Article par Jeremy Marie
Salomon Spectur (120€)
Introduction
La Spectur est la chaussure “du quotidien” dans la gamme route Salomon de 2022.
Cette gamme partage plusieurs technologies, comme la mousse Energy Surge, (un mix d’EVA et Infuse Olefin, une mousse composée de copolymères crée par la société Dow) le profil incurvé Reverse Camber et la plaque composite Energy Blade, avec des mises en œuvre différentes à chaque fois permettant de mettre l’accent sur le rôle des différents modèles.
On retrouve donc dans la gamme:
La Spectur, objet de ce test. Avec le drop le plus réduit, à 6mm, elle vise les entraînements quotidiens, donc un amorti confortable, et une transition faciitée entre le talon et l’avant pied.
La Phantasm,(Test anglais) drop de 7mm, visant plus les coureurs attaquant médio-pied voire avant-pied, facilitant une transition rapide vers la poussée finale
La SLab Phantasm CF (test anglais), La chaussure de course et d'entraînements rapides, de l’allure marathon et au-delà, au drop de 9mm avec sa plaque en fibre de verre.
On peut aussi ajouter à cette liste la Glide Max, chaussure ultra amortie, moelleuse avec un fit très généreux, plutôt dédiée aux sorties longues, de récupération, ou aux ultras sur route, testée ici.
On peut retrouver dans cette gamme le même esprit qui existait déjà sur la gamme Sonic, avec la Balance, Confidence et Accelerate….Mais dans des mises en œuvre et des technologies très différentes.
En terme de technologies présentes dans les chaussures, Salomon n'est pas totalement reparti d’une feuille blanche: en réutilisant l’idée derrière les inserts Optivibe des gammes Sonic (la même mousse Infuse Olefin mais avec un insert élastomère en plus) sur toute la semelle intermédiaire, et à combiner ça avec une plaque composite à la géométrie très spéciale, et ajustée en fonction des modèles.
En détail, on retrouve:
La mousse Energy Surge: un bloc de copolymère de mousse EVA/Olefin (composé crée par la société Dow, utilisé comme composant principal des semelles intermédiaire Optivibe des gammes 2020-2021), ou la proportion d’Olefin va jouer sur le moelleux de la mousse et son rebond: plus d’Olefin, plus de rebond et de moelleux, pour simplifier.
La Spectur a une semelle en deux parties de densité différente de la même mousse. Comme ses soeurs Phantasm et Phantasm CF, la couche proche du sol étant plus ferme. Il n'y a que la Glide Max qui soit composée d'une épaisse couche de mousse uniforme, plus moelleuse, mais elle peut être considérée comme à part dans la gamme.
Energy Blade: La plaque qui n’en est pas vraiment une, et en matériau plastique ou composite - pas de carbone ici! Le schéma ci-dessous met en évidence les différentes formes de cet insert en fonction du focus de la chaussure: transition rapide depuis le talon, ou propulsion depuis le médio-pied, et utilisant un matériau différent entre les gammes trails (demandant plus de fermeté, de résistance) et route.
Source: Salomon
En dehors de la Phantasm CF, dont l’insert en fibre de verre a une forme pleine proche des plaques carbone, on voit que les autres modèles ont un insert plus proche des Energy Rods vus chez Adidas, permettant d’assurer un peu plus de flexion.
Sur la Spectur, on voit que l’insert a une forme plus large: l’accent est mis sur la stabilité lors de l’attaque, plutôt en arrière du pied, et doit accompagner tout le déroulé du pied depuis le talon. Sur la Phantasm, les tiges sont plus longues, mais sont positionnées moins en arrière, et surtout plus rapprochées: on aura donc un ensemble un moins flexible, un peu moins stable, et favorisant une attaque médio-pied et un déroulé rapide.
R-Camber le profil incurvé, qui est le moins marqué sur la Spectur par rapport à la Phantasm et la Phantasm CF.
On retrouve évidemment la semelle Contagrip qui a fait ses preuves depuis pas mal d’années sur les gammes routières de Salomon, que ce soit en termes d’accroche ou de durabilité. Encore une fois, on observe une implémentation différente en fonction du modèle
De haut en bas: Spectur, Phantasm, Phantasm CF
La SLab Phantasm CF a la semelle la plus fine, mais avec la même disposition que la Phantasm.
La semelle de la Spectur recouvre quasiment toute la surface, assurant un maximum de stabilité, couplée à la couche de mousse plus ferme et la plaque plus étendue.
Forcément, cela se ressent du côté du poids et de la rigidité - ce que nous verrons plus tard.
La Phantasm et la Phantasm CF partagent une tige faite en Matryx ( la collaboration avec l’entreprise française Chamatex fonctionne toujours bien!), légère et aérée, alors que la Spectur et la Glide Max ont une empeigne en mesh plus traditionnel…voir assez épais pour la Spectur.
L’ajustement du chaussant est plutôt orienté "performance", donc assez proche du pied, avec toutefois une toe box généreuse. La Glide Max est quant à elle sur une autre planète avec un fit très large, beaucoup plus relax.
Si la gamme Sonic était assez claire avec des différences marquées entre les Confidence, Balance et Accelerate, les lignes semblent désormais un peu brouillées.
Voyons donc voir comme la Spectur se comporte et si elle peut tenir son rôle de “chaussure à tout faire”.
Pour:
Une chaussure durable, avec une “pseudo-plaque” qui aide à la propulsion, une mousse moderne, et une tige de qualité, résistante, pour un tarif très raisonnable 120€
Très stable quelque soit l’attaque
On retrouve l’excellente absorption des chocs présente sur les Sonic.
Chaussure réactive, qui plaira aux coureurs aimant la fermeté - l’amorti est présent, mais viril!
Empeigne douce, confortable et tenant bien le pied…
Contre:
…qui sera idéale en conditions froides vu son épaisseur et sa respirabilité limitée.
Le poids! 320g en 10.5US / 44.5EU…facilement 30g de trop pour cette quantité d’amorti.
Alors qu’elle vise une “transition du talon à l’avant-pied”, la Spectur est peu agréable en attaque talon, à cause de l’épaisseur de la semelle externe et de l’absence de découplage, ou de rainures de flexion: l’ensemble est ferme, rigide, peu flexible.
Conséquence directe: les allures cools, avec peu d’engagement, sont assez désagréables et donnent l’impression de se battre contre la chaussure.
La couche de mousse plus ferme au-dessus de la semelle externe éteint quelque peu la partie supérieure de la semelle intermédiaire: on y perd beaucoup en rebond, et le sentiment général qui en ressort est la fermeté.
Statistiques
Poids de l'exemplaire: 320g ( Homme US10.5 EU44.5)
Stack 32.5 mm talon/ 26.5 mm meta
Disponible. 120€ MSRP- Maintenant en promotion chez notre partenaire Top4Sports ICI
Premières impression, fit et empeigne
Au niveau du style, Salomon colle à sa ligne et propose une chaussure discrète, mais avec travaillée, un choix de couleurs pas trop tape à l’oeil, entre le noir très passe-partout et le modèle bordeau testé par Sam.
On retrouve une gamme réduite de couleurs, mais des jeux sur les teintes ou l’aspect brillant/ma, et quelques inserts blancs pour souligner le tout. Le résultat est discret et de bon goût.
La chaussure taille normalement, et je retrouve ce petit espace en longueur que j’apprécie en prenant ma taille habituelle (10.5US ou 44 ⅔).
Le mesh est un peu extensible, ce qui permet un bon maintien du médio-pied, mais aussi aux pieds les plus larges de trouver leur place sans être trop écrasés.
En comparaison à la Phantasm et sa tige en Matryx, moins extensible, la différence est flagrante: la base de mes orteils y est bien plus contrainte que dans la Spectur, où le mesh s’étendra gentiment, donnant quelques millimètres supplémentaires bienvenus, sans compromettre le maintien.
Le talon est bien lové dans une confortable épaisseur de mousse à l’arrière du pied, assez large, et juste renforcée à sa base par un contrefort assez peu sensible compte tenu du rembourrage substantiel. La stabilité du talon est aussi assurée par les panneaux externes que l’on retrouve sur les face médiales et externes.
C’est très traditionnel, mais cela fonctionne aussi parfaitement bien. Si l’apparente épaisseur de mousse pouvait laisser craindre un maintien très flou du talon, ce n'est pas le cas: il est bien calé, ne bouge pas, et surtout ce maintien est très doux, moelleux. Bref, il y a une belle épaisseur de rembourrage, mais elle est bien mise en œuvre!
Cette épaisseur de l’empeigne, on la retrouve aussi sur la languette, exagérément rembourrée. Cela fait un peu daté, ou très simple comme construction, à l’instar de la languette de la On CloudRunner.
Les principaux inconvénients sont surtout le poids supplémentaire et une respirabilité moindre.
Par contre en termes de confort ,c’est très agréable. La languette est maintenue par deux bandes élastiques assurant qu’elle ne bouge pas trop en course.
Ajoutons à cela les “ailes” Sensifit sur les côtés, ainsi qu’un laçage efficace et très facile à mettre en oeuvre, qu ne bouge pas, et on obtient nu excellent maintien du coup de pied, stable dans le temps, avec ce qu’il faut d’élasticité pour laisser le pied “respirer” un peu.
On retrouve donc une empeigne au confort et à la tenue de premier ordre, mais qui fait trop traditionnelle, trop datée. Cela se ressent sur le poids général de la chaussure et la chaleur de la tige. Clairement la chaussure sera plus agréable à porter cet automne ou cet hiver qu’actuellement, au cœur de l’été.
Semelle intermédiaire
On distingue clairement les deux couches de mousse Energy Surge de densité différente, séparées par la “plaque” Energy Blade, composée d’un mix de ⅔ de polyamide et ⅓ fibre de verre.
“Plaque” n'est pas le bon terme, puisqu’on retrouve plutôt une structure en tiges reliées les unes aux autres, un peu à l’instar des Energy Rods des Adios Pro 3.
Au touché, on remarque aisément la différence de densité entre la couche basse et la couche haute de mousse: la première, proche du sol, est ferme, alors que la couche supérieure est bien plus moelleuse, comme celle que l’on retrouve dans les Phantasm, Phantasm CF ou Pulsar.
Par rapport à la Phantasm, la couche de mousse plus moelleuse au-dessus de la Blade est moins épaisse ici, ce qui accentue la fermeté ressentie.
Salomon le dit, la Spectur vise plus les coureurs attaquant du talon, mais aux allures moins rapide, son comportement n’est pas très agréable. La pose du pied est ferme, avec peu de retour d’énergie. L’amorti est bien présent, on retrouve le même caractère que sur les Sonic Balance et leur bonne absorption des chocs, mais la chaussure reste un peu plantée là. La transition vers le médio-pied n'est pas aisée, il faut commencer à envoyer un peu pour réussir à passer une sorte de point mort, conséquence du peu de flexibilité de la semelle.
La semelle externe d’un seul tenant, sans découplage, y est aussi pour beaucoup.
On peut aussi se demander si une Energy Blade moins longue, s’étendant moins vers l’arrière, n’aurait pas été judicieuse: la chaussure ne manque pas de stabilité, entre la plateforme assez large (plus que la Phantasm), la fermeté de la couche inférieure de semelle, et l'épaisseur de semelle externe…et l’excellent maintien de la tige.
On peut penser que cela est “too much”. Le profil finalement assez peu incurvé (le R-Camber est ici moins marqué que sur la Phantasm, et encore moins que sur la PHantasm CF) peut aussi être mis en cause: une courbure plus marquée aurait accompagné le déroulé du pied de façon un peu plus marquée et aurait amoindri cette sensation un peu pataude.
Il faudra vraiment donner un peu de rythme, d’engagement pour passer ce point mort et un peu plus apprécier la Spectur, et réussir à mettre en branle
Semelle externe
Fidèle à sa semelle Contagrip, Salomon n’a que peu de raison de changer de formule sur ses modèles route. La durabilité a fait ses preuves depuis pas mal d’années, tout comme l’accroche sur tous les types de terrain, route sèche comme humide, et trails légers. La Spectur s’en sort d’ailleurs globalement bien sur ce type de terrain grâce à sa bonne stabilité.
En dehors d’une étroite fenêtre longitudinale au milieu de la chaussure, afin de gagner un peu de poids et un minimum de flexion, et de rainures fines à l’avant ayant le même but, on retrouve une gomme qui recouvre l’ensemble de la semelle.
Entre son épaisseur et le peu d’encoches de flexion, cette semelle externe n’aide pas beaucoup à faciliter la transition depuis le talon vers l’avant-pied. De plus, en allure très cool, et surtout pour les “talonneurs”, on sentira le talon “taper” et la chaussure semblera très ferme: le rebond devant être assuré par la couche de mousse supérieure est totalement absent, ce n'est pas très agréable, et comme la transition ne s’effectue pas facilement…on a une chaussure un peu “morte”.
Le bon point, forcément, est la durabilité, et pour 120€, cela pèse dans la balance.
Sur la route
La description de la semelle intermédiaire a un peu levé le voile sur mon ressenti en course…je n’ai pas été convaincu par la Spectur.
Salomon la positionne comme une chaussure dédiée aux courses rapides, et c’est en effet là qu’elle s’en sort le mieux.
Il faut oublier les sorties cool en récup avec, elle n’est pas très agréable à ces allures: le manque de flexion, de transition depuis la pose du pied vers les orteils, la fermeté de l’amorti, font que l’on a l’impression de lutter contre la chaussure, et son poids assez important se fait bien sentir.
Il faudra du rythme pour apprécier la Spectur, et finalement plutôt viser une attaque médio-pied tant c’est ici que la chaussure est la plus vivante. Là, on ressent la lame Energy Blade fléchir et nous propulser légèrement -o n est loin de l’effet ressort des chaussures avec une plaque- et la mousse Energy Surge se fait un peu plus vivante, moins éteinte par la couche inférieure très ferme.
L’amorti est très…viril. Ferme, dense: la protection des impacts est efficace, et préserve bien les jambes au fil des kilomètres. Il n'est pas sec, loin s’en faut, simplement il ne faut pas s’attendre à une mousse dans laquelle le pied s’enfonce ou est confortablement posée. La Spectur est plus ferme, mais aussi plus amortie, qu’une Saucony Ride 15 par exemple, ou qu’une Adios 7.
En ça, elle pourra convenir à un autre type de coureur, qui recherche une chaussure avec du répondant quand on la sollicite.
Conclusions
Visant les “courses d'entraînement rapides”, la Spectur remplit plutôt bien son office, tant son comportement s’améliore dès lors que l’on hausse le rythme. Mais la raideur un peu trop grande de sa semelle et surtout son poids ternissent le tableau, limitant un peu son champ d’action.
Le déroulé du pied n'est pas fluide, la faute à une semelle externe surdimensionnée, et manquant clairement d’encoches de flexion.
La tige, qui assure un excellent maintien du pied, est très confortable, mais excessivement chaude et lourde. En été, le pied ne respire pas, et je suis curieux de voir ce que cela donnera sous la pluie. Va-t-elle se gorger d’eau comme celle de la Puma Velocity Nitro, alourdissant encore la chaussure?
Une fois que l’on a bien compris son fonctionnement, et ses limites, et si cela correspond à notre foulée, elle propose un bon ensemble, solide, durable, à l’aise sur pas mal de terrain y compris hors de la route, avec une mousse moderne, une bonne dose d’amorti, et une lame de propulsion assez efficace, le tout pour un tarif canon de 120€…et ça aussi, ça pèse!
Score: 8.1 /10
Course: 7.5 Chaussant: 9 Rapport Q/P: 9.5 Style: 9
Score de fun: 😊😊😊
Comparaisons
LIen vers tous les tests de RTR: HERE
Craft Pro Endur (test anglais, français)
Un look similaire, mais une conception beaucoup plus simple sur la Craft…et bien plus efficace aussi. Une seule épaisse couche de mousse PEBA pour la Craft, une empeigne plus légère mais avec un fit un peu moins ajusté, pas de plaque, et une semelle externe aussi efficace et polyvalente.
La Craft est plus légère, et fonctionne mieux quelque soit l’allure. Son comportement est plus uniforme sur un large panel d’allures, et plus efficace aussi, plus fluide.
En termes de durabilité, la Craft ne démérite pas non plus. Il n’y a que son tarif plus élevé qui joue en sa défaveur.
Saucony Ride 15 (test RTR)
A moins de préférer l’amorti plus ferme et le focus très marqué sur les allures tempo de la Spectur, il n’y a pas vraiment de match ici. La Ride 15 est plus légère, pas beaucoup moins amortie, plus fluide, aussi confortable, avec plus de rebond - mais une propulsion un peu moindre - l’Energy Blade a quand même son rôle à jouer.
Côté durabilité, la Spectur sera a priori plus solide vu la semelle externe et le mesh.
Topo Specter (Test RTR)
Une autre “daily trainer” qui vise aussi les allures tempo, la Topo Specter est assez peu distribuée en France, mais si vous la trouvez, et cherchez une chaussure avec toe box large, et un fit “anatomique” , avec un bien meilleur maintien que “la marque zéro drop”, qui puisse assurer depuis les footings cool jusqu’aux allures marathon et un peu plus rapide, elle vaut clairement le détour. Avec un cœur en mousse PEBAX lové au sein d’une semelle EVA, elle propose une stack identique à la Spectur, mais avec une courbure plus marquée, ce qui change clairement tout: la foulée est fluide, la transition aisée. C’est une de mes excellentes surprises cette année.
Puma Velocity Nitro (test RTR français)
Une chaussure qui vise un peu la même cible que la Spectur, et à laquelle j’ai trouvé des défauts assez similaire: une excellente mousse un peu gâchée par le reste de la conception, une transition qui ne fonctionne pas, et une tige bien trop épaisse et un ensemble assez lourd, pataud à faible allure. Le tout dans une chaussure durable, qui se révèle sur des intensité tempo, et avec une accroche sans faille.
La Velocity offre aussi un excellent rapport Q/P - le fit fera la différence.
Adidas Adios 6/7 (RTR Review)
La chaussant des Adios est aussi confortable, avec un maintien encore meilleur, plus orienté “course”, et surtout plus léger et aéré. Et c’est encore plus vrai avec la 7ème version qui perd encore 20g avec son empeigne façon “Celermesh”.
SI je n’avais eu ce souci avec les inserts plastiques à l’avant du pied, il n'y aurait pas eu de match. Certes un peu moins amortie, la Adios est plus vivante, flexible, joueuse, et s'accommode bien de différentes allures.
Test Salomon Spectur en anglais: ICI
Indes des tests RTR: ICI
Les produits testé fourni gratuitement par Top4 Running et Salomon
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