Article par Jeremy Marie
Mount to Coast T1 (€180)
Introduction
Mount to Coast est une marque fondée récemment à Hong Kong, et qui réunit d’anciens designers d’Asics, Brooks et Nike. Dès le départ, la marque décide de s’orienter vers l’ultra running, d’abord avec des modèles routes P1 (test RTR) et R1 (test RTR), puis maintenant avec la T1, conçue pour le trail.
La T1 constitue leur première chaussure de trail, récompensée par un ISPO Award en 2024. La marque fait de gros efforts de communication et d’exposition hors de ses frontières, si bien qu’elle est présente sur la plupart des salons européens: je suis même tombé dessus lors d’un salon trail running à Annecy sans être accolé à une course particulière.
La T1 se veut être un modèle polyvalent, combinant amorti suffisant pour le trail long tout en conservant assez de dynamisme pour les sorties plus rythmées, et un fit ajusté afin de rester sécurisante sur les portions techniques.
Pour
Excellent confort
La mousse LightCell: dynamisme et amorti
Excellent maintien du pied
Poids contenu
Excellente semelle externe
Empeigne légère et durable
Système de laçage…
Contre
Système de laçage qui pourra sembler complexe
Durabilité de la mousse ?
Fit un peu trop large pour certains
Spécifications techniques :
Poids : 289g (44.5EU/US10.5)
Stack : 36 mm talon / 32 mm avant‑pied - Drop 4mm
Premières impressions
Dès l’ouverture, la chaussure inspire la robustesse et la finition apparaît très soignée. Le look est plutôt réussi, sobre. La semelle intermédiaire noire contraste bien avec la tige grise qui ne semble pas teintée (je n’ai pas réussi à avoir de confirmation sur ce point, ni sur une volonté par la marque de limiter les teintures assez coûteuses écologiquement parlant ). Quoiqu’il en soit, le look est sympa, sans faire trop « chaussure de trail ». Dans l’esprit des Kjerag, si je devais me hasarder à une comparaison. C’est discret, de bon goût.
La tige en maille tissée renforcée de fibres aramides (Kevlar) est à la fois respirante et résistante. On est très proche d’une tige en Matryx, mais c’est une conception maison. J’ai retrouvé les mêmes qualités que sur le matériau phare: la tige est souple, se conforme bien au pied, mais renvoie une sensation de robustesse. L’humidité, tout comme l’eau de façon générale, s’évacue rapidement.
On retrouve aussi un autre matériau, plus épais, façon daim synthétique, sur les parties à forte contrainte: la partie interne du pied, autour du talon, et à l’avant pour former un pare-pierre minimal.
Deuxième aspect qui saute au yeux une fois la T1 en main: le laçage.
On retrouve un double laçage rapide (du même type que sur les Salomon): un premier sur le cou de pied, et un second qui va permettre de gérer la fit sur la partie avant du pied. MTC a nommé cela TunedFit, et on retrouve la même conception sur le modèle route R1.
La partie haute peut être rangée dans une petite poche sur la languette, plus généreuse que celle des Salomon, mais qui confine un peu moins bien l’excédent de quicklace. Une version un peu plus simple en somme.
À l’avant, il faudra coincer le surplus sous les lacets pour éviter de le voir dépasser. On aurait aimé un peu plus de détails dans la finition, mais au final cela reste fonctionnel et efficace, si moins élégant.
À noter que la marque fournit aussi une paire de lacets classiques si on voulait se passer des Quicklace sur la partie haute.
Globalement, j’ai trouvé cela assez efficace: la partie haute permet d’assurer un bon fit et maintien du pied, et de contrôler un peu le volume assez généreux de l’empeigne. À l’avant, j’avoue avoir assez peu serré les lacets: premièrement parce que j’aime bien avoir un peu d’espace pour les orteils, ce que la T1 propose grâce à une toebox généreuse, mais aussi car un serrage trop excessif a tendance à créer des plis dans la tige, et donc des points de pression en course. Il faudra vraiment avoir le pied très fin et apprécier un chaussant très proche du pied pour en arriver là - mais on pourra se demander si le choix du modèle était le bon dans ce cas.
Je n’ai pas eu l’impression de perdre en précision, et la T1 n’étant pas vocation à être une chaussure de Skyrunning pour les terrains ultra-techniques, j’avoue ne pas avoir été gêné du tout.: le maintien est bon, dans tous les cas. On pourra rapidement resserrer l’avant pied avant d’aborder une descente par exemple, alors qu’on aurait gardé un peu plus d’espace pour la montée. L’idée pourrait ressembler au FlipRelease des On CloudUltra et 2, mais en une version plus aboutie.
J’ai pu faire quelques sorties avec les lacets classiques, et j’avoue qu’en dehors de la facilité du Quicklace (auquel je suis habitué, courant par défaut en Salomon en trail), je n’ai pas eu l’impression de perdre quoique ce soit en terme de maintien. On perd en ajustement rapide - comme le nom l’indique.
Ce système de double laçage permet d’ailleurs de répondre à l’un des écueils faits au Quicklace de Salomon: pouvoir ajuster le laçage à sa guise entre le haut et le bas de la chaussure. Je trouve la solution proposée efficace.
La languette que j’ai rapidement évoquée est assez fine, construite en gousset avec deux larges bandes élastiques qui la relient à l'empeigne, et est elle-même très stretch. Elle participe au chaussage facile de la T1. Le pied glisse facilement, aucun point de pression n’est à signaler: le confort d’accueil est excellent.
Le collier de pied est un peu rembourré, la coque talonnière un peu large. Ceux qui aiment avoir le pied vraiment maintenu comme un baquet trouveront sûrement le volume arrière un peu trop important. Il faut bien replacer la T1 dans son domaine de prédilection : la longue distance, où le confort au fil des heures prime sur une ajustement très fit, orienté performance.
Je n’ai cependant pas ressenti de glissement intempestif du talon en course, quelque soit la déclivité du terrain: preuve que le fit est bon, et que les lacets remplissent bien leur rôle.
La chaussure est confortable, sans point de pression (tant que l’on ne tire pas trop sur les lacets), et l’objectif de confort pour l’ultra distance me semble totalement atteint. C’est assez rare pour être souligné pour le premier essai d’une marque dans le domaine.
Semelle intermédiaire
La marque utilise une mousse de type PEBA, infusée à l’azote, nommée LightCell. Réactive sans être trop souple, je lui ai trouvé un excellent équilibre entre dynamisme, moelleux et contrôle.
Pas de rebond excessif comme sur une Tecton X3, le feeling est plus proche des Kjerag 01 (EVA supercritique) en moins sec, et plus épais, plus dynamique. La comparaison avec la mousse des Kjerag 02 (TPE) sera intéressante. Pour avoir fait quelques kilomètres avec la nouvelle chaussure de Kilian, j’avoue que je préfère le feeling de la mousse des T1, un peu plus moelleuse sans perdre vraiment en ressenti, en précision.
On garde donc un comportement assez contrôlé, peut-être moins fun ou grisant que d’autres sur des parties roulantes, mais plus homogène, et plus stable en conservant une empreinte au sol raisonnable. Le compromis me semble très bon.
L’absence de plaque et de rocker marqué renvoie aussi au feeling des chaussures de trails classiques, comme une Salomon Genesis, ou encore la Kjerag 02: le porteur reste en contrôle, le comportement est sain et prédictible.
Cela se ressent dès que le terrain devient un peu plus technique: la semelle s’affaisse peu, on garde une pose de pied sûre, et on conserve un peu de contact avec le sol, sans subir les cailloux sous le pied. Les passages un peu techniques, dans des pierriers, peuvent s’aborder sereinement
Cette mousse est l’une des bonnes surprises de la T1, et compte tenu de la protection apportée, je pense que l’on pourra l’emmener sans souci sur un 100k.
Semelle externe :
C’est l’italien Vibram qui fournit la semelle extérieure, avec son Megagrip Litebase (c’est le matériau) et les Traction Lugs (mini crampons sur les côtes des grand crampons) Détail amusant: les crampons (environ 4mm) reprennent la forme du logo de la marque: deux montagnes côte à côte. Comme souvent, sous le talon, le dessin est inversé afin d’apporter du grip quand « on freine » en descente.
La gomme recouvre entièrement la semelle externe, en dehors de deux encoches visant à diriger et faciliter un peu la flexion du pied lors de la foulée.
En terme d’adhérence, et de durabilité, il y a peu de chose à dire sur la gomme Vibram: son efficacité est connue depuis des années, tout comme la durabilité. Si elle était largement au dessus du lot il y a quelques années, les autres marques sont dorénavant largement au niveau, et il faudra attendre que la Vibram Élite, vue sur la très exclusive Norda 005, se démocratisé pour voir si la marque italienne a repris de l’avance sur la concurrence.
Quoiqu’il en soit, en l’état, cela reste toujours une des meilleures semelles du marché, et le dessin des crampons utilisés sur la T1, avec le 4mm de hauteur, s’avère particulièrement efficace et polyvalent.
En résumé, la Mount To Coast T1 propose une semelle extérieure excellente, qui couvrira 90% des situations (comme toujours, les conditions boueuses ou neigeuses nécessitent une semelle très particulière).
Impressions en course : stabilité, protection, maintien
Le portrait positif de la T1 dressé jusqu'à maintenant ne va pas s’assombrir une fois sur les sentiers.
L’ensemble des éléments techniques de la chaussure fonctionnent parfaitement et font de la T1 une excellente chaussure, très homogène, et polyvalente.
Le compromis confort/dynamisme est très bon, la chaussure est dynamique, stable.
Le confort apprécié au statique se retrouve une fois sur les sentiers, et passés quelques arrêts lors des premiers kilomètres pour ajuster le double laçage, on se sent bien maintenu.
Le poids contenu, le comportement dynamique de la mousse LightCell - dont la durabilité reste à évaluer, étant une mousse de type PEBA - le bon maintien et confort général, l’excellente semelle externe, font de la T1 une excellente chaussure, toutes marques confondues. Je trouve qu’elle s’accommode plutôt bien de rythmes soutenus tout comme de sorties plus tranquilles, et peut être une excellente chaussure à tout faire.
Score: 9.4/ 10
Course (50%): 9.5: dynamique, polyvalente,confortable
Fit (30%): 9: Bon maintien, ajustable, un peu large pour certains
Rapport Q/P (15%): 9.5 : Polyvalente et durable
Style (5%): 9.5
Score de fun
😊😊😊😊😊
Comparaisons
Salomon Genesis
Deux modèles très similaires en termes de stacks, de poids. Le fit de la Genesis est plus ajusté, le maintien plus marqué. Elle pourra manquer un peu de largeur pour certains, mais sera plus adaptée en terrain technique, et apportera peut-être plus de maintien au coureur un peu fatigué. La T1 est plus large, un peu plus lâche et confortable, « plus facile » en somme. On s'orienterait vers l’une ou l’autre en fonction de ses préférences: plus « montagne » pour Salomon, plus roulant pour la T1.
Nnormal Kjerag 02
Je manque encore un peu de kilomètres dans la K2, mais les premières impressions ressenties tendent à la placer comme une version un peu plus dure, claquante, de la T1, la nouvelle mousse EExpure en TPE restant plus ferme que la LightCell de la T1.
Plus légère de presque 40g, la K2 sera plus agile, et le maintien du pied y est encore meilleur, grâce à une belle évolution de la tige.
Cependant, n’étant pas Kilian, j’hésiterai toujours à l’emmener sur du très long, et la T1 a pour elle un surplus de confort, de moelleux, qui la rend plus apte, à mon sens, à cet exercice. La K2 est plus adaptée aux efforts plus courts, plus nerveux, et elle tirera son épingle du jeu en terrain technique. L’accroche est meilleure sur la T1 grâce principalement à des crampons plus marqués.
Disponible Maintenant
Tester Profiles
Jeremy: 44 ans, court depuis 2014, plutôt trails/ultra à la base, mais focus triathlon depuis 3-4 ans maintenant, en gardant des trails de formats moyens (40-50k) de temps en temps.
Peu de courses chronométrées sur route, donc p eu de référence. Allures d'entraînement autour de 3’40/km pour le seuil, allure marathon autour de 4’-4’15/km.
Les produits testés ont été envoyés gratuitement par Mount to Coast à des fins de tests, sans aucune contrepartie. Le test reflète l’avis objectif du testeur.
RoadTrailRun reçoit une commission permettant au site de vivre en achetant via les liens affiliés ci-dessous. Vos achats aident RTR. Merci !
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