Article par Jeremy Marie
Puma Running Voyage Nitro GTX (150€)
Lien du test original en anglais ICI
Introduction
Après une longue période aux températures plutôt clémentes, la saison hivernale s’est à peu près installée, ce qui est idéal pour tester ces Puma Voyage GTX (Gore-Tex donc), faites pour protéger les pieds à la fois grâce à un généreux amorti et aussi à une tige équipée d’une membrane en Gore-Tex devant apporter chaleur, protection contre l’humidité, sans (trop) compromettre la respirabilité.
Je suis généralement assez peu friand de ces membranes imperméables, trouvant que les inconvénients (poids et rigidité en hausse, évacuation de l’humidité en baisse) surpassent les avantages (chaleur, protection contre l’humidité). D’autant qu’en région parisienne, où se situe 90% de mes sorties, les conditions nécessitent rarement une membrane imperméable.
Malgré tout, les derniers modèles route de PUMA (en particulier la Liberate Nitro qui reste un de mes coups de coeur de 2021) ont largement outrepassé ma défiance à l’encontre de cette Voyage GTX, un peu trop lourde, un peu trop “grosse”, un peu trop imperméable à mon goût. Elle pourrait constituer une excellente paire à tout faire en hiver, des sorties cool, longues, en terrain varié, à de la rando ou fast-hiking.
Pour:
Confortable et bon maintien du pied
Une chaussant qui laisse de la place une fois la tige assouplie
Amortie et relativement souple
Moelleuse, avec un bon retour d’énergie, en restant stable
Le poids ne se fait pas trop sentir en course
La semelle en PumaGrip!! Accrocheuse, durable, souple.
L’empeigne sous forme de manchon fonctionne bien, sans être trop serrée.
Vraiment chaude, parfaite pour les mois les plus froids.
Contres:
Pas si lourde dans sa catégorie (trail imperméable et très amortie), elles reste néanmoins lourde dans l’absolu
Choix de couleur douteux.
Presque trop chaude, à réserver aux températures <5°C
Pas très respirante, surement à cause de la doublette GTX et du chausson interne.
Stats
Poids officiel: 340g (US9, 42.5EU) ,
Exemplaire testé (US10.5, 44.5EU): 355g
Version non GTX 303g (US9/42.5EU)
Stack: 32mm talon , 24mm avant
Disponible, 150€
Premières impressions
Jeremy:
Je dois avouer qu’à l’ouverture de la boîte, les premières impressions donnée par les Voyage GTX n’étaient pas fameuses: le turquoise assez criard n'est pas trop à mon goût, la chaussure semble lourde, avec de multiples épaisseurs et inserts, la construction fait presque “compliquée”. Elle ressemble presque plus à ces baskets lifestyle surdimensionnées assez à la mode en ce moment.
Malgré cela, première surprise à l’essayage: le poids que l’on pourrait craindre ne se fait pas sentir, et le chaussant est très confortable.
La conception “en chaussette” sur toute la partie supérieure est très confortable et l’on sent déjà un maintien présent, mais pas trop contraignant.
La partie la plus en avant de la chaussure semble être un peu trop pointue et cela se ressent sur le petit orteil. Mais après quelques kilomètres, la tige s'assouplit un peu (malgré la membrane GTX qui la rigidifie un peu initialement) et je n’ai plus de soucis de place pour les orteils. Les Voyage taillent normalement, mon 10.5US étant parfait comme dans d'autres marques.
Le chaussant est donc accueillant, et se conforme bien à la forme du pied.
On retrouve deux boucles, une en haut du talon et l’autre sur la languette, qui permettent de facilement passer le pied dans la chaussette interne.
Par contre, je n’ai toujours pas saisi l’utilité de la boucle estampillée “PUMA” à la base du talon, ce dernier étant déjà bien maintenu par une coque semi-rigide. Ca ressemble plus une influence “lifestyle” pour afficher encore plus la marque qu’à un ajout utile.
Le laçage tient bien et la pression est uniformément répartie sur tout le coup de pied, protégé par l’épaisseur de la languette.
La liste des specs est affichée fièrement sur la tige!
L’empeigne
Jeremy:
Comme déjà mentionné, la première sortie avec les chaussures n’augurait rien de très bon: un petit orteil compressé, une tige un peu rigide, tout comme la semelle et la température extérieure était un peu trop élevée pour ne pas subir la chaleur apportée par la membrane GTX (il faisait 6-7°C).
La rigidité de la tige se faisait particulièrement sentir sur le dessus du pied, où une pliure venait appuyer sur le dessus de mes orteils.J’ai donc décidé de porter la chaussure quasiment quotidiennement, pour marcher, afin d’accélérer un peu l’assouplissement de l’empeigne.
Et grand bien m’en a pris, car après quelques kilomètres, la tige s'est clairement assouplie, je n’avais plus ce point de pression sur le dessus du pied, ni cette compression de l’orteil.
J’aime vraiment la construction “en chaussette” de la PUMA. L’intérieur est doux, confortable, très accueillant, et c’est une chaussure que j’ai eu plaisir à porter à chaque sortie - running ou balade - tant que les températures étaient assez froides. Souffrant facilement du froid au niveau des pieds, j’ai pu apprécier tout l’intérêt des membranes Gore Tex: que ce soit en courant ou en marchant, je n’ai jamais eu froid aux pieds dans les Voyage GTX, sans même devoir mettre de chaussettes épaisses.
Cet avantage a fait que les Puma se sont souvent retrouvées à mes pieds lors des journées les plus froides et que j’avais prévu une sortie tranquille.
Passons maintenant aux mauvais points: l’empeigne fait terriblement chargée, avec beaucoup d'éléments qui ne semblent pas avoir d’utilité.
Il y a cette boucle à la base du talon, qui ne joue aucun rôle probant. La coque rigide remplit parfaitement son office, le talon est bien tenu, stable…donc pourquoi ajouter cela?
Les passants de lacets “OptiFit”, situés au milieu du coup de pied, me font furieusement penser au système ISOFit…maintenant abandonné par Saucony, et je pense à raison: une tige bien pensée, surtout avec cette double construction en chaussette, est suffisante pour assurer à la fois un bon maintien et un peu de liberté pour permettre au pied de gonfler un peu lors de l’effort.
La Voyage étant, selon moi, un bon exemple de ce type de construction, ces boucles reliées entre elles par une pièce de tissu qui passe sous le pied me semble superflu. On pourrait penser un gain de stabilité, mais encore une fois, la Voyage assure bien de ce côté là avec le reste de sa conception…
Le laçage est quant à lui simple et efficace, et n’exerce pas de pression excessive sur le pied.
Comme souvent avec les chaussures disposant d’un manchon interne comme ça, il ne sert à rien de trop serrer les lacets: le pied est bien maintenu de facto.
Semelle intermédiaire
Voici comment est constituée la semelle intermédiaire des Voyage:
On retrouve une couche de mousse Nitro, encapsulée dans une partie en PFLite (mousse EVA de PUMA) permettant de la stabiliser - ainsi que le pied par la même occasion.
C’est une conception similaire à la Velocity Nitro que j’ai modérément appréciée, mais qui fonctionne bien mieux sur la Voyage, surtout passés quelques kilomètres pour “faire” la semelle.
Et plus les kilomètres passent, plus cette semelle s’assouplit, et devient agréable. On ressent clairement le rebond apporté par la couche en Nitro, permettant de bien amortir les chocs au talon (dans les descentes un peu engagées par exemple), tout en ne s'affaissant pas grâce au berceau de mousse plus ferme dans laquelle elle se loge.
La stabilité est aussi apportée par la largeur de la semelle, si bien que j’ai pas eu à déplorer un seul appui fuyant, même en dévers.
La semelle a aussi pas mal gagné en souplesse au fil des sorties, permettant de dérouler assez facilement sur les portions plates.
Attention pour les coureurs qui talonnent, je trouve que la transition entre l’arrière et l’avant pied est assez peu naturelle - un défaut que je retrouve aussi avec les Velocity. La semelle étant plutôt plate, on se retrouve donc avec un point mort au milieu de la chaussure qui rend la foulée un peu laborieuse. Un défaut que des chaussures comme les Asics Trabuco Max ou les On Cloud Ultra parviennent à effacer grâce à leur semelle incurvée.
En passant sur une attaque medio-pied, on retrouve une foulée bien plus fluide, parvenant à faire fléchir l’avant de la chaussure et profiter de la couche de Nitro qui renvoie pas mal d’énergie, un peu dans l’esprit des Liberate Nitro mais dans une moindre mesure.
Semelle externe
Le matériau PumaGrip m’avait déjà conquis sur les modèles route de la marque, et il n’a rien perdu de sa superbe sur ce modèle trail.
Le cramponnage multi-directionnel est polyvalent: les crampons ont la bonne épaisseur pour ne pas être gênants sur la route ou les surfaces dures, mais permettent de conserver du grip sur les terrain mixte à légèrement boueux.
Sur les roches mouillées, elle s’en sort bien mieux que d’autres (Endorphin Trail, CloudUltra). J’ai retrouvé une qualité d’accroche similaire à celle rencontrée sur les Asics Trabuco Max.
Afin d’alléger un peu la chaussure et la rendre plus souple, Puma a intégré une large découpe longitudinale dans la semelle: c’est efficace, car malgré l’épaisseur des semelles intermédiaires et externes, la Voyage garde une souplesse très agréable.
En terme de durabilité, vu la tenue de ce matériau sur les modèles route, il y a peu de craintes à avoir. Mon exemplaire qui compte un peu plus de 100kms n’a aucune trace d’usure!
Expérience de course
Jeremy: Très stable, amortie, moelleuse mais avec du rebond et très homogène, la Voyage GTX, surtout après 10-20kms, se révèle être très plaisante pour toutes les sorties cool, en endurance, et ce sur une grande variété de terrain (sentiers de forêts, chemin, cailloux, passages sur route)
Clairement pas faite pour la vitesse, je trouve qu’elle s’exprime à merveille sur les sorties en endurance, voire endurance active. Au-delà, on sera un peu plombé par le poids et le manque d’artifice de construction pour contrebalancer l’épaisseur.
Sur les footings vraiment très cools, en récup, j’ai trouvé qu’elle perdait un peu de ses qualités: on se heurte facilement au point mort déjà évoqué au milieu de la chaussure, et comme avec la Velocity Nitro, il manque le soupçon d’engagement qui permet d’aller compresser la couche mousse Nitro afin de bénéficier de son excellent retour d’énergie.
La Voyage a un soupçon de fermeté, pas aussi marquée que sur la Velocity, ce qui lui permet de très bien se comporter dans les chemins chaotiques, et surtout lui évite d’être trop molle, une caractéristique que je n'apprécie guère sur une chaussure de trail.
J’ai aussi beaucoup utilisé la chaussure pour des balades tant elles sont confortables pour marcher, en faisant une excellente candidate pour la randonnée hivernale (les Endorphin Trail, par exemple, sont bien moins agréables pour cette utilisation). On pourra donc sans soucis les conserver pour cet usage une fois qu’elles auront fait leur temps sur les sorties de course à pied.
Et encore une fois, quel confort thermique! Rentrer les pieds au sec - et chauds! - après une sortie dans la rosée matinale est quand même très agréable, en dépit de ma défiance initiale envers la membrane GTX. On prendra juste gare à ne pas les mettre par température supérieure à 5°C, car la respirabilité n’est pas excellente et on risque d’avoir très chaud aux pieds.
Conclusions
Jeremy:
En dépit de son apparence pataude, d’un choix de couleur assez malheureux (c’est personnel), et une première sortie assez peu convaincante, les PUMA Voyage GTX ont doucement trouvé leur place au fil des sorties. La souplesse, l’amorti moelleux et dynamique, et le confort général en font une chaussure qui sera parfaite pour empiler les kilomètres bien au chaud lors des journées les plus fraîches, tout en pouvant être sans souci utiliser pour se balader sans courir.
Score: 8.9/10
Course: 8 (30%), Chaussant: 8(30%), Rapport Q/P: 9 (10%), Style: 7 (5%), Traction: 9 (15%), Protection: 9.5 (10%)
Comparisons
Lien du test original en anglais ICI
Index des tests RTR: ICI
Saucony Endorphin Trail (RTR Review)
L’Endorphin Trail m’a pas mal déçue: la chaussure est lourde, et le fait bien sentir, bien plus que la Voyage GTX qui pèse autant tout en étant très rigide. La technologie SpeedRoll ne se montre utile que sur les terrain très faciles, roulants, et devient plutôt handicapante dans les passages un tant soit peu techniques.
J’ai aussi peu apprécié le comportement de la mousse PEBA, bien trop rebondissante, et peu sécurisante quand on cherche à maîtriser la pose de pied.
Bref, elles me font toujours penser à de gros sabots avec des crampons, impression renforcée par le fit bien trop serré en dépit des kilomètres effectués avec.
Et malgré le dessin agressif de ses crampons, les PUMA proposent une meilleure accroche dans à peu près toutes les conditions sauf très boueuses.
La Voyage sera plus polyvalente, confortable, et agréable à courir, le tout pour un prix bien moindre.
Salomon S/Lab XA Alpine 2 (RTR Review)
C’est ma chaussure d’hiver par défaut, utilisée le plus souvent quand je pars en station avec l’intention d’y courir.
C’est plus une chaussure de montagne vraiment dédiée à la neige, et donc plus spécialisée que la PUMA.
Le chaussant de la Salomon est excellent et vraiment orienté “performance”: c’est en fait une Slab Sense à l’intérieur d’une enveloppe protectrice avec guêtre intégrée et une grosse semelle assez rigide.
Sur la neige, molle, dure, glacée, la Salomon sera bien évidemment plus à son aise. Mais ça reste un outil très spécialisé là où la Puma GTX pourra servir à peu près partout - y compris dans la neige tassée.
Saucony Xodus 11 (RTR Review)
La Xodus 11 fut une excellente surprise - que j’ai bien plus appréciée que l’Endorphin Trail de chez Saucony. Plutôt confortable, une accroche excellente, pas si lourde compte tenu de la protection assurée, en restant efficace quand on hausse le ton, plus que la Puma par exemple. La tige est simple, sans artifice et maintient parfaitement bien le pied.
En dehors de l’utilisation par grand froid où la Voyage GTX sera utile, j’ai trouvé la Xodus 11 plus agréable
Tester Profiles
Jeremy MARIE, French, 40y/o. Running since 2013 and quickly transitioned to trails, focused on ultras since 2015 : TDS, Maxi-Race, “100 miles du Sud”, 90kms du Mt Blanc, GRP 120kms, Some shorter mellow races (Saintelyon 45kms, Ecotrail Paris 45kms…) with always in the mix road and flat running, but not many road races. Recovery/easy runs ~4’45/km - 4’30/km
Les produits testé fourni gratuitement par Puma
Les avis exprimés sont ceux des auteurs et n’engagent que eux.
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