Article par Jeremy Marie
Scarpa - Spin Race (199,00 €)
Introduction
C'est le deuxième modèle Scarpa que j’ai en test, après la Golden Gate Kima qui m'avait laissé une très bonne impression. La Spin Race se situe presque à l'opposé du spectre des chaussures de trail, avec une épaisseur de semelle minimale et un poids contenu..
Les chaussures de trail, et les chaussures de course en général, ont tendance à épaissir au fil des versions, et j'étais impatient de tester la Spin Race qui peut presque sembler « démodée », étant une chaussure dépouillée, légère et agile faite pour les terrains techniques. Même Salomon ne fabrique plus ce genre de chaussures, eux pourtant précurseurs avec l'ancienne ligne Sense. Voyons ce qu'il en est de la Scarpa Spin Race, et dans quelle mesure elle a sa place en 2024.
Pour:
Légère - 240g en EU 44
Tige robuste, légère et respirable
Très ajustée, bon maintien
La semelle minimaliste reste protectrice, et réactive
La sensation du terrain est excellente
La semelle Vibram et la flexibilité assurent une accroche parfaite.
Très stable
Beaucoup de fun: le poids, la flexibilité, la sensation du terrain…Des sensations oubliées !
Le système de laçage, une fois compris, est très pratique et efficace.
Cons
Chaussant très étroit, attention aux pieds larges
Pourra être trop minimale pour certains.
Specifications
Poids:
Officiel: 215 g ( EU 42.5)
Exemplaire testé: 240 g (EU 44)
Drop: 4 mm (22 mm / 18 mm)
Empreinte au sol:: 81mm/70mm/112mm talon/medio/avant
Disponible en Europe pour € 199.00
Tous les tests RTR: ICI
Premières impressions
Le chaussant de la Spin Race est plutôt ajusté, comme on pourrait s’y attendre vu la cible visée. C'est parfait pour les pieds étroits, mais les coureurs aux pieds plus larges devront l’essayer avant de se décider. La place à l’avant est correcte, mais plus limitée que sur une NNormal Kjerag par exemple.
L’ajustement est très bon, et le maintien du pied excellent. La tige en Matryx Micro n’est pas extensible du tout, gage d’un maintien sûr et sécurisant, mais sa finesse et sa souplesse lui permettent de bien venir envelopper le pied.
Fine, est elle aussi très aérée: la transpiration, ou l’eau, seront rapidement évacuées. Côté durabilité, il n’y a pas trop à s’inquiéter, le Matryx ayant fait ses preuves depuis quelques années maintenant sur différents modèles de chaussures.
On retrouve une couche en TPU à l’avant du pied pour protéger les orteils en cas d’impact.
Un insert en TPU noir court depuis l’avant dernière oeillet, sur le haut du pied, jusqu’au talon, apportant un surcroit de maintien sur cette zone à fortes contraintes.
Le talon suit la même tendance assez minimaliste, avec un renfort à sa base, et un rembourrage léger mais efficace: l’arrière du pied ne bouge pas, que ce soit latéralement ou verticalement.
Le système Sock-Fit LW de Scarpa est une conception de languette à soufflet, avec 2 larges bandes élastiques qui viennent envelopper le pied et maintenir celui-ci. C’est efficace, d’autant que cela bloque bien la languette sur le cou-de-pied.
Elle est recouverte d’une sorte de matériau néoprène, si bien que les lacets adhèrent” presque dessus. C’est la même matière que l’on retrouve aussi sur les passants, avec un avantage: les lacets ne coulissent pour ainsi dire pas du tout: on ajuste la tension comme on le désire sur la longueur du pied, et ça ne bougera plus.
Dernier point technique sur le laçage; le NBS, ou New Lace System: une sorte de clip en plastique à travers lequel passent les lacets, pour ensuite être bloqués par deux loquets.
A ma première sortie, une fois la tension ajustée, j’ai bloqué les lacets grâce à ce clip, puis je les ai noués de façon classique…en trouvant le tout un peu fastidieux et pas pratique.
Sauf que…ce n’est pas comme ça que le NBS doit être utilisé, selon moi. On doit plutôt s’en servir comme d’un Quicklace chez Salomon: on ajuste la tension sur le dessus du pied, on tire les lacets, on bloque…et on ne fait pas de nœud. Tout se range dans la poche sur la languette. Et dans ce cas là, le système est simplement parfait, pour moi. La tension choisie ne bouge pas, le clip maintient les lacets exactement comme on les a réglés, et rien ne bouge pendant la sortie. Besoin de donner un peu de mou ? On déclipse, remonte un peu la pièce plastique, on reclipse, terminé. C’est rapide, efficace, et combine selon le moi le meilleur des deux mondes.
Attention aussi aux tailles choisies: le 10.5US correspond ici à un 44 EU, et non à l’habituel 44.5. Le tableau des tailles est plutôt précis et il faudra s’appuyer dessus pour éviter une déconvenue.
Semelle intermédiaire
Jeremy : La mousse Spring est une mousse EVA infusée à l'azote et penche plutôt vers le côté “ferme” de la balance, ce qui est attendu pour ce type de modèle et un stack de 22/18 assez bas, surtout de nos jours.
La première sortie peut même sembler un peu sèche, avec l'action combinée de la mousse pas encore “faite” et de la semelle Vibram qui apporte toujours un peu de fermeté aux débuts.
J'apprécie le caractère « direct » de l'amorti, où l'on peut vraiment sentir où l'on pose les pieds, et contrôler la façon dont on va « rebondir » après l'impact: le coureur est aux commandes.
On se sent en sécurité, quel que soit le terrain sur lequel on court.
Il est amusant de voir comment, presque inconsciemment, la foulée s'adapte, la cadence augmente sur les terrains plats et en descente, et comment on commence instantanément à “faire des claquettes” avec ce type de chaussure fine, flexible, à l’amorti limité.
Cela apporte beaucoup de plaisir aux sorties en trail, où chaque partie technique devient ludique. Bien sûr, compte tenu de la hauteur limitée et de la fermeté de la semelle intermédiaire, la Spin Race est intrinsèquement stable, comme l'exige ce type de modèle.
Passés quelques kilomètres, j’ai trouvé que la mousse s'assouplissait un peu, comme c’est souvent le cas, sans devenir molle pour autant. On gagne juste très légèrement en confort, mais on conserve un fort dynamisme, qui demandera quand même beaucoup de travail aux mollets et beaucoup “de pied” comme on dit.
On remarque des inserts de mousse stabilisante à l'intérieur (côté médial), qui sont légèrement plus fermes, apportent une stabilité supplémentaire au niveau du medio pied.
Semelle externe
Semelle en Vibram Megagrip Litebase. Qu’ajouter d’autre? Adhérence excellente, sécurisante quelque soit les conditions, y compris sur roche ou racines mouillées. J'aime beaucoup la façon dont Scarpa décrit la mise en œuvre des crampons de sa semelle extérieure :
(Source: site web Scarpa)
Cela fonctionne très bien, y compris, et c'est presque surprenant, dans des conditions modérément boueuses, compte tenu de la hauteur limitée des crampons de 3.5mm.
Test terrain
J'ai pris beaucoup de plaisir à courir avec la Spin Race. Revenir à une chaussure aussi minimale après des centaines de kilomètres dans des chaussures plus amorties permet de renouer avec le terrain, mais aussi avec ses pieds : on les sent travailler beaucoup plus, sentir le sol, réagir à ces stimuli invisibles et adapter la foulée instantanément. Elle est même plus extrême que la NNormal Kjerag à cet égard, tout en perdant un peu de polyvalence bien sûr.
La protection contre les cailloux est suffisante, grâce à la fermeté de la mousse. La chaussure est stable, prédictible, au comportement très sain, mais apporte toujours beaucoup de réactivité à chaque pose de pied.
La Spin Race n'est pas une chaussure facile à emmener pour les longs kilomètres, car elle sollicite les mollets, mais c'est le genre de chaussure que tout coureur de trail se doit d'avoir dans son arsenal, selon moi Oui, vos pieds, vos mollets et votre concentration travailleront à 100 %, mais c’est à la fois une source de fun et de progression.
J'ai re-découvert à quel point il est amusant de dévaler les pentes en accélérant la cadence, en allégeant le pas, passant de caillou en racine en étant 100% confiant dans la façon dont la chaussure va réagir, à la fois en termes d'adhérence et de réaction de la mousse.
Un point négatif toutefois, je pense qu'étant donné la faible hauteur de la chaussure et l'amorti minimal, le poids pourrait être plus contenu. Les Pulsar sont beaucoup plus légères et plus amorties, mais moins stables et aptes en terrain difficile, et la Kjerag, avec un peu plus d'amorti malgré une stack similaire, pèse le même poids.
Conclusion
Jeremy: La Scarpa Spin Race est une excellente chaussure de trail, qui apporte un peu de fraîcheur dans cette ère de chaussures sur-amorties. La chaussure est légère, sécurisante, réactive, avec une excellente traction et apporte beaucoup de plaisir et de fun en course. C'est une version moderne de l'ancienne ligne S/Lab Sense de Salomon, qui devrait plaire à certains coureurs nostalgiques à la recherche d'une chaussure agile, légère et durable. Le prix est assez élevé, et l’usage forcément un peu limité, mais vous en avez pour votre argent : une chaussure durable, bien construite avec des matériaux de qualité.
Note: 9 /10
(-0,5 pour le prix, -0,3 pour l'usage limité, -0,2 pour la forme qui ne conviendra pas à tous)
Comparaisons
Normal Kjerag: (Test RTR): la chaussure la plus proche de la Spin Race sur le marché, selon moi. La Kjerag pèse le même poids,a le même stack, mais elle semble un peu plus amortie et plus adaptée aux longues distances. Je la trouve un peu moins agile, mais je ne sais pas exactement pourquoi. Peut-être est-ce dû au fit de la Kjerag, plus large à l’avant et globalement un peu moins ajustée.Le confort général est similaire.
Elle sera plus adaptée aux longues distances, mais vous perdez un (tout petit) peu de précision. Les prix sont similaires.
Scott Supertrac RC2 (Test RTR) C'est toujours l'une de mes chaussures préférées pour les sorties courtes et rapides et surtout quand je veux m'amuser en descente, faire bosser mes pieds et avoir du dynamisme.Mon exemplaire est un peu âgé, mais elles vieillissent très bien, ce qui témoigne de leur durabilité et de la qualité des matériau employés. Leur mousse est un peu plus raide, avec moins de rebond - bref elle trahit son âge, et la semelle extérieure manque d'adhérence par rapport à la Vibram. La Spin Race les remplace facilement pour le même travail - mais j’aimerai bien voir Scott sortir une nouvelle version.
Jeremy: Paris, France.
44 ans, Coureur depuis 2013, avec pas mal de trails de tous formats, de 30kms à 160kms. Peu intéressé par les chronos, ma seule vraie référence sur route est 36´25 sur 10kms et non officiel en marathon solo de 2:54. Borneur compulsif (70-120kms par semaine), je suis passé progressivement vers le triathlon depuis 2 ans pour varier un peu les plaisirs.
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TOP4 RUNNING FRANCE
Hommes & Dames ICI
2 comments:
Merci Jeremy pour cet essai. J’ai les pieds étroits et parfois je trouve les Pulsar (originaux et SG) instables… donc ce soulier semble une belle alternative. Mais VJ Spark ont plus de 600km et je suis tenté de les remplacer par ces Scarpa. Mais courses sont habituellement 10-15km donc le faible amorti ne devrait pas être un enjeu. Bonjour du Québec!
Good to see Sarpa steadily improving (Planet, ATR 2), and I'm excited for the Spin Ultra 2! I'm a Supertrac RC fan as well, and indeed the 3 is dropping next year. Athletes have been testing (Instagram), and a preview is posted on Trailrunningreview. Completely revamped. Thanks much.
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