Article par Jeremy Marie
Scott Speed Carbon RC (180€)
La Scott Speed Carbon RC, page officielle ICI est une chaussure plutôt faite pour les entraînements rapides, au tempo, équipée d’une plaque carbone. Cette dernière est fournie par la société Carbitex (qui fournissait déjà l’insert de l’adidas Adizero Pro), dans une déclinaison nommée DFX, pour Dynamic Flexible, censée réagir différemment que l’on court vite, et donc que l’on exerce une forte pression dessus, avec un retour de la plaque à l‘avenant, ou plus tranquillement où on appréciera une flexion plus prononcée de la plaque, afin de “civiliser” un peu la chaussure, au contraire des autres chaussures à plaque carbone du marché.
Le profil incurvé nommé ER2 (Enhanced Rocker 2) est le fruit de 12 ans de recherche et tests chez Scott, et la semelle intermédiaire est composée de deux couches de mousse Kinetic Light Foam, un mix d’EVA et d’Olefin (comme sur les séries Salomon Sonic), chacune dans une densité différente.
On est en présence d’une chaussure haute, mesurée à 35mm au talon et avec un drop de 5mm. On joue donc clairement dans la cour des modèles actuels très amortis (je n'ai pas dit mous!), assez peu souples, censés améliorer notre économie de course.
Mon exemplaire en 44.5 (10.5 US) pèse 265g, et est donc plus léger que les modèles similaires chez Nike (Tempo Next) ou New Balance (FuelCell TC).
Pour:
Profile incurvé très agréable, naturel
Rapport poids/amorti excellent
La plaque carbone Carbitex DFX fonctionne comme annoncée et s’adapte bien aux différentes allures en restant naturelle
Semelle externe accrocheuse, et relativement silencieuse.
Chaussure polyvalente, stable, au comportement dynamique et homogène. Un très bon choix pour les attaques medio et avant pied.
Un excellent choix pour les marathoniens moins rapides
Enfin une chaussure avec une plaque carbone pour les coureurs normaux!
Le prix! On est passé outre la taxe carbone!
Contre:
Le renfort de talon manque de rembourrage autour du tendon d’achille, et est un peu trop rigide par ailleurs.
Il faut aimer les amortis fermes, dense, sans véritable rebond comme ne proposent les mousses actuelles.
La languette pour enfiler la chaussure est inutile (ou alors...je n’ai pas compris comment l’utiliser!)
Le fit est assez généreux, et demande de l’attention pour le laçage, surtout avec peu d'œillets très espacés.
Le maintien du talon est limité - ne pas hésiter à utiliser le dernier oeillet des lacets, ou utiliser un laçage type “heel lock”
Statistiques
Poids:
Officiel: homme 240g (US9/EU42)
Exemplaires: homme US9/EU42.5 250g (247/252), 293 g US12/EU46,: 265g US10.5/EU44.5
Hauteur (officielle): 30mm talon / 25m avant pied
Hauteur totale mesurée (avec la semelle de propreté): 35mm talon, 30mm avant
Drop: 5mm
180€
Introduction
Scott est une marque Suisse plutôt connue pour ses production cyclistes (vélos et chaussures principalement) et de montagne, pour le ski., ayant aidé à populariser l’utilisation du carbone dans ces disciplines (cadres carbone, semelles de chaussure en carbone...etc)
Côté course à pied, c’est principalement leur gamme de trail qui était connue, sans pour autant faire partie des marques les plus en vue dans les pelotons, indépendamment de la qualité de l’offre.
Notre rédacteur en chef, Sam, a eu la chance de parler un peu avec le directeur Running de chez Scott pour que ce dernier lui explique la genèse de la Speed Carbon, éléments que je vais tâcher de vous partager maintenant.
Cela fait près de 12 ans que la R&D de la marque suisse travaille sur les mousses, inserts carbone et profils de chaussure (la forme incurvée ou non de la semelle) afin de concevoir un modèle qui limite les forces exercées sur les gros muscles (les quadris) lors de la course, et qui minimise la dorsiflexion et la flexion plantaire de la cheville (minimalistes convaincus, ne lisez pas ceci!)
Evidemment sur ce type de chaussure, l’idée n’est pas de faire travailler le pied, mais bien de l’économiser pour les séances longues et les (ultra)-marathons, c’est pourquoi ce genre de concept a tout son intérêt (on les retrouve d’ailleurs aussi chez Asics dans la MetaSpeed Sky et la gamme GlideRide)
Scott nomme ce profil de rocker ER2, pour Enchanced Rocker 2.
Deuxième nouveauté sur ce modèle, la mousse Kinetic Light foam, un mix d’EVA et d’Olefin, fourni par la société Dow qui équipe déjà les Salomon SOnic et Nike React (avec des réglages différents, évidemment).
Scott l’a voulue assez ferme (mais pas dure!) et dense, et l’a disposée en deux couches de dureté différente: la plus ferme côté route, et une un peu plus moelleuse, accueillante, du côté du pied au dessus de la plaque Carbitex.
Ce n’est pas une mousse avec du rebond comme on peut en rencontrer beaucoup actuellement, surtout dans les “super chaussures” (Nike Vaporfly ZoomX et consorts), mais plutôt un matériau...dense, dans lequel on ne s’enfonce pas, et qui reste très stable au fil des kilomètres - un des points visés lors de la conception.
Enfin, dernier élément particulier sur cette Speed RC: la plaque carbone, fournie par la société américaine Carbitex (qui a aussi fourni la plaque de la Adizero Pro mais pas celle de la Adios Pro 1 et 2, les Energy Rods), mais aussi des inserts carbon très flexibles pour des empeignes de chaussures de vélo - chez Scott entre autres). Cette plaque est un modèle de type DFX, pour Dynamic flexing: un insert qui réagira en fonction de la pression appliquée lors de la foulée: plus celle-ci sera appuyée (donc plus on haussera le rythme),plus la plaque retournera d’énergie, et inversement.
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De plus, la forme assez large à l’avant de cette plaque est censée apporter un surcroît de stabilité.
Personnellement, cette Speed Carbon RC est une double nouveauté: ma première Scott, et ma première chaussure dopée au carbone.
Premières impression
Ca flashe! La couleur jaune fluo saute aux yeux à l’ouverture de la boite, et les fins inserts noirs donnent une allure très “course” à ce modèle - ça tombe bien!
En considérant l’épaisseur de la semelle, on pourrait s’attendre à une chaussure plutôt lourde. Fausse impression car une fois en main, la chaussure ne semble pas si lourde, ce que confirme la pesée réglementaire: 265g pour mon 44.5. On tourne dans les sphères habituelles des trainers/racers classiques, mais avec ici un amorti conséquent, ainsi qu’une plaque de carbone à flexion dynamique, créee par Carbitex: plus on appuie, plus l’insert se rigidifie pour augmenter le retour d’énergie - et a contrario, il sera plus souple sur le rythmes plus posés. L’idée étant d’avoir une chaussure qui convient aussi au coureurs moins rapides, en leur faisant bénéficier aussi de l’aide apportée par ces plaques carbone. Ca, c’est la théorie, nous verrons plus loin si la mise en pratique s’avère concluante.
J’adore le design passe pas-partout de la chaussure. Aucune risque de la confondre avec autre chose qu’une running - et pas une pour se traîner sur le bitume qui plus est! Le mesh semble qualitatif est extrêmement fin, plutôt agréable à toucher.
La chaussure est facile à enfiler, non pas grâce aux petites excroissances ajoutées par Scott, dont l’utilité me semble toute relative, mais parce que l 'ouverture pour passer le pied est généreuse, au contraire par exemple des Craft CTM Ultra. Le pied glisse tranquillement à l’intérieur pour s’y installer confortablement.
Car oui, on a de la place dans la Speed Carbon, surtout pour nos orteils, et le maintien ne semble pas affecté: c’est agréable.
En marchant, le profil incurvé, bien que très prononcé, se révèle moins gênant qu’attendu, en particulier parce qu’il arrive assez tardivement dans le déroulé du pied. On a donc une zone du talon au medio-pied relativement plate, la courbe ne se formant que sur le dernier tiers avant.
Petit bémol au niveau du talon, dont le maintien est insuffisant. Utiliser le dernier œillet ou mettre en place un laçage type heel-lock amoindri le phénomène, mais ce n’est pas encore idéal.
Le contrefort est un peu trop rigide, et les petits coussinets censés maintenir le tendon d’achille ne jouent pas pleinement leur rôle.
Certains de mes collègues (RTR English Multi Tester Review) ont aussi eu un petit souci avec deux petits renfoncements sur ce coussinet leur générant une gêne à la course
En termes de longueur, mon 44.5/ 10.5US habituel taille bien, faisant partie des modèles les plus longs pour cette pointure.
L’empeigne
La tige est tout à fait dans la mouvance actuelle des empeignes très fines, conçue ici avec un un mesh très aéré, presque transparent, qui semble fait de TPU.
Il peut sembler un peu rugueux de prime abord, mais est en réalité assez doux, même s' il n'invite pas à se passer de chaussettes. Il est plus souple et doux - mains un peu plus épais, que celui des S/Lab Phantasm, par exemple.
Ce type de matériau est parfois critiqué comme étant un peu trop rigide, pouvant se plier et créer des points de friction quand on serre les lacets, mais je n’ai pas rencontré de problème à ce niveau.
L’avant de la chaussure est totalement souple, en dehors de la fine ligne noire qui traverse le coup de pied et suit la protection d’orteil.
En y regardant de plus près, on peut voir que cette ligne est doublée d’une mince couche de thermoplastique qui se fond dans le renfort d’orteils, avant de continuer vers l’extérieur du pied pour rejoindre la même couche translucide.
Cela apporte un tantinet de tenue au mesh à l’avant du pied, de façon très discrète et peu sensible.
Ca donne aussi un peu de cachet à la chaussure en cassant ce bloc jaune fluo en souligna tla silouhette de la Speed Carbon.
Pour une chaussure “ de course”, la boite à orteils est bien large, sans excès et laisse les orteils prendre leur place sans les contraindre - testé et approuvé sur une sortie de près de 3h.
Et quoi de mieux que d’avoir de la place pour nos orteils, si ce n’est d’avoir en plus un bon maintien du coup de pied, évitant à celui-ci de trop bouger lors des phases d’appui et des virages.
Et la Scott assure de ce côté là.Le coup de pied est bien maintenu, l’empeigne l’enveloppe bien sans le serrer avec excès grâce à un fit un peu plus large que la moyenne, et malgré une présence minimale de renforts ou d’inserts. En ce sens, elle me rappelle pas mal la Craft CTM, mais avec une chaussant plus proche du pied, ce qui pourrait convenir à ceux craignant de se sentir perdu dans l’énorme volume de la suédoise.
Sur le côté externe, un insert noir vient soldifier la liaison entre la semelle et l’empeigne, tout en apportant un peu plus de tenue au pied.
On retrouve une conception similaire sur la face interne, où l’insert vient rejoindre le contrefort de talon
La languette, très fine, est maintenue par une construction en gousset partiel, et Scot a eu la bonne idée d’ajouter une surcouche de matière aux endroits de pression des lacets, protégeant le pied de tout point de pression.
Sur la partie haute de la languette, deux petites encoches lui permettent de parfaitement s’adapter à la forme du pied, là encore sans pression excessive ni frottement.
On retrouve un souci du détail propre aux fabrications helvètes.
J’ai un pied plutôt volumineux, et je trouve donc le chaussant de la Speed Carbon vraiment agréable, et parvenant à associer maintien et confort avec un minimum de matériaux.
La légèreté et l’absence de structure collent aussi pas mal à mes préférences, même si cela est toujours un exercice périlleux avec des épaisseurs de semelles substantielles comme ici.
On retrouve la même générosité du chaussant du côté du talon, mais avec un peu moins de succès.
Le renfort de talon n’est pas fait d’une coque en plastique, mais ressemble plutôt à insert plus rigide, avec deux petits coussinets autour du tendon d’achille pour maintenir celui-ci, comme déjà vu chez Salomon avec les Sonic ou Phantasm, ou la Craft CTM entre autres.
Cet insert rigide est surmonté d’une petite épaisseur de tissu ressemblant à du daim, très souple, qui sera au contact des chevilles afin d’éviter tout frottement ou inconfort à ce niveau - avec succès.
On retrouve aussi une tirette dans la même matière, située sur le côté extérieur du talon, que j’ai pas réussi à utiliser efficacement. J’ai plutôt tendance à tenir la face interne du talon quand j’enfile mes chaussures, et là cette excroissance ne tombe pas sous la main.
Malgré tous ces éléments, le maintien du talon n'est pas irréprochable. Au premier essai, avec un laçage classique, mon talon bougeait excessivement, que ce soit en marchant ou en courant.
J’ai donc décidé d’utiliser le dernier œillet, ce que je n’aime pas trop faire car cela me crée souvent une pression supplémentaire sur le coup de pied. Cela a amélioré la tenue du talon, mais qui restait assez limite.
Une laçage de type Heel Lock (on fait une boucle de chaque côté entre les deux derniers œillets, et on y passe le lacet opposé) est ce qui a donné les meilleurs résultats.
Je pense que la forme un peu trop ouverte de l’insert au talon est la principale cause de ce manque de maintien, et un très léger ajustement de la part de Scott pourrait grandement améliorer les choses.
Semelle intermédiaire
Jeremy: La semelle intermédiaire est composée de deux couches de mousse Kinetic Light Foam, de densités différentes, qui prennent en sandwich la plaque carbone DFX, que l'on peut deviner à travers les découpes de la semelle.
On sent clairement cette différence de dureté en appuyant sur la semelle avec le pouce, mais cela se ressent aussi en course.
La partie haute de la semelle, un peu plus souple, apporte du confort lors de l’impact, aidé par la semelle de propreté. Ce chouïa de moelleux en sus est appréciable pour contre-balancer nu peu avec la fermeté de la partie basse de la semelle, qui elle s’avère être très dense (je n’ai pas dit dure!), avec peu de rebond.
Étant fournie par la même société que la mousse Optivibe chez Salomon, et ayant une bonne expérience de cette dernière, je peux affirmer que la version utilisée chez Scott est bien plus ferme, moins rebondissante (ce n’était déjà pas une caractéristique phare de la série des Salomon Sonic). Et l’insert carbone doit encore amplifier ce sentiment.
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Mais cette sensation un peu étrange en marchant, se révèle tout à fait convaincante en courant.
Sur des allures plus faibles, autour de 5’30/km et au-delà, la Speed Carbon n’a rien de particulier. Elle semble un peu “plate”, sans énergie, et j’ai bien du mal à faire fonctionner le couple Rocker + plaque de carbone. C'est la densité de la semelle qui est plus à mettre en cause ici selon moi, et surement aussi le fait d'attaquer un peu plus en arrière du medio-pied sur ces allures moins habituelles: on passe alors par la zone un peu plate entre le talon et l’arche, comme une zone morte dans le déroulé du pied.
En haussant un peu l’allure, et en reprenant une foulée un peu plus naturelle, la chaussure commence à s’éveiller. Le profil ER2 devient enfin efficace en favorisant le déroulé depuis le medio-pied jusqu’aux orteils, d’autant que j'atterris au-delà de la fameuse zone morte évoquée. Du coup même sur des allures d’endurance classiques, je ressens vraiment une propulsion, ou plutôt un accompagnement sur la fin du déroulé du pied, sans demander beaucoup de travail à celui-ci, et cela permet d'enchaîner le kilomètres avec une économie de course assez bluffante.
En accélérant encore, à partir de 4’30/km et plus rapide, je commenc eà sentir plus nettement l’impact de la plaque carbone, qu is’était habilement faite oublier jusque là, suivant parfaitement l'idée derrière sa conception.
La propulsion apportée par celle-ci, couplée à l’avant de la chaussure très incurvé, et la semelle dense, rendent la foulée très fluide, facile, et de plus en en plus dynamique et réactive au fil de l’accélération.
La protection des impacts au sol et l'absorption des chocs est étonnante, tant ceux-ci sont atténués, étouffés. Sur des sorties courtes, on n’y prêtera pas forcément attention, mais pour avoir couru un marathon en off avec, c’est quelque chose de très appréciable passé les 30kms de route.
Etant ma première chaussure “au carbone”, et en dépit de mes craintes quant à l’absence de flexibilité et de polyvalence, je dois dire que j’ai été surpris de voir le panel d’allures sur lequel la Scott s’en sort bien.
Le seul petit point d’ombre (léger) vient du relatif déséquilibre entre le poids de la semelle (des deux couches de pousse et de la plaque) et la tige, extrêmement fine et légère. On ressent un peu plus le poids de la semelle et cela place la chaussure plutôt comme une berline puissante mais très souple que comme un bolide prêt à décoller à la première sollicitation de l’accélérateur.
Semelle externe
Jeremy: La gomme utilisée est un peu souple, ce qui apporte une subtile touche de souplesse lors de l’impact, en plus de minimiser le bruit des foulées.
Cette souplesse implique aussi une très bonne accroche sur route, que ce soit sèche ou humide et je n’ai jamais eu un souci de glissade y compris sur de virages pris rapidement ou avec des appuis moins francs sur des jambes fatiguées.
Le motif utilisé pour placer les couches de gomme sont assez classiques, avec une partie principale sur tout l’avant pied, et une plus petite sur la partie externe du talon.
Le reste de la semelle expose la mousse de la semelle intermédiaire.
Si les parties jaune semblent être durables, j’ai un peu plus de doutes sur les parties exposées, qui se retrouvent faiclment en contact du sol à cause d’une couche de gomme assez fine par ailleurs. J’y remarque de légers signes d’usure après un peu plus de 30 kms.
Sur des chemins secs, en graviers, la semelle fonctionne aussi très bien - et je n’ai pas réussi à coincer de cailloux dans les trous exposant la plaque de carbone.
Experience de course
Jeremy
“Dense” est un mot que j’ai déjà utilisé plusieurs fois dans ce test, mais c'est vraiment la sensation qui ressort le plus à la course. Pas ferme, ni dure, mais vraiment dense, avec un rebond minimal, qui va du vraiment trop plat quand on atterrit sur le talon à des allures trop faibles, à une dynamique très appréciable en haussant le rythme et en attaquant médio pied.
A la lecture des caractéristiques de la chaussure (drop faible de 5 mm, profil incurvé très en avant, plaque en carbone), cela semble plutôt logique.
En attaquant du talon, la partie plus plate de la chaussure sur le tiers arrière viendra “casser” le déroulé en faisant passer par un point mort, chose évitée sur les chaussures avec un drop plus haut (comme...les autres chaussures “plaquées”), avec un chanfrein au talon...ou les plus flexibles.
Mais en attaquant à plat, au milieu du pied, à des allures un peu plus enlevées, on bénéficie de toute la réflexion faite sur la Speed Carbon RC, et ce pour quoi elle a été conçue: les allures de 15-16 km/h jusqu’à 12 km/h.
Au plus on accélère, au plus la chaussure est efficace, grâce à la force supplémentaire que l’on applique à la mousse dense, qui a besoin de ce surplus de pression pour se réveiller, et à la plaque de carbone qui permet d’accompagner cet effet en l’amplifiant.
En faisant ça, on “charge” l’avant de la chaussure, qui répond avec une agréable propulsion vers l’avant, pas brutale, pas exagérée, tout à fait homogène à l'énergie appliquée. J’aime ce comportement très sain, prévisible, qui nous laisse quand même sous contrôle de la foulée malgré la conception. La chaussure nous accompagne simplement en nous poussant vers l’avant.
Sur les quelques sorties effectuées, les chiffres relevés avec mon capteur Stryd semblent attester d’une puissance moindre pour une allure similaire avec d’autres chaussures, en tournant autour de 280W pour une sortie réalisée à 4’15/km, alors que je suis plutôt autour de 290W pour ces allures avec d’autres chaussures.
Autre aspect visé par Scott, la stabilité. Rien à dire de ce côté là. La plateforme relativement large (bien moins que la Craft CTM Ultra (RTR Review) , qu iest près de 8 mm plus large à l’avant pied pour un talon équivalent), la densité de la mousse et l’insert en carbone jouent parfaitement leur rôle respectif, et la chaussure apporte un soutien de premier ordre quand les jambes commencent à fatiguer. Le pied ne s’enfonce pas dans la mousse comme pour les modèles plus moelleux et plus rebondissants. Je trouve personnellement ce type de comportement beaucoup plus sain, la réaction de la chaussure est plus prédictible, et beaucoup plus durable aussi: une mousse qui s'affaisse peu durera plus longtemps.
Par contre, sur les allures plus rapides, du type allure de 5km et plus rapide, la chaussure perd en efficacité. Son poids se fait plus sentir, tout comme la répartition de celui-ci principalement sur la semelle. Peut-être que ma foule sur ces allures n’est pas idéale aussi: j'atterris très en avant, et probablement déjà au lieu de la courbure de l’avant, annihilant un peu son apport et ne chargeant pas assez la plaque.
Malgré cela, si on s’en tient aux rythmes pour lesquels elle a été faite, donc depuis l’endurance jusqu’ à des allures de semi-marathon, la Speed Carbon assure, est protectrice, et efficace.
Conclusions et recommandations
Jeremy: Je pense que le principal problème dont va souffrir la Speed Carbon vient de son nom. Appeler “Speed Carbon” une chaussure conçue pour les allures intermédiaires risque de créer un peu de confusion chez les coureurs. Scott a sciemment visé ces allures, ne voulant pas aller se confronter aux mastodontes que sont Nike et Adidas dans une moindre mesure dans la catégorie des “super chaussures”. Personnellement, je la porterai sans hésiter sur un marathon que j’envisagerai de courir sous les 3h.
C’est une position intelligente de la part de la marque suisse, et elle permet d’étendre un peu l’offre de ce type de chaussure aux coureurs moins rapides, qui trouveront là un modèle plus agréable à faible allure que les stars actuelles plutôt destinées aux coureurs très rapides, et peu durables.
J’aime beaucoup le comportement très prévisible de la semelle intermédiaire, sans rebond excessif, avec son caractère dense qui ne s’affaisse pas et apporte de la stabilité sur les sorties au long cours.
La protection des impacts est bluffante, et la plus efficace que j’ai rencontrée jusque lors.
Au final, Scott livre ici un modèle au chaussant confortable et au maintien efficace, si ce n'est un petit écueil au niveau du talon, qui pourra avaler les kilomètres sans souci, que ce soit en endurance, à allure marathon, semi-marathon et un peu au delà, avec une protection qui ravira vos jambes.
Couplez-la avec une paire pour les sorties très cool, peut-être plus flexible pour continuer à faire travailler votre pied, et éventuellement une paire de “Super chaussure” type Adios Pro 2 ou Vaporfly qui pourront apporter un petit plus en courant au-delà de 16 km/h...
Score: 8.65/10
Course 8.8 (50%) Chaussant 8.5 (30%) Valeur 8.5 (15%) Style 8.5 (5%)
Comparison
Craft CTM Ultra (RTR Review)
Épaisseur similaire, poids similaire (la Scott pèse 20g de moins), tige ultra-souple similaire, on dirait deux soeurs, mais avec un comportement très différent.
La CTM parvient à offrir un déroulé fluide et agréable aux allures élevées, comme la Speed Carbon, mais ave une semelle un peu plus moelleuse, un peu plus flexible, et avec un peu plus de rebond, la rendant plus marrante à courir, plus joueuse. La mousse plus dense de la Scott, sa plaque carbone, en font une chaussure plus protectrice, plus efficace, mais moins fun.
Je pense que la Scott sera plus à son aise sur les longues distances grâce à ce caractère plus droit et plus ferme. L’accroche sur le sec est meilleure sur la Scott, et c'est bien sûr encore plus vrai sur route humide où la Craft reste toujours une vraie savonnette.
Le choix n’est pas facile. J’aime beaucoup la Craft, ses petits défauts et son caractère plus joueur, mais la rigueur suisse de la Scott en font un modèle particulièrement efficace, et je trouve qu’elle se tient mieux sur les allures plus rapides (au-delà de 4’/km). Le chaussant de la Scott conviendra à plus de pieds aussi.
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