotrail de Paris, en période sèche, je pense que la Craft sera plus à l’aise, sinon, l’Endorphin Trail est plus intéressante.
Saucony Endorphin Trail vs. Salomon Slab Ultra 1 (RTR Review)
La SLab Ultra est pour moi le parfait compromis entre protection, dynamisme, flexibilité, maintien, confort….pour une chaussure de trail. C’est MA chaussure d’ultra favorite. L’ET est bien plus amortie et protectrice, plus moderne dans sa conception, mais propose bien trop pour moi, même pour des courses de plus de 20h en montagne. Son profil courbe la rende très efficace sur les terrains roulants, avec des transitions très douces sur toute la pose de pied, mais je préfère la flexibilité et la sensation plus naturelle de la Salomon à la sensation d’être contraint dans ma foulée.
En ajoutant le poids de l’ET dans l’équation, mon choix est rapide et je prendrai la Salomon, peu importe le terrain et le profil.
Saucony Endorphin Trail vs. Asics Trabuco Max (RTR Review)
La Japonaise est bien plus traditionnelle avec une tige très classique et bien moins efficace dans laquelle j’ai eu du mal à trouver le bon réglage. La semelle FFoam est très rebondissante, c’est marrant sur le plat, mais cela m’a pas mal dérangé dans les chemins, perdant le contrôle dès que le sol devenait un peu accidenté.
Suivant la même conception avec une semelle rigide et un profil à la courbure très prononcée, j’ai trouvé l’Asic plus facile à courir dans les chemins roulants. La traction est aussi bonne dans les deux, peut-être meilleure sur les roches mouillées dans l’Asics.
Je me suis néanmoins bien plus amusé dans l’Asics que dans la Saucony, elle m’a semblé plus vivante, plus légère.
Sur les terrains plus techniques, la densité de l’Endorphin sera intéressante, mais en dehors de cela, malgré le chaussant moins efficace, je prendrai l’Asics.
Les produits testé fourni gratuitement par Saucony
Les avis exprimés sont ceux des auteurs et n’engagent que eux.
1 comment:
semelle hors service après 50km, déchirure importante coté intérieur!semelle constituée de billes de polystyrène
Post a Comment