Test par Jeremy Marie
ASICS Fuji Speed 2 (180€)
Introduction
Dans le monde du trail, Asics est surtout connu pour l’emblématique Trabuco, qui en est à sa 12eme itération cette année. Un modèle plutôt passe-partout, assez lourd, très traditionnel en un sens, mais qui reste une valeur sûre. Si bien qu’Asics ne dispose pas d’une image très « technique » ou « performante » dans le domaine. Malgré tout, la marque japonaise dispose d’une team trail Élite, avec en tête Stian Angermund et Maude Mathys, ainsi qu’un certain Dorian Louvet, ancien de Koh Lanta, comme…Mathieu Blanchard côté Salomon, et à vu passer par exemple Xavier Thevenard…on a vu pire comme groupe.
De la même manière, coté équipements, on trouve pas mal de modèles axés performance, en particulier cette Fuji Speed 2, refonte quasiment complète de la première version. Conçue pour aller vite en terrain technique, la Fuji Speed 2 se veut légère, dynamique grâce à la combinaison d’une plaque carbone et de la mousse FF+, précise tout en restant confortable. C’est un peu la quadrature du cercle en somme.
J’avais été assez partagé sur la première TrabucoMax, mon expérience la plus récente en trail chez la marque, aussi j’étais curieux de voir ce que ce nouveau modèle propose.
Pour:
Bon compromis dynamisme/confort
Légère, protectrice, adaptée au court comme au long (jusque 60-70k, raisonnablement)
Accroche polyvalente et irréprochable
Stable surtout sur la partie avant.
Contre:
Le chaussant est un peu long et étroit à l’avant.
Amorti au ressenti un peu sec, sûrement dû à la position de la plaque proche du pied.
La languette qui demande pas mal d’attention pour ne pas faire de plis.
Moins de stabilité à l’arrière du pied.
Statistiques
Poids de l’exemplaire testé: 263g (44.5EU / 10.5US)
Stack : 35 mm talon / 31 mm meta ( drop 5mm)
180€ Disponible
Tous les tests RTR ICI
Premières impression, chaussant, empeigne
À l’ouverture de la boîte, il ne fait aucun doute que la Asics Fuji Speed 2 est faite pour avaler les chemins à grande vitesse. Le choix des couleurs, l’aspect très racé de la chaussure, les crampons, la finesse de la tige et la légèreté de la chaussure malgré un stack apparemment élevé marquent clairement la destination du modèle.
L’empeigne est réalisée en un mesh tissé très fin, aéré, et souple. Malgré sa finesse, il semble assez résistant, ce qui explique sûrement son aspect un peu rêche en dépit de sa souplesse. Le pare-pierre TPU minimal à l’avant du pied n’offrira que peu de protection.
On retrouve de nombreux inserts sur les parties latérales afin d’apporter un peu de structure et de tenue au pied, qui viennent seconder dans cet effort la fine languette construite « en soufflet ».
Si celle-ci tient très bien en place, je l’ai trouvée particulièrement difficile à bien positionner: elle forme facilement des plis, assez délicats à faire disparaître.
En dehors de ce défaut, une fois en place, elle ne bouge absolument pas et protège bien le pied de la pression des lacets.
Les lacets sont très fins, et rugueux, très proches de ceux que l’on trouve sur la MetaSpeed Edge par exemple, ou sur les Alphafly. Cela peut sembler étonnant sur une chaussure de trail, mais force est de constater que cela fonctionne très bien sur le terrain: le laçage est sûr, ne demande pas beaucoup de réglages et assure un excellent maintien du pied.
J’apprécie la boucle élastique positionnée en milieu de languette qui permet de plaquer les lacets. Simple et efficace.
À l’arrière, la Fuji Speed est beaucoup plus « construite », ce qui contraste fortement avec la finesse de la partie avant. La coque au talon est généreusement rembourrée, tout comme le collier de pied. Le résultat est plutôt confortable, et efficace: le talon est calé et ne bouge pas du tout, en conservant un contact confortable avec le tendon d’Achille. La boucle présente ici permet de faciliter l’enfilage de la chaussure, c’est pratique, sans être indispensable car l’ouverture est suffisamment généreuse pour y glisser le pied sans difficulté.
Justement, une fois les chaussures aux pieds, le caractère « racing » de la Fuji Speed 2 se fait vite ressentir. Le chaussant est assez étroit, et semble un peu long. La toebox n’est pas très large, mais offre un espace juste suffisant. Sa forme un peu trop pointue est néanmoins loin d’être conforme à la courbure naturelle des orteils, plus ronde. C’est un choix un peu étonnant.
La forme générale est plutôt fine, mais pour autant je n’ai pas eu de réel inconfort ou point de pression. Simplement un chaussant qui ne suit pas la forme du pied et se retrouve un peu à cheval entre une chaussure étroite mais proche du pied et stretch comme la Slab Pulsar par exemple, véritable bête de course mais moins confortable et plus étroite que la Fuji Speed 2, et un modèle moins typé et qui chercherai plus le confort comme une Pegasus Trail par exemple.
Il aura fallu quelques sorties, et que le mesh gagne un peu de souplesse pour m’y trouver un peu plus à l’aise, sans jamais vraiment que « la chaussure ne disparaisse », pour reprendre l’expression usuelle. Quoiqu’il en soit elle reste confortable, et peut-être que ce compromis du chaussant entre le côté « perf » et le confort s’avérera payant une fois en mouvement.
Semelle intermédiaire
La semelle est constituée d’une épaisse couche de mousse FF Blast+ dans laquelle une plaque carbone est insérée en partie haute (proche du pied) sur toute la longueur. Cela permet à la fois de stabiliser les appuis sur les 35mm de mousse au talon, et d’apporter pas mal de dynamisme sur les appuis à l’avant en plus de guider un peu le déroulé du pied sur ce modèle au drop de 5mm.
Ce passage sur la mousse FFBlast+ constitue l’une des nouveautés de cette seconde édition. C’est la même mousse que celle qu' on trouve sur la Magic Speed 3, dont cette Fuji Speed 2 serait un peu l'alter ego trail. Cette mousse apporte pas mal de rebond et complète bien la plaque carbone, tout en restant assez stable, prévisible. La semelle remonte un peu sur les côtés du pied, à l’instar d’un baquet, afin de mieux caler le pied.
L’ensemble paraît assez rigide sur les premières foulées, ce qui est un peu étonnant compte tenu de l’épaisseur de mousse et de sa de site au toucher. La plaque carbone proche du pied n’est probablement pas étrangère à ce ressenti.
La bonne nouvelle est que cette impression disparaît rapidement passés les premiers kilomètres, et l’on arrive à un compromis que j’apprécie beaucoup entre la fermeté, le rebond et la protection du pied.
Semelle externe
Le profil des crampons de 4-5mm se veut polyvalent, et c’est précisément ce que j’ai pu constater lors de mon essai. La saison ayant été assez changeante, j’ai pu courir sur du sol varié (terre, gravier, pierres, racines) qui a été successivement sec, humide, détrempé, boueux, recouvert de neige et de verglas.
Et dans toutes ces conditions, en dehors de la boue la plus épaisse, la semelle et surtout la gomme ASICSGrip ont fait montre d’une adhérence irréprochable. On met souvent en avant les semelles Vibram, mais pour moi Asics tient là une formulation qui soutient la comparaison sans ce côté un peu sec et claquant de la marque italienne. La forme en trièdre des crampons est efficace y compris dans les dévers, avec toujours évidemment ce petit bémol dans la boue, comme toutes les chaussures généralistes.
Côté durée de vie c’est là aussi du tout bon, puisque je ne retrouve aucune marque d’usure après quasiment 100 km parcourus.
Expérience de course, conclusion
Je l’ai mentionné plus haut, les premières foulées sont un peu déstabilisantes. Entre le chaussant qui semble assez étroit et se conforme peu au pied, la fermeté de la semelle, il m’aura fallu une trentaine de kilomètres pour mieux apprécier ce modèle.
Le temps pour la tige et la semelle de s’assouplir un peu.
J’avais peu apprécié le rebond trop marqué de la Trabuco Max à l’époque, et je trouve que la recette de la mousse et de la plaque fonctionne bien mieux ici. On reste en contrôle même dans les descentes rapides, pour peu que le terrain ne soit pas trop accidenté. Là on arrive, je pense, aux limites des chaussures avec une plaque carbone qui restent rigides et peu flexible. Ou alors aux limites de mes dispositions sur ce type de terrain, ce qui est possible aussi. Quoiqu’il en soit ce ne sera pas le modèle le plus accessible pour ce type de parcours.
Pour le reste en revanche, la Fuji Speed est particulièrement efficace. L’attaque médio-pied est plutôt à favoriser car cela outrepasse la légère instabilité du talon et permet de rapidement compresser la mousser et « charger » la plaque carbone. À la clef, le déroulé du pied est particulièrement facilité et la propulsion très efficace.
J’avais pas mal apprécié ce type de chaussure sur la Scott Ultra Carbon, et là on est clairement à un niveau de dynamisme bien plus haut…et près de 50g de moins par chaussure.
Les chemins forestiers sont un réel plaisir à engloutir et la chaussure pousse à augmenter l’allure. Le comportement sain, la réactivité, l’accroche et la légèreté rendent la chaussure très grisante. Comme souvent avec ce type de modèle, l’engagement du coureur est récompensé par une propulsion encore plus efficace: plus on augmente l’allure, plus le retour est important.
En côtes, la Fuji Speed se révèle très efficace aussi: merci la plaque carbone qui fait valoir son effet propulsif.
Malgré son orientation racing, je ne trouve pas que ce modèle soit à réserver aux courses ou aux coureurs les plus rapides. Je l’ai emmenée sur un footing trail de 2h30 sans encombre, sans avoir l’impression de buter contre la chaussure. Elle sera donc aussi tout à fait adaptée pour les séances d’entraînement pour les coureurs à la recherche d’une chaussure légère, avec du grip, à même de répondre aux sollicitations. D’autant que la durée de vie me semble être excellente: semelle et tige ne présentent aucune trace d’usure pour le moment. De quoi amortir le prix de 180€ - ce qui la positionne toutefois comme une des trails à plaque carbone les moins chères du marché.
Score: 9 / 10
Sensation de course (50 %) : 9.2 Ajustement (30 %) : 8 Rapport qualité-prix (15 %) : 9 Style (5%) : 9
Score de fun
😊😊😊😊😊
4 Comparaisons
Lien vers les test RTR: ICI
Scott ultra Carbon RC (test RTR)
La Scott serait la version Ultra (c’est écrit dessus!) de la Fuji Speed 2. Plus lourde, plus épaisse (semelle et empeigne), plus robuste. La mousse utilisée a aussi moins de rebond. Deux chaussures un utilisations fort différentes en somme, qui pourraient être complètementaires et qui se ressemblent simplement par la présence d’une plaque carbone.
Salomon Pulsar Pro (test RTR)
Un modèle très proche de la Fuji Speed 2. Munie d’une « fourchette » et d’une mousse aux propriétés proches, la Pulsar Pro est un peu plus amortie, mais un peu moins dynamique. Plus stable, sont fit est bien meilleur, mais elle perd le match du grip. Elle sera un peu plus polyvalente, mais la Fuji Speed 2 sera plus dynamique, plus joueuse.
NNormal Kjerag (test RTR)
La Kjerag a une conception plus traditionnelle, classique, mais à pour elle son excellente stabilité grâce à une plate-forme ferme et un avant pied très large, une mousse très résiliante, et une excellente accroche grâce à sa semelle Vibram. Elle reste toutefois moins amortie que la Fuji Speed 2, dont la semelle extérieure dispose d’un grip comparable mais avec des crampons plus marqués, plus polyvalents. Le Kjerag tire ton épingle du jeu en terrain technique, et sur les allures plus lentes en ultra trail par exemple, quand la proportion de marche augmente grâce à son stack plus faible et à la largeur de sa semelle.
Nike Terra Kiger 8 (Test RTR)
La terra Kiger a pris de l’embonpoint au fil des modèles, et j’avais assez peu apprécié le dernier modèle testé (la 8). L’amorti Zoom Air à l’avant créait des point de pression désagréables sous le pied, l’accroche inexistante en terrain humide et son poids de 300g pour un amorti somme toute limité font qu’il n’y a pas de comparaison entre ces deux modèles.
Tous les tests RTR ICI
Merci à TOP4Running pour avoir fourni ce sample de test sans contrepartie.
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