Article par Jeremy Marie
Nike Pegasus Plus (180,00 €)
Introduction
La Pegasus Turbo reste une chaussure emblématique chez Nike, et était la rare représentante d’un type de chaussure assez peu répandu à l’époque: les trainers équipées de mousse super-critique comme l’est la ZoomX. C’était en 2018, et les choses ont pas mal évoluées depuis. Cette catégorie, les super trainers, est désormais bien ancrée dans le paysage.
Pourtant, chez Nike, en dehors de la vieillissante Streakfly, point de super trainer dans la gamme. On pourrait considérer la Tempo Next mais sa conception, si efficace, la rend assez peu polyvalente.
Nike a donc décidé de ressusciter la Pegasus Turbo à travers cette version « Plus ». Plus amortie, plus polyvalente et plus confortable que son aînée, elle vient combler un trou dans la gamme de Nike: une chaussure aussi polyvalente que son patronyme laisse suggérer, avec un surcroît de dynamisme.
Pour:
Poids raisonnable
Bon maintien
Empeigne respirante
Bon grip, gomme durable
La polyvalence et le dynamisme
Cons
Drop important de 10mm qui limite l’amorti à l’avant-pied
Le mousse perd rapidement de sa superbe.
La bande médiane cousue se fait sentir sur le dessus du pied.
Le prix de 180,00 €
Specifications
Poids:
Officiel: 245 g ( EU 42.5)
Exemplaire testé: 271 g (EU 44.5)
Drop: 10mm (35 mm / 25 mm)
Empreinte au sol:: 85mm /65mm /110mm talon/medio/avant
Disponible € 180.00 chez notre partenaire Top4Running France ICI
Tous les tests RTR: ICI
Premières impressions
Nike a clairement tiré sur la corde sensible au moment de désigner la Pegasus Plus tant la filiation avec la Turbo est assumée, même mise en avant: même allure générale, même bande colorée qui sépare l'empeigne en deux sur le dessus…la fibre nostalgique est touchée.
Et c’est réussi, comme souvent chez Nike: l’allure est à la fois racée, dynamique avec les stries présentes sur la mousse, la bande rouge sur le dessus, le Swoosh externe qui passe de la mousse à l’empeigne, mais tout en mettant aussi en avant des éléments qui renvoient au confort: la tige est assez épaisse, tout comme la semelle, et le collier de pied semble largement rembourré.
Une fois chaussées, c’est bien le confort qui ressort comme élément marquant des Pegasus Plus. Le pied trouve naturellement sa place dans une empeigne accueillante, un peu large mais pas trop, et surtout parfaitement ajustable grâce au laçage.
Bon point, la languette, juste légèrement rembourrée pour éviter toute pression des fin lacets plats, ne bouge absolument pas, sans être pourtant solidaire de la tige.
Les passants de lacets sont doublés d’une pièce en plastique qui court sur toute la longueur du cou-de-pied, donnant un peu plus de structure et de maintien, en particulier au medio-pied, à une tige plutôt souple.
On retrouve uniquement des inserts en mesh à hauteur de l’arche qui calent un peu mieux le pied et lui évitent de trop flotter.
Le collier de pied est confortable et la malléole est bien dégagée, je n’ai pas rencontré de souci de ce côté là.
L’histoire est la même au niveau du talon: la coque rigide assez haute est doublée par une généreuse épaisseur de mousse qui donne un aspect assez étroit, à la façon d’une pince, sans que cela ne se fasse sentir. Le maintien est parfait, quelle que soit l’épaisseur des chaussettes que j’ai pu utiliser.
A l’avant, la largeur est correcte et devrait convenir à tous: on reste sur ce très bon équilibre perf/confort.
Un point m’a toutefois gêné, surtout lors des premières sorties: la doublure colorée sur le dessus se fait beaucoup trop sentir. Cette surépaisseur de tissu rigidifié l’empreinte à ce niveau là, et exerce une pression sensible sur le dessus du pied et des orteils lors de la flexion. C’est dommage car la matière utilisée pour l' empeigne est douce et souple, malgré son apparente épaisseur, tout en restant très respirable.
Cette bande plus rigide apporte certes un plus visuel, et j’imagine que l’utilisation d’une surépaisseur de tissu doit avoir un intérêt pour le maintien, mais dans cette direction longitudinale cela me semble étonnant. Et surtout il y a moyen d’arriver au même résultat avec un peu plus de finesse.
Après 2 ou 3 sorties et une soixantaine de kilomètres, cette sensation un peu désagréable du départ s’estompe toutefois.
Semelle intermédiaire
Une couche de ZoomX…et voilà ! Noise a fait les choses simplement ici, avec une semelle d’un seul tenant sa mousse phare, que l’on voit aussi bien sur les modèles compétition comme la Vaporfly, que sur les chaussures ultra amorties que sont les Invicible.
Évidemment, la formulation, (densité, rebond) sont toujours un peu ajustées en fonction du but recherché, si bien que les sensations sont un peu différentes en fonction des modèles.
Ici, la mousse est clairement plus ferme que sur les modèles de compétition, permettant d’assurer une bonne stabilité sans plaque, et sans recourir à une empreinte au sol très large à l’instar des Invincible.
Ici, le stack assez important au talon, 35mm apporte énormément d’amorti jusqu’au medio-pied, mais le drop assez important de 10mm minimise de fait l’épaisseur de mousse à l’avant pied.
Personnellement, avec une foulée plutôt medio-pied, je trouve que passé 25-30km, ou disons 2h de course, le tiers avant de la Pegasus Plus manque un peu de confort. La mousse se tassant toujours un peu au fil d’une sortie, les 25 mm paraissent un peu secs en fin de sortie longue.
C’est dommage, et cela limite un peu le champ d’action du modèle, que certains pourront trouver limite pour les accompagner sur des sorties longues d’entraînement à un marathon, alors que la Pegasus Plus devrait, selon mo,i être la chaussure parfaite pour accompagner une VF ou Alphafly, que l’on conserve pour le jour de course.
Avec un drop de 8 ou 6mm, on gagnerait ce qu’il faut d’épaisseur à l’avant pour protéger encore un peu plus le pied.
Cette épaisseur plus contenue permet toutefois à la Peg Plus de conserver pas mal de flexion à l’avant, permettant de faire travailler le pied lors de la poussée. J’ai trouvé que le déroulé du pied vers l’avant était assez naturel, avec une souplesse assez uniforme de la semelle, sans point d’inflexion marqué. Le pied déroule naturellement, et c’est très bien.
En dehors de cet aspect géométrique, on retrouve la ZoomX avec ses qualités (dynamisme, rebond, une once de fermeté ici), mais aussi ses défauts, et en particulier une tendance à se tasser assez rapidement au cours d’une sortie, mais aussi passés 100-120 km. C’est assez sensible selon moi, la mousse perd ses qualités d'élasticité et de résilience pour devenir un peu plus « plate », perdant déjà un peu du joli dynamisme des débuts.
Semelle externe
On retrouve le classique motif gaufré de Nike qui couvre largement l'arrière et l'avant de la chaussure, laissant juste la partie médiane de mousse exposée. La gomme utilisée est sécurisante : son accroche même sur bitume mouillé est parfaite, et elle me semble très durable puisque je ne vois aucune marque d’usure après plus de 100 km. La partie exposée est un peu marquée sans que ce ne soit problématique.
Le dessin classique de cette semelle, avec ce qui est finalement des petits crampons, permet de sortir un peu de l’asphalte et passer sur chemins secs sans trop de souci.
Cette couverture généreuse de la semelle externe ajoute aussi un peu de tenue à la ZoomX, en particulier à l’avant où la mousse s’étale moins à l’impact et lors de la poussée, permettant de gagner un peu en peps, en dynamisme.
J’aime le détail de la bande rouge de la tige qui se retrouve aussi sur la semelle avec une large bande médiane de gomme rouge, affichant fièrement Pegasus Turbo - clin d'œil au passé, même si je trouve cela étrange en termes de branding.
Test terrain
J’ai rarement couru autant avec un modèle avant d’écrire mes impressions - plus de 120 km en l’occurrence.
La première raison est que ma sortie d’inauguration m’a laissé un sentiment mitigé. Pas mauvais, mais sans être convaincu non plus. Le confort était certes présent, mais entre la pression de la bande supérieure sur le dessus du pied, et un sentiment de chaussure un peu entre deux chaises, je ne savais pas trop comment appréhender la Pegasus Plus. C’était sûrement un des effets pervers de l’aura de la Pegasus Turbo, et de son souvenir embelli.
En la considérant comme un nouveau modèle à part entière, avec sa propre personnalité, et en me concentrant uniquement que ce sur la chaussure renvoyait en évitant toute comparaison avec un souvenir sûrement déformé, j’ai commencé à apprécier la Peg Plus de plus en plus, que ce soit sur des sorties en endurance, ou des sessions tempo de 2h et plus.
Comme déjà évoqué, le confort est excellent sur ce modèle, une fois l’insert rouge un peu assoupli, tout comme le maintien du pied, absolument irréprochable pour moi, même lorsque la fatigue s’installe. La chaussure est stable, et répond vraiment bien sur un large panel d’allure, depuis l’endurance jusqu’à des sessions à allure 10k.
On pourra lui reprocher un manque de dynamisme pour des séries courtes sur piste par exemple, si l’on veut faire tomber les chronos, mais ce n’est pas tant dû à la Peg Plus en elle même qu’à l’existence de modèles plus légers et encore plus dynamiques plus adaptés à cet exercice…mais aussi beaucoup moins polyvalents.
C’est bien là le point fort de la Pegasus Plus: sa polyvalence. Ce qu’elle perd peut-être en punch par rapport à la Turbo, elle le compense,se largement en offrant plus d’amorti, de confort, élargissant d’autant sa plage d’utilisation.
Je l’ai trouvée dynamique, confortable, versatile. Elle fait payer assez cher ces atouts, d’autant que la mousse ZoomX n’est pas reconnue pour sa durabilité, chose que j’ai déjà commencé à sentir: une légère perte de pep’s, de rebond…à 180€, cela fait aussi un peu réfléchir.
Conclusion
J’ai déjà largement exposé mon avis précédemment, et la Pegasus Plus est une excellente chaussure, versatile, dynamique, confortable, qui pêchera seulement par la durabilité de sa mousse, qui perdra légèrement de sa superbe après 100-120 km, alors que le reste de la chaussure est robuste et encaisse sans mal de nombreux kilomètres. Entendons-nous bien, même un peu « éteinte », la ZoomX garde des qualités de rebond et dynamisme bien au- delà des mousses standard, ou de la React X chez Nike.
En dehors de ce petit écueil, la Pegasus Plus réunit énormément de qualité pour être une chaussure parfaite pour accompagner une chaussure de compétition comme la Vaporfly ou l’Alphafly lors des entraînements, quels qu’ils soient.
Note: 9.3 /10
(-0,5 pour le prix, -0,2 pour la durabilité de la mousse)
3 Comparaisons
Adidas SL: (Test RTR):
Plus sèche dans sa première version, ce qui semble être corrigé sur la SL2 vu le test , l’Adidas SL couvre la même utilisation que la Pegasus Plus. Un modèle d’entraînement confortable, léger et qui propose beaucoup de dynamisme. L’Adidas est moins chère, sera au moins aussi durable et qui a comblé l’excès de fermeté de la première version avec les nouvelles mousses utilisées sur la v2…et les premiers retours sur la Evo SL semblent indiquer que la marque aux 3 bandes va faire de l’ombre à la Pegasus…EN mettant le tarif de côté, la Pegasus Plus apporte bien plus que les SL
Diaporama Frequenza (Test RTR): beaucoup plus fun avec un rebond plus marqué et une mousse plus élastique, dans laquelle on s’enfonce plus, la Frequenza est moins « sérieuse » que la Peg Plus. Moins stable, elle est toutefois plus amortie, et c’est assez sensible à l’avant. Le fit de la Pegasus est plus ajusté, et le maintien un peu meilleur. La Diadora est aussi moins dynamique, principalement à cause du moelleux bien plus marqué de sa mousse.
361 Flame ST (Test RTR) Un modèle assez comparable en terme de sensations de course, avec toutefois la présence d’une plaque sur la 361. Elle est plus ferme que la Pegasus Plus, et demande plus de rythme, d’engagement du coureur pour se révéler. Elle est donc moins polyvalente que la Pegasus, et s'adapte moins aux rythmes plus tranquilles, où la plaque en fibre de verre vient un peu plus gêner le déroulé du pied plutôt que de l’accompagner et ajouter un peu de propulsion. Un modèle à privilégier quand on recherche plus de dynamisme donc, qui propose un confort d’accueil équivalent, et pèsent 30g de moins tout de même.
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Profil
Jeremy: Paris, France.
44 ans, Coureur depuis 2013, avec pas mal de trails de tous formats, de 30kms à 160kms. Peu intéressé par les chronos, ma seule vraie référence sur route est 36´25 sur 10kms et non officiel en marathon solo de 2:54. Borneur compulsif (70-120kms par semaine), je suis passé progressivement vers le triathlon depuis 2 ans pour varier un peu les plaisirs.
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